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Décédé vendredi à 84 ans : quelles obsèques pour Bouteflika ?

Décédé vendredi à 84 ans : quelles obsèques pour Bouteflika ?

Quelles obsèques aura l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika, décédé vendredi 17 septembre à l’âge de 84 ans ?

La question ne se serait pas posée vu sa qualité d’ancien chef d’Etat, si Bouteflika n’avait pas quitté le pouvoir dans des circonstances particulières. Celui qui a dirigé l’Algérie pendant 20 ans est parti sous la pression de la rue et de l’armée, en avril 2019.

Il a fallu six semaines de manifestations d’une ampleur jamais vue et une montée au créneau du commandement militaire pour qu’il consente à céder le pouvoir.

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Bouteflika s’apprêtait à briguer un cinquième mandat à la tête de l’Etat malgré son état de santé qui ne lui permettait pas de s’adresser à la nation et même d’apparaitre en public.

En 2008, il avait fait changer la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Il s’avèrera plus tard qu’il l’avait fait pour rester président à vie. Le bilan de ses quatre mandats est presque unanimement décrié. Le quatrième, considéré comme celui de trop, a vu la corruption se généraliser.

Deux ans et demi seulement après le déclenchement du Hirak, il est compréhensible que les autorités soient dans la gêne au moment de décider de la manière d’inhumer Abdelaziz Bouteflika.

Des funérailles nationales grandioses sont susceptibles d’être mal perçues, de même qu’un enterrement dans l’anonymat et l’intimité familiale. Entre les deux, il y a un protocole et des traditions que l’Etat algérien se doit de suivre.

Il est de coutume depuis 1978 que les chefs d’Etat, anciens ou en exercice, soient inhumés au carré des Martyrs du cimetière d’El Alia où reposait déjà depuis 1966 celui qui est considéré officiellement comme le fondateur de l’Etat algérien moderne, l’Emir Abdelkader.

Dans le carré, situé à l’entrée du grand cimetière algérois, reposent tous les présidents de la république décédés. Sur le flanc gauche, les deux présidents morts en exercice, Houari Boumediene (1978) et Mohamed Boudiaf (1992), à côté de l’Emir et de quelques martyrs de la révolution.

À droite, les chefs d’Etat décédés après la fin de leurs mandats. Aucun ne manque. Ahmed Benbella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi. Rabah Bitat est enterré à El Alia pour sa double qualité de chef historique de la révolution et de président intérimaire de décembre 1978 à février 1979.

Détail utile, tous ces anciens chefs d’Etat sont décédés sous la présidence Bouteflika. Et malgré les divergences qu’il pouvait avoir par exemple avec Benbella, à la chute duquel il avait contribué en 1965, ou avec Chadli qui lui a été préféré en 1979 et qu’il a critiqué ouvertement dans ses discours, Bouteflika n’a dérogé à la règle protocolaire avec aucun d’entre eux.

Il s’agit d’une tradition qui transcende la politique, une règle non écrite qui honore d’abord la fonction, la plus haute de la hiérarchie de l’Etat algérien, les hommes ensuite. Reposer aux côtés des grands noms de la révolution n’est pas une récompense pour les « bons » bilans, mais une distinction posthume pour des hommes qui ont exercé la plus haute charge de l’Etat.

Bouteflika sera inhumé dimanche 19 septembre au carré des Martyrs et il n’y a rien d’anormal dans la décision. Ni dans celle prise par le président Tebboune de mettre en berne le drapeau pendant trois jours à travers le territoire national.

Bon ou mauvais dirigeant, Abdelaziz Bouteflika a été le président de l’Algérie pendant 20 ans et on ne peut pas changer l’histoire. Il reste maintenant à savoir à quoi ressembleront ses funérailles et quel sera le niveau de représentation des autorités.   

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