Société

Détenus d’opinion : Ait Menguellet au cœur d’une polémique

Lounis Ait Menguellet est de nouveau attaqué par ses détracteurs. Cette fois, c’est sur la question des détenus d’opinion que le célèbre chanteur kabyle est critiqué.

Un comble ! Il y a plus de quarante ans, dans les années de plomb du parti unique, il était l’une des rares voix à se solidariser avec les détenus politiques de l’époque, ce qui lui avait valu de passer lui aussi par la case prison.

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De passage sur Berbère Télévision pour parler de son gala à l’Accor Arena, le 26 novembre à Paris, Ait Menguellet est invité à dire un mot sur la situation des libertés en Algérie et la question des détenus d’opinion. Très subtilement, le poète a fait plus que défendre les détenus en dénonçant le manque d’information et l’opacité qui entoure leur arrestation.

« A chaque fois qu’on entrevoit une amélioration (de la situation du pays), c’est le contraire qui se produit. Je ne comprends rien », dit-il d’abord.

Avant de poursuivre concernant les détenus : « Si ces jeunes ont fait quelque chose, c’est normal que la justice les juge. Mais il faut qu’on nous dise ce qu’ils ont fait. Nous sommes toujours dans l’absence d’information, nous ne savons pas qui est qui, qui fait quoi, pourquoi on a arrêté tel ou tel autre. »

« On manque d’information. Personne ne peut dire qu’il y a une véritable information. Il y a de la rumeur, mais pas de vraie information », ajoute Ait Menguellet.

« On arrête comme ça des jeunes, c’est bizarre. Ça ne se passe dans aucun pays. Tu marches dans la rue et on vient t’arrêter. Pourquoi ? », s’interroge-t-il.

Ait Menguellet victime d’un acharnement

Lui reprocher d’avoir lâché les détenus d’opinion après de tels propos ne peut relever que de la mauvaise foi. D’autant plus que ce sont les mêmes voix qui l’attaquent à chaque fois qu’il s’exprime, même lorsque, comme dans le cas de ces déclarations, il plaide magistralement pour l’Etat de droit et la liberté d’expression en Algérie.

Ce sont aussi les mêmes qui lui reprochaient jusque de se produire devant son public ou encore les prix appliqués pour ses galas. Cela s’apparente à de l’acharnement contre un géant et un symbole de la culture amazighe, venant de défenseurs autoproclamés de cette même culture. C’est une haine inexpliquée qu’ils vouent au chanteur, pourtant au long parcours dans la dénonciation des injustices.

Face aux attaques, il a toujours fait le dos rond. En 1986, il est allé en prison pour avoir défendu des détenus politiques, et ce n’est que maintenant qu’il en parle.

Dans le même entretien avec Berbère Télévision, il a raconté que son arrestation en 1986 avait fait suite à une chanson qu’il avait dédiée, lors d’un gala au Casif de Sidi Fredj, aux membres fondateurs de la première ligue algérienne des droits de l’homme, alors détenus.

Le chanteur explique qu’il avait mis à profit la présence de 6000 personnes pour « leur rappeler » les détenus « oubliés de tous ». Une semaine après, il sera arrêté sous une accusation fallacieuse : détention d’armes de collection. De nombreuses localités de Kabylie s’étaient alors mobilisées pour réclamer sa libération et celle de tous les détenus politiques.

Nul doute que Lounis Ait Menguellet n’est pas affecté par cette énième campagne qui devait de toute façon avoir lieu à l’approche de son gala parisien, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse. Comme d’habitude, il n’a pas répondu ni cherché à s’expliquer.

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