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Crise économique : quelles options pour l’Algérie ?

Crise économique : quelles options pour l’Algérie ?

Pour faire face à la crise économique que traverse l’Algérie depuis 2014 à cause de la chute des prix du pétrole, l’État n’avait que deux options, selon l’économiste Nour Meddahi : l’endettement ou les réformes.

« Il y avait deux choses à faire, soit des réformes, soit trouver de l’argent pour maintenir la croissance et après il y a tout le continuum entre les deux », a-t-il déclaré au micro de Radio M, ce dimanche 17 juin.

La dette interne préférable à l’externe

Pour ce qui est des réformes, le professeur Meddahi ne les voit pas venir. Quant à l’endettement,  il est préférable, selon lui, pour l’Algérie d’opter pour la dette interne qu’externe.

« Si on emprunte à l’extérieur, ça sera des dollars qu’il faudra rembourser en dollars mais si on emprunte en dinars, l’État remboursera en dinars, si ça se passe mal, si les choses déraillent, il vaut mieux de la dette interne qu’externe », a-t-il détaillé.

Pour étayer sa thèse, le professeur Meddahi s’appuie sur l’histoire économique de l’Algérie, notamment les années 90 où la dette algérienne était à son plus haut.

« Il faut convoquer l’histoire, entre 1986, et 1992 – 1993. La dette n’avait presque pas changé à un ou deux milliards près, mais en termes de parts de PIB, en 1986 elle était de 38% et en 92 elle est arrivée à près de 75% », un fait qui est dû selon Nour Meddahi à la dévaluation du dinar. « Lorsque les choses se sont mal passées, il a fallu dévaluer le dinar, et donc la part de la dette extérieurs en termes de PIB a augmenté », a-t-il détaillé.

La planche à billets : remède efficace mais à petite dose

Le professeur Meddahi a rappelé avoir soutenu la planche à billets qui est une forme d’endettement. Mais, selon lui, il y a eu des excès dans sa mise en œuvre.

« La différence entre ce qui était prévu et ce qui est passé dans la Loi de finances 2018 est de 1700 milliards, c’est un énorme montant que je ne soutiens pas », a-t-il indiqué, expliquant que : « S’il y a un patient malade, il va voir un médecin qui lui donne un médicament et lui dit vous allez prendre un comprimé de ce médicament et que finalement le patient prend trois comprimés, c’est le problème du patient pas celui du médecin ».

Pour l’économiste, la Loi de finances 2018 a permis une augmentation « énorme » des dépenses de 1700 milliards de dinars, alors qu’un « effort majeur a été fait en 2017 », selon lui.

Un déficit moindre grâce au rebond des prix du pétrole

« Il y a une embellie. La bonne nouvelle dans tout ça c’est que la Loi de finances pour 2018 a été faite sur un baril à 50 dollars. En ce moment il est à 73 ou 74, la moyenne sur 2018 est à 70,8 dollars le baril, donc il y a 20 dollars par baril qui sont en train de rentrer dans les caisses du pays, c’est beaucoup d’argent », a affirmé Nour Meddahi.

Ces gains supplémentaires sont, avec le prix actuel du pétrole, de 7 milliards de dollars de recettes fiscales et de 10 milliards de dollars de plus en réserves de change, selon l’économiste, ce qui permettrait d’obtenir un déficit inférieur à celui qui était prévu par la Loi des finances.

« La Loi de finances avait prévu à peu près 1900 milliards de déficit budgétaire, avec les chiffres que je vous ai dits, nous serons à 1100 milliards », a-t-il indiqué.

Les effets de l’embellie pétrolière se feront également sentir sur les réserves de change également.

Pour le professeur Meddahi, « la décrue se poursuit mais à un rythme moins rapide si on en reste là pour le prix du baril et la dette publique qui augmente ».

Le dinar toujours surévalué

Pour le professeur Meddahi, le taux de change du dinar algérien « est encore surévalué ». « En juillet dernier, il devait être entre 130 et 150 mais le prix du baril était à 50 maintenant il est à 70, donc la vraie valeur elle a baissé mais il reste surévalué », a-t-il indiqué.

Le marché parallèle des devises pose problème selon l’économiste pour qui « il faut s’attaquer au marché noir, un pays ne peut pas continuer à laisser faire le marché parallèle ».

Mais le problème du change officieux ne sera pas réglé par l’instauration de la convertibilité intégrale du dinar, selon le Pr Meddahi, car, d’après lui, si le dinar devient intégralement convertible, « à court terme, il y aurait une fuite de capitaux monstrueuse ».

Mettre un terme au marché parallèle des devises apporterait « deux gains » à l’économie algérienne selon le Pr Meddahi.

Le premier est qu’ « on passerait l’argent par les circuits officiels » et le deuxième est qu’on « lutterait contre les surfacturations ».

Avec la disparition du change parallèle ou même une diminution de l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle, « il y aurait des marges beaucoup plus faibles », selon l’économiste pour qui, dans ce cas, « la surfacturation ne vaudrait plus la peine ».

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