Politique

Dialogue : le Panel, une machine à recycler les soutiens de l’ancien régime

« Hier avec la Issaba, aujourd’hui dans le Panel ». Depuis plusieurs jours, ce type messages fleurit sur les réseaux sociaux. Ils sont encore plus nombreux depuis l’installation, hier samedi 17 août, de la commission des sages au sein de l’Instance de dialogue.

Des photos accompagnant ces messages montrent des membres de l’Instance présents à la Coupole lors du fameux meeting de soutien au cinquième mandat ou en compagnie d’anciennes figures de Bouteflika. Autant d’arguments supplémentaires pour les opposants à la démarche du panel, jugée trop inspirée par le pouvoir.

En acceptant d’être la tête du Panel de dialogue et de médiation, Karim Younès a-t-il mesuré le degré de difficulté de la tâche qui l’attendait ? L’initiative qu’il conduit afin d’ouvrir la voie à des élections présidentielles « le plus rapidement possible », essuie les refus et cristallise les colères. Le cercle de rejet de cette commission s’élargir de jour en jour.

Hier, les étudiants ont exprimé leur refus d’adhérer à la démarche en investissant le siège du Panel. Devant les membres de ce dernier, ils ont dit leur rejet de cette instance et de la feuille de de route qu’elle s’est fixée.

Les étudiants ont également dénoncé la présence de ce qu’ils appellent des « pseudos représentants des étudiants » conviés à l’occasion. Ces « représentants » sont des adhérents de l’UGEL, un syndicat proche de TAJ, le parti de Amar Ghoul.

Les étudiants qui ont envahi le siège du Panel ont tenu à rappeler que ces « complices du système » ne les représentaient pas, les accusant même de vouloir se repositionner sur l’échiquier politique avec la « complicité » de la commission présidée par Karim Younès.

En écho à leurs camarades d’Alger, les étudiants de Constantine ont publié un communiqué dans lequel ils se démarquent de l’UGEL dont les membres ont été reçus, jeudi 15 août, par Karim Younès « en leur qualité de prétendus représentants des étudiants ».

« Toutes les organisations qui ont obtenu leur agrément de l’Etat sont dénuées de toute légitimité, n’étant qu’un démembrement du pouvoir dont le peuple demande le départ », écrit le Comité des étudiants de Constantine (CEC) pour qui ces organisations estudiantines ont de tout temps soutenu- au nom des étudiants algériens- tous les mandats du président déchu, y compris le projet de 5e mandat.

Machine à recycler

Ce dimanche, l’UGEL a dénoncé dans un communiqué, la « tentative de parasitage » de la séance d’installation du comité des sages. Une allusion claire à l’occupation, hier samedi, de la salle de réunion par un groupe d’étudiants hostiles au panel qui ont affiché leur opposition à ce qu’ils soient représentés par des éléments de l’UGEL. Ce dernier, dans son communiqué, s’aligne sur la thèse défendue par le Panel, à savoir l’organisation d’une élection présidentielle dans les « les plus brefs délais » et par «tous les moyens possibles ».

En plus de l’UGEL, le Panel a bénéficié hier de deux soutiens dont il aurait sans doute aimé se passer. Même exclu du processus de dialogue, le FLN et le RND ont exprimé leur soutien à l’Instance dirigée par Karim Younes. « Le parti s’engagera en faveur de toutes les conclusions de ce dialogue même s’il en est exclu », a affirmé Azzeddine Mihoubi, secrétaire général par intérim du RND. «Nous sommes favorables à ce panel et à toute initiative de dialogue qui ambitionne de faire sortir le pays de la crise actuelle», a répété hier Mohamed Djemai, chef du FLN.

Rejeté par l’opposition et les acteurs du Hirak, le Panel est de plus en plus réduit à une « machine à recycler » les soutiens de l’ancien système. Ces courtisans d’hier ne se comptent pas seulement parmi les étudiants, mais aussi parmi les politiciens et les chefs d’entreprises. Leur présence au sein de l’instance de Karim Younès est plutôt perçue comme un handicap qui va encore jeter le discrédit sur l’instance de dialogue, déjà handicapée par les concessions faites au pouvoir sur la question des préalables.

Le fait que des personnes ayant un jour été dans le camp de l’ancien régime figurent aujourd’hui dans le Panel de dialogue, est révélateur d’un fait : Karim Younès et ses collaborateurs ne trouvent pas des personnes intègres dont le profil contraste avec ceux qui se sont précipités pour y figurer en bonne place. Tels des boulets, ces derniers nuisent plus qu’ils ne servent le Panel. C’est là une certitude.

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