Le gouvernement français va présenter le 6 février prochaine une « stratégie gouvernementale » contre les discriminations à l’embauche qui touchent notamment les Maghrébins, phénomène récemment mis en évidence après la publication d’une étude montrant sa prévalence dans les grandes entreprises du pays, a annoncé ce lundi la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, rapporte le journal français La Croix.

« Le 6 février, nous présenterons avec plusieurs ministres la première stratégie gouvernementale (de lutte contre les discriminations, NDLR), avec les associations, avec les acteurs qui suivent sur le terrain depuis des années, luttent parfois seuls contre les discriminations », a annoncé la secrétaire d’Etat française.

« Nous pouvons aller vers du ‘’name and shame’’, c’est-à-dire nommer des entreprises qui discriminent », a affirmé Mme Schiappa. Interrogée sur la possibilité que des entreprises soient « dénoncées » dans le cadre de la stratégie du gouvernement et qu’une liste soit publiée, la ministre a répondu : « Oui, tout à fait ».

Alors qu’il avait été compris que la liste sera publiée le 6 février, l’entourage de la secrétaire d’Etat a précisé que Marlène Schiappa « ne fait pas mention de date » dans son entretien, rapporte la même source.

La radio France Inter a rapporté au début du mois qu’une grande campagne de testing s’était achevée « dans la plus grande discrétion », précisant que les résultats de cette étude sont « sur la table » du gouvernement français « depuis plus de huit mois ».

Réalisée par une équipe de chercheurs de l’université Paris-Est-Créteil, l’étude a été effectuée sur la base d’une campagne de tests anonymes menée entre octobre 2018 et janvier 2019. 17 600 candidatures et demandes d’informations – fictives – ont été envoyées à 103 grandes sociétés de six régions françaises.

Le test consistait à envoyer deux profils identiques mais dans un cas avec un patronyme maghrébin, dans l’autre un patronyme d’origine française. L’étude révèle que plusieurs grandes entreprises françaises pratiquent « une discrimination significative et robuste selon le critère de l’origine à l’encontre du candidat présumé maghrébin ».

« Les candidats nord-africains ont près de 20% de réponses en moins que les candidats français », constatent les chercheurs. Sur les 103 entreprises testées, l’étude identifie « entre 5 et 15 entreprises discriminantes », en fonction des critères. « Nous trouvons également une discrimination, plus faiblement significative, selon le lieu de résidence », ont ajouté les chercheurs.