Interrogé par un député sur l’affaire des biens immobiliers exploités par la France en Algérie, un autre dossier qui fâche dans un contexte de grave crise entre les deux pays, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français a apporté une réponse énigmatique.
Alors que l’agence de presse officielle algérienne APS a fait état le 16 mars dernier de la convocation de l’ambassadeur de France en Algérie à ce sujet, le Quai d’Orsay affirme qu’une telle convocation n’a pas eu lieu et que les autorités algériennes n’ont jamais notifié leurs homologues françaises à propos de ces biens. La diplomatie française a toutefois reconnu que la question est régulièrement évoquée entre les deux parties.
Dans une dépêche datée du 16 mars 2025, l’APS a rapporté que le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour « mettre sur la table » le dossier « trop longtemps ignoré » des biens immobiliers que la France exploite en Algérie.
L’agence algérienne a fait état d’ « un traitement pour le moins asymétrique entre les deux pays » concernant les biens immobiliers exploités par la France en Algérie, au nombre de 61.
La dépêche a cité le siège de l’ambassade, d’une superficie de 14 hectares et dont le loyer est « si insignifiant qu’il ne couvrirait même pas le prix d’une modeste chambre de bonne à Paris », ainsi que la résidence de l’ambassadeur, la villa des Oliviers à El Biar, une propriété de 4 hectares louée « au franc symbolique, sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023 ».
Le Quai d’Orsay a été interpellé le 25 mai sur la question par Michel Guiniot, député du Rassemblement national (RN). Le parlementaire a souhaité savoir, si l’hypothèse de la remise en cause des biens immobiliers exploités par la représentation diplomatique française en Algérie est confirmée, « quelles sont les solutions envisagées pour continuer à maintenir une présence diplomatique et consulaire en Algérie, tant dans l’intérêt des Français que de la France ».
Biens exploités par la France en Algérie : la réponse du Quai d’Orsay
La réponse, écrite, du Quai d’Orsay est rendue deux jours plus tard, le 27 mai. Elle est mise en ligne sur le site officiel de l’Assemblée nationale française.
« La France dispose de plusieurs emprises en Algérie, qui relèvent de statuts divers. Le sujet des biens immobiliers mis à la disposition de la France sur le territoire algérien est régulièrement évoqué entre les autorités françaises et algériennes », a d’abord indiqué le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Néanmoins, il a démenti la convocation de l’ambassadeur précisément sur cette question qui, non plus, n’a pas fait l’objet d’une notification du gouvernement algérien.
« L’ambassadeur de France en Algérie n’a pas été convoqué à ce sujet et nous n’avons reçu aucune notification officielle de la partie algérienne sur ce dossier », a assuré le Quai d’Orsay dans sa réponse.
« La France est attachée à sa relation avec l’Algérie, à laquelle nous sommes unis par des liens humains denses et des intérêts partagés » et est engagée à « rétablir avec le gouvernement algérien un dialogue respectueux et constructif, nous permettant d’aborder tous les sujets, y compris ceux sur lesquels nous avons des divergences », a ajouté la diplomatie française.
Le Quai d’Orsay a accusé toutefois les autorités algériennes d’adopter « une attitude d’hostilité, qui n’est pas à la hauteur des liens entre nos deux pays » et menacé de prendre d’autres « mesures fermes ».
« Nous avons déjà pris des mesures fermes pour défendre nos intérêts, et nous sommes prêts à en prendre d’autres, au service de l’intérêt de la France et des Français », lit-on dans le texte.