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Échec du déconfinement : une expérience utile pour mieux préparer la levée des restrictions

Échec du déconfinement : une expérience utile pour mieux préparer la levée des restrictions

L’allègement des mesures de confinement décidé en Algérie il y a une dizaine de jours peut s’expliquer par la conjonction de trois facteurs : l’arrivée du mois de ramadan, la baisse du nombre de contaminations et l’annonce de plans de déconfinement dans certains pays européens qui ont eux aussi enregistré une accalmie en nombre tant de nouveaux malades que de décès.

L’allègement a surtout porté sur les horaires du confinement sanitaire : 15h-07h à Blida au lieu du confinement total et 17h-07h pour neuf autres wilayas au lieu de 15-07h.

La liste des commerces autorisés à exercer a été aussi élargie dans le double souci de permettre un meilleur approvisionnement de la population et d’atténuer les retombées de la crise sur les salaires et les revenus.

Le début du déconfinement devait signifier la fin proche de la crise sanitaire et il a été accueilli avec beaucoup de soulagement. Et de relâchement aussi.

Dès les premiers jours du ramadan, des scènes regrettables et des comportements irresponsables sont signalés partout à travers le pays. Les images partagées sur les réseaux sociaux sont choquantes, notamment celles où on voit des gens se bousculer dans des files d’attentes pour acheter de la zalabia, la fameuse confiserie du ramadan.

On avait vu au début de la crise les gens se bousculer devant les minoteries, mais c’était presque compréhensible puisqu’un long confinement était redouté et la semoule est un produit de subsistance qui peut permettre de disposer, le cas échéant, de l’essentiel, c’est-à-dire le pain.

Ou encore des retraités s’entasser devant les bureaux de poste pour retirer leur pension. Mais là aussi, ils n’avaient pas le choix. Les gens pouvaient en revanche se passer des confiseries, de surcroît en temps de crise sanitaire inédite.

Dans d’autres types de commerce, comme les boucheries, les magasins d’alimentation ou les étals de fruits et légumes, des scènes irresponsables sont aussi constatées, avec des clients qui se rassemblent dans des espaces réduits, sans le moindre geste barrière.

Devant la multiplication des gestes dangereux, le président de la République est monté au créneau, n’excluant pas de rétablir les mesures initiales si le nombre de contaminations augmentait. On n’en connait pas encore la cause, mais les cas positifs augmentent. 190 nouveaux malades ont été enregistrés ce mardi 5 mai, contre 174 lundi, alors que la moyenne journalière tournait autour de 100 cas.

Dans plusieurs wilayas, notamment Alger, Blida, Constantine et Oran, les walis ont rétabli les mesures initiales. L’échec du déconfinement partiel est définitivement consommé. A qui la faute ? Beaucoup de voix à l’image du Pr Mustapha Khiati et le ministre du Commerce Kamel Rezig ont pointé du doigt l’incivisme et la nonchalance des citoyens, ce qui n’est pas totalement faux.

D’autres comme le Dr Lyes Merabet, président du SNPSP, ont dénoncé une mesure improvisée qui ne pouvait pas avoir plus de succès.

Des décisions mal interprétées

Les exemples de plans de déconfinement détaillés et âprement discutés ne manquent pas dans les pays européens touchés par l’épidémie, notamment l’Italie, l’Espagne qui ont entamé lundi une levée progressive des restrictions, et la France où les mesures devant entrer en vigueur le 11 mai ont été annoncées le 28 avril. Ces trois pays sont parmi les plus endeuillés par la pandémie au monde.

Un retour à la vie normale après un mois et demi de cloisonnement et d’arrêt d’une grande partie de l’activité économique nécessite beaucoup de préparation et de précautions, la mise à la disposition des gens des moyens élémentaires de protection, un effort soutenu de sensibilisation et d’information, la prise en compte de toutes les éventualités…

Beaucoup se demandent aussi si la plage horaire laissée pour les citoyens afin de faire leurs courses n’a pas créé un effet entonnoir et s’interrogent si des plages plus larges n’auraient pas permis de mieux appliquer les gestes barrière.

Enfin, s’il y a du relâchement dans l’attitude des citoyens, c’est aussi à cause de la mauvaise interprétation des annonces. Le tapage fait autour de la chloroquine a signifié pour certains l’existence d’un remède, l’allègement du dispositif est interprété comme la fin de l’épidémie. Certaines maladresses n’aident pas à faire prendre conscience aux gens que le risque n’est pas passé.

Toutefois, cette expérience a montré que les citoyens et les autorités n’étaient pas prêts et bien préparés, mais elle peut être utile et servir de base pour préparer soigneusement le déconfinement qui doit intervenir tôt au tard.

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