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Début de la vaccination anti-Covid : « Tout dépendra du début d’arrivage des vaccins »

Début de la vaccination anti-Covid : « Tout dépendra du début d’arrivage des vaccins »

Le Pr Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha à Alger, fait le point sur les préparatifs du plus grand hôpital d’Algérie pour la campagne de vaccination anti-Covid qui doit démarre ce mois de janvier.

L’épidémie de Covid-19 poursuit sa décrue en Algérie. Quelle est la situation du CHU Mustapha ?

C’est une situation qu’on souhaitait depuis de longs mois. Nous sommes toujours sur une courbe descendante avec 163 malades hospitalisés. Il n’y a pas beaucoup de cas urgents. Il y a moins de consultants, beaucoup moins de tensions sur les lits de réanimation et peu de décès.

Ceci dit le virus est toujours là même s’il y a un seul cas. N’oublions pas que nous avons commencé avec un cas (enregistré à Blida en février 2019, ndlr), et depuis nous avons atteint des milliers de cas. Sur les neuf derniers mois, au CHU Mustapha, nous avons eu 3 292 personnes hospitalisées ; nous avons traité à titre externe 7 872 cas et nous avons, hélas, recensé 909 décès suite au Covid-19.

Aujourd’hui, nous sommes dans une autre phase, celle de la reprise des activités notamment les services qui étaient dédiés à la prise en charge des malades Covid, tout en ayant à l’esprit que nous devons nous préparer à tout risque de reprise de la pandémie. Soit sous la forme d’une nouvelle vague ou bien un virus qui a muté, etc.

Donc, il n’y a pas lieu de crier victoire…

Tout à fait, même s’il y a un, deux ou trois cas. Nous sommes là toujours prêts à gérer la situation. Actuellement, c’est le temps de la réflexion, on tire les leçons.

C’est aussi le temps pour nos collègues pour reprendre leurs forces, pour que les services s’organisent. Nous allons sûrement reprendre nos activités d’enseignement en graduation et en post graduation. Nous allons aussi reprendre progressivement nos activités habituelles, et nous avons instruit tous les services de garder au moins 10 lits par service au cas où…

Nous avons en outre été contactés par notre tutelle afin de nous préparer à la vaccination. Et c’est ce que l’on a fait en préparant les endroits où les vaccins doivent être stockés.

Disposez-vous des moyens pour cela ?

Au CHU Mustapha, nous avons les moyens matériels et humains afin de gérer la campagne de la vaccination contre la Covid-19, d’abord en vaccinant les personnes vulnérables chez qui nous avons constaté une forte morbidité (diabétiques, cardiopathes, hypertendus, cancéreux…), les personnes âgées. Par la suite, ce sera le tour  du personnel de la santé…

Ce sont les instructions reçues pour la priorisation des malades à vacciner ?

Nous n’avons pas encore reçu d’instructions dans ce sens-là. Nous sommes en phase de préparation aux accidents vaccinaux mineurs comme majeurs. Nous avons connu des incidents même durant les campagnes de vaccination contre la grippe saisonnière.

Au CHU Mustapha, nous avons mobilisé le personnel dédié pour la vaccination et la surveillance ainsi que le personnel administratif, pour gérer au mieux cette importante opération.

Une date pour le début de la campagne de vaccination ?  

Tout dépendra du début d’arrivage des vaccins. Une commission au ministère de la Santé travaille en étroite collaboration avec les DSP (directeurs de la santé) et les structures hospitalières. Aussi, il y a aura sûrement une organisation pour une vaccination de masse.

Est-on sûr de l’efficacité du vaccin ?   

Nous sommes en phase d’observation. Déjà, nous avons un recul de quelques mois par rapport à d’autres pays (qui ont déjà commencé la vaccination de leur population, à l’instar de la Russie). Nous sommes à l’affût de toute information scientifique provenant des sociétés savantes sérieuses.

Pour le moment, il n’y a pas le feu. Il ne faut pas justement que la population se laisse apeurer par les éventuels effets néfastes d’un vaccin. En tant que légiste, je peux certifier qu’il n’y a eu aucun cas. Et même mes collègues légistes d’autres pays où la vaccination a commencé disent ne pas avoir enregistré des situations dramatiques, comme relayé sur les réseaux sociaux.

Avant de lancer la vaccination, une campagne de sensibilisation est naturellement nécessaire…

Cette campagne de vaccination nécessite aussi une campagne d’éducation sanitaire, mais je veux adresser un message à la population pour ne pas baisser les bras et rester toujours dans la prévention et le respect des gestes barrières jusqu’à la disparition totale de ce virus.

La réussite de la campagne de vaccination en Algérie dépend-elle de la sensibilisation ?

Dans cette campagne, il y a une politique de sensibilisation. Même quand il y a eu le vaccin contre la grippe saisonnière, il y a toujours eu des campagnes. L’Algérie a pu vaincre des maladies infectieuses et dangereuses qui touchaient nos enfants grâce à des campagnes de sensibilisations. Avant, il n’y avait pas ces gros médias, Facebook, etc.

Maintenant c’est une autre génération, il s’agit de nos parents, de nos enfants, qu’il faut les protéger. Je ne pense pas que nos structures sanitaires puissent importer quelque chose qui peut nuire à la population.

En tant que médecins, si nous sommes là, c’est pour aider l’être humain dans sa souffrance physique, morale et psychologique. Il n’est nullement dans l’intention du médecin de porter préjudice à quiconque. C’est notre philosophie, nous avons fait des études supérieures pour cela, pour aider l’homme dans des situations naturelles ou provoquées.

Qu’est-ce qui vous a plus marqué depuis le début de la pandémie en Algérie ?

Deux choses m’ont vraiment marqué. D’abord, lorsque je vois mes propres collègues, mes amis, mourir à cause de ce Covid. La seconde, chose c’est cette solidarité incroyable des Algériens. La population a répondu en masse à nos appels de détresse.

Ce qui m’a aussi marqué, ce sont nos producteurs locaux qui nous ont vraiment soulagés en matière de moyens de protection, notamment les masques FFP2. Ce qui m’a impressionné aussi est la demande importante en oxygène qui nous a fait un peu peur. Dès que les chiffres de décès ont commencé à augmenter, croyez-moi cela n’a pas été de tout facile à gérer. On a été sollicités de partout pour des lits de réanimation. Mais grâce à Dieu et à la mobilisation des gens, nous sommes arrivés à ce stade-là, les chiffres sont rassurants. Mais encore une fois, restons toujours vigilants.

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