Société

Devises, friperie, pièces détachées : cartographie des trafics en Algérie

Les chiffres des Douanes sur les saisies donnent une cartographie des trafics, une répartition géographique des types de biens saisis sur les régions en Algérie. Et il ressort que chaque région ou point d’entrée en Algérie ait un trafic de prédilection.

Le port d’Alger et les pièces détachées

Selon les chiffres publiés des Douanes, du 27 mai au 25 octobre, dix saisies de moteurs et de pièces détachées usagées de voitures et de deux-roues ont été effectuées au port d’Alger. Un chiffre impressionnant si on le compare au nombre de saisies du même type faites ailleurs en Algérie. Sur cette période, le port d’Alger occupe la première place dans le trafic de pièces détachées, loin devant la gare maritime de Mostaganem (2e) avec 4 saisies, alors qu’une seule saisie de ce type a été enregistrée au port d’Oran et une autre dans la wilaya de Tébessa.

Les pièces détachées et les moteurs usagés saisis au port d’Alger proviennent principalement de Marseille et ceux saisis à Oran ou Mostaganem émanent de Valence ou Alicante, d’après la douane algérienne.

Les trafiquants, des Algériens ou des binationaux résidant en France ou en Espagne pour la plupart, dissimulent les pièces détachées dans leurs voitures qu’ils font voyager avec eux par ferrys. C’est souvent, sur les couloirs verts, dispositifs mis en place par les douanes depuis 2013 pour accélérer les démarches douanières aux familles d’émigrés, que les tentatives d’importation frauduleuse de ces marchandises sont découvertes, selon la même source.

Ces drogues qui nous viennent de l’Est

Les médicaments psychotropes tel que Lyrica, Edgar ou Subutex circulent en grandes quantités en Algérie, ils arrivent dans les réseaux de distribution criminels de deux façons : par le détournement de ces médicaments des pharmacies d’officine et des hôpitaux, ou par leur importation frauduleuse.

Au moins 23 saisies de comprimés et capsules de psychotropes ont été réalisées entre le 27 mai et le 25 octobre de cette année, selon les Douanes. Sur l’ensemble de ces opérations, 18 ont été réalisées à l’est du pays, plus particulièrement aux postes frontaliers avec la Tunisie.

Le poste d’Oum Teboul, comptabilise à lui seul 9 saies, dont certaines concernaient de grandes quantités. Des tentatives d’introduction frauduleuse de psychotropes en Algérie ont également été avortées au niveau des postes frontaliers de Taleb Laarbi, El Haddada et Ras El Ayoun, et dans les aéroports de Constantine, Annaba, Chlef et Alger (une saisie chacun) et le port d’Alger (deux saisies).

La contrebande d’alcool est concentrée essentiellement dans l’est du pays. Dix saisies de boissons alcoolisées ont été faites par les douaniers durant la période de référence.

Six de ces saisies ont été effectuées à l’est du pays et au sud-est du pays (Tébessa, Khenchela, Annaba, Sétif, Hassi Messaod), deux au centre (Djelfa) et deux à l’ouest (Oran et à Mostaganem).

Les saisies de kif traité sont moins nombreuses que celles des médicaments psychotropes sur cette période. Les Douances ont effectuées six saisies. Trois au sud du pays, à Bordj Badji Mokhtar (42 kilogrammes de kif traité en plus d’armes de guerre), à Illizi (7 quintaux et 97 kilogrammes de kif traité) et à El Bayadh (189 kilogrammes). Deux autres saisies moins importantes, de 49 kilogrammes et de 3,5 kilogrammes de kif traité ont été faites dans la wilaya de Tlemcen.

A signaler qu’une tentative d’importation de drogue de façon atypique a été avortée, le lundi 22 octobre, par les douaniers à Constantine où ils ont découvert, dans deux colis destinés à deux citoyens de la ville et envoyés par poste de l’étranger, des comprimés de psychotropes et des semences de cannabis.

Tébessa plaque tournante de la contrebande de friperie

La friperie a été interdite d’importation par la loi de finances complémentaire de 2009. Depuis, la contrebande a pris le relai du marché officiel et a continué à alimenter les magasins de friperies du pays en introduisant cette marchandise de façon frauduleuse à travers deux voies : par la frontière algéro-tunisienne au niveau de la wilaya de Tébessa et, par les ports d’Oran et de Mostaganem.

La douane algérienne a effectué 7 saisies de friperie entre le 27 mai et le 25 octobre derniers. Deux de ces saisies ont été effectuées au port d’Oran (21 et 14 ballots de friperie saisis) et une au port de Mostaganem (8 ballots). L’origine de ces marchandises saisies dans ces deux ports de l’ouest est espagnole, selon les douanes.

A Tébessa, les saisies ont été plus nombreuses et plus importantes durant la même période. Trois saisies, de 45, 60 et 90 ballots ont été réalisées dans cette wilaya, en plus d’une quatrième saisie de 50 ballots faite dans la wilaya voisine d’Oum El Bouaghi.

Si ces deux wilayas concentrent autant de saisies de friperie, c’est parce qu’elles sont voisines de la Tunisie où une véritable industrie (légale) de la friperie existe depuis plusieurs années. Le pays importe en moyenne pour 110 millions de dinars tunisiens (38,5 millions de dollars) de vêtements usagés et en exporte pour 37 millions de dinars tunisiens (13 millions de dollars) chaque année, selon un article du Huffpost Maghreb se référant aux chiffres de l’Office de Commerce de Tunisie.

Les trafiquants de devises préfèrent les grands aéroports

Entre le 27 mai et le 25 octobre, au moins 15 tentatives de transfert illégal de devises vers l’étranger ont été avortées par les services des douanes.

Sur ces 15 saisies, 10 ont été réalisées dans des aéroports internationaux. De par le nombre de saisies, l’aéroport d’Oran surpasse tous les autres avec 4 saisies, toutes en octobre et dont le montant total est de 405 700 euros.

Deux saisies ont été faites à l’aéroport d’Alger avec un montant total de 1 155 000 euros. Sur la même période, 358 450 d’euros ont été saisis à l’aéroport de Constantine dans deux opérations distinctes alors qu’à l’aéroport de Bejaia, 10 000 dollars américains ont été saisis.

Même si les auteurs des tentatives de transfert illégal de devises vers l’étranger ont une préférence certaine pour les aéroports, des tentatives ont été avortées par les douanes à des postes frontaliers terrestres. Ainsi, ce ne sont pas moins de deux millions d’euros qui ont été saisis au poste de Betita à Tébessa le 31 juillet dernier.

Oum Teboul, porte d’entrée importante des médicaments psychotropes vers l’Algérie, est également un point de passage pour les trafiquants de devises, selon les douanes algériennes. Sur la période s’étalant de fin mai jusqu’au 25 octobre, trois saisies de devises y ont été réalisées par les douanes, pour un total de 107 370 dinars tunisiens et 5100 euros.

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