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Éducation nationale : les syndicats pessimistes sur le retour à l’école

Éducation nationale : les syndicats pessimistes sur le retour à l’école

Le sort de l’année scolaire 2019-2020 semble définitivement scellé et la probabilité d’un retour en classes des élèves semble très faible. Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Oudjaout, a balayé, ce lundi, le spectre de l’année blanche pour l’année scolaire 2019-2020, estimant que le taux des cours dispensés durant les deux premiers trimestres est suffisant pour sauver l’année scolaire.

Le ministre, qui a reçu, ce lundi les représentants des parents d’élèves, recevra demain mardi les syndicats de l’éducation pour discuter des modalités de passage et l’organisation des examens de fin d’année dans ce contexte d’épidémie du Covid-19.

Les syndicats de l’éducation considérant eux aussi que l’année scolaire n’est désormais plus compromise, lancent des pistes de réflexions à propos notamment des modalités de passage et d’organisation des examens du BAC et du BEM.

Les représentants des syndicats interrogés par TSA sont unanimes à considérer qu’un retour aux bancs de l’école est à exclure au moment où l’évolution de la situation sanitaire demeure encore incertaine. Pour eux, l’urgence est de préserver la vie des élèves et des personnels éducatifs.

« La situation sanitaire est encore marquée par la propagation du Coronavirus, et le citoyen est toujours menacé dans sa santé et sa vie. Il n’y a pas une donne qui nous conforte dans l’idée que nous maitrisons la situation. La reprise de certaines activités commerciales et artisanales est liée à des considérations économiques et n’est pas lié aux données sanitaires », estime le porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et techniques (CNAPEST), Messaoud Boudiba.

Pour lui, le traitement de la question du devenir de l’année scolaire doit être appréhendé sous l’angle de certains paramètres. En premier lieu l’état psychologique des élèves qu’il qualifie de « catastrophique ». « Les chiffres des cas positifs au Covid-19 sont toujours en hausse et la maladie se propage d’une région à une autre. Le danger est toujours présent. L’état psychique des élèves, en raison de l’épidémie du Covid-19, n’est pas à négliger », considère Messaoud Boudiba.

L’autre paramètre qu’il va falloir prendre en considération, selon lui, est le seuil pédagogique que les élèves ont atteint durant les deux premiers trimestres et qui permet d’envisager la fin de l’année scolaire sans pour autant la compromettre.

« Nous considérons que ce seuil est suffisant pour sauver l’année scolaire. Il y a des matières où on enregistre un taux d’avancement de 90% dans le programme. Nous pouvons compter sur ce taux dans le passage d’un niveau à un autre ou d’un palier à un autre », soutient-il.

« La situation que nous vivons est exceptionnelle et exige par conséquent des décisions exceptionnelles », selon M. Boudiba, pour qui le retour des élèves dans les écoles dans la conjoncture actuelle est « impossible ».

Le porte-parole du Cnapest propose de s’entendre sur un « référent » pour la moyenne de passage entre paliers (du primaire vers le cycle moyen et du moyen vers le cycle secondaire). « Ce seuil doit être bien étudié et son élaboration doit prendre en compte les paramètres précités en particulier l’état psychique des élèves et le seuil pédagogique », suggère-t-il.

Pour le Baccalauréat, Messaoud Boudiba considère qu’il n’y a pas d’autre solution que de l’organiser. Se pose cependant la question de la période et les moyens à mettre en place pour l’organisation de cet examen.

« Notre proposition est qu’il y ait une coordination avec les experts de la santé pour identifier une période qui soit la plus sûre sur le plan sanitaire pour tenir l’examen. Nous proposons aussi l’implication des différents départements ministériels en vue d’assurer la disponibilité des moyens matériels et humains à même de garantir les mesures sanitaires », avance-t-il.

Il cite la nécessité d’assurer la disponibilité des produits pour désinfecter les centres d’examen, le respect de la distanciation sociale en s’assurant qu’il n’y ait pas plus de 10 élèves par classe d’examen. Il suggère aussi d’assurer la disponibilité des solutions hydro alcooliques, les masques de protection, les appareils de mesure de la température.

Même son de cloche du côté de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF) qui propose la comptabilisation des deux premiers trimestres dans le passage d’un niveau à un autre, tout en soutenant que les deux examens du BEM et du BAC doivent se tenir quitte à les reporter au mois de septembre.

« Nous évaluons le taux d’avancement dans le programme scolaire au minimum à 70% », a annoncé Lamri Zouggar porte-parole de l’Unpef. Selon ce syndicaliste, la situation sanitaire dans le pays étant encore « floue », il n’y a pas lieu de mettre en danger la vie des élèves, de leurs familles et des personnels éducatifs en précipitant leur retour aux bancs des écoles.

La proposition relative au passage entre paliers et entre niveaux est également partagée par le Syndicat autonome des travailleurs de l’enseignement et de la formation (SATEF).

Par la voix de son SG, Boualem Amoura, le SATEF propose de comptabiliser la moyenne des deux premiers trimestres pour les élèves de 5e AP et de 4e AM.

Le syndicat propose des séances de rattrapage au mois de septembre pour les élèves qui n’ont pas obtenu la moyenne de passage en comptant les deux trimestres.

Concernant l’examen du baccalauréat, M. Amoura propose de le reporter au mois de septembre « à condition d’assurer des cours de révision pour les élèves à cause de la rupture due à la crise sanitaire ».

« Comme la situation est exceptionnelle, au Satef nous proposons d’adopter le système de l’évaluation continue et d’introduire dans la moyenne du BAC à concurrence de 20 à 25% la moyenne des deux trimestres pour les élèves de terminale », propose M. Amoura.

Le SG du SATEF considère que l’année scolaire est « terminée » du fait qu’ « il n’y a pas les moyens nécessaires pour faire ramener les élèves et les personnels éducatifs dans les établissements surtout quand on sait que certains d’entre eux n’ont pas d’eau.

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