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Double taux de change en Algérie : « problématique » (Banque mondiale)

Double taux de change en Algérie : « problématique » (Banque mondiale)

L’Algérie fait partie du cercle restreint des pays ayant un double taux de change, un officiel et un autre parallèle, ce que la Banque mondiale juge « problématique ». Les économistes ont régulièrement mis en garde contre les effets néfastes d’une telle situation.

La Banque mondiale vient de faire un rappel sur les retombées du double taux de change sur les économies des pays qui en disposent encore.

Ils sont au nombre de 24, lit-on dans un article mis en ligne sur la version arabophone du site de la BM. Dans 14 pays, dont l’Algérie, la situation est jugée problématique, car le différentiel entre le taux officiel et le marché parallèle de la devise est important, soit plus de 10%.

Le change parallèle à un coût prohibitif et perturbe tous les acteurs du marché : il est associé à des taux d’inflation élevés, entrave le développement du secteur privé, décourage l’investissement étranger et entraîne de faibles taux de croissance, juge la Banque mondiale.

Une telle situation est aussi corollaire de corruption puisque seuls des groupes privilégiés peuvent accéder à la devise au taux « subventionné », selon la Banque mondiale.

Cette institution note que le taux de change parallèle survient souvent dans les pays où la balance des paiements est en difficulté, et malgré les appels du Fonds monétaire international (FMI) à remédier aux écarts des taux de change, « les progrès ont été limités dans de nombreux pays présentant d’importants écarts ». La Banque mondiale cite dans ce cas l’Argentine, l’Éthiopie et le Nigeria.

Si les processus d’unification du taux de change engagés par de nombreux pays n’ont pas abouti, c’est à cause de la résistance des « intérêts acquis » pour ne pas renoncer à cette forme de soutien de l’État.

La Banque mondiale souligne que ses propres programmes sont impactés par l’existence de deux taux, expliquant que les ressources engagées et dépensées en monnaie locale sont moindres au taux officiel que si elles avaient été calculées au taux du marché parallèle. Cela signifie que « moins de bénéficiaires recevront la subvention ».

Dualité du taux de change dans le monde : où en est l’Algérie ?

« Le deuxième problème est qu’une partie du produit des prêts de la Banque mondiale (en dollars) peut être détournée par les gouvernements pour financer des dépenses non liées et pourrait donner lieu à des pratiques de corruption », ajoute la même institution financière.

Pour réduire l’impact néfaste de cette situation, l’institution de Bretton Woods dit avoir pris des mesures, parmi lesquelles le refus d’apporter une assistance pour soutenir les budgets des pays qui ont des écarts importants et persistants entre les taux de change, ou la demande aux gouvernements de ces pays de fournir un contre-financement pour compenser partiellement la différence entre les deux taux de change.

La Banque mondiale a listé les pays où la différence entre les deux est jugée problématique (+ de 10%). Ils sont au nombre de 14. Il s’agit, dans l’ordre décroissant de l’importance de l’écart, du Liban, du Yémen, de la Syrie, de l’Iran, de l’Argentine, de l’Éthiopie, du Zimbabwe, du Burundi, du Nigeria, de l’Algérie, du Malawi, de la Birmanie, du Congo démocratique, et de l’Angola.

Dans ces pays, l’écart de la valeur d’un dollar entre les deux taux est de 11,1 unités en monnaie locale (Angola) et 616,7 unités (Liban).

En Algérie où le taux officiel est de 137 dinars pour un dollar et le taux parallèle de 209 dinars, l’écart entre les deux taux est de 53,5 dinars. Les cinq pays où l’écart est le plus important sont le Liban (616,7 unités), le Yémen (392), la Syrie (150,4), l’Iran (90,9) et l’Argentine (87,1).

Le double taux de change existe dans dix autres pays, mais avec un écart faible (moins de 10%). Il s’agit du Bangladesh, du Laos, du Ghana, de la Libye, du Mozambique, de l’Ukraine, du Sri Lanka, du Soudan, du Venezuela et du Sud-Soudan.

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