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Elle s’exporte mal malgré sa qualité : le paradoxe de la datte algérienne

Elle s’exporte mal malgré sa qualité : le paradoxe de la datte algérienne

Grand producteur de dattes, l’Algérie ne figure pas parmi les plus importants exportateurs de ce fruit. Une partie de la production est expédié à l’étranger en vrac, en raison notamment des retards de l’économie algérienne.

La datte se vend depuis quelques semaines à des prix accessibles, en tout cas trop bas par rapport aux niveaux atteints ces dernières années. Jusqu’à 200 dinars le kilo de datte de bonne qualité, contre une moyenne de 600/700 dinars l’année passée seulement.

Cette chute des prix fait le bonheur des consommateurs mais elle fait aussi des mécontents. Les agriculteurs notamment et tous ceux qui sont impliqués dans le processus de sa commercialisation.

Les pertes sont sèches, affirment certains de leurs représentants. Cette situation est due d’abord à une production abondante puis à la conjoncture sanitaire.

Les volumes exportés sont très en-deçà des niveaux habituels à cause des restrictions imposées par la pandémie de Covid-19.  Ali Bey Nasri, président de l’Association des exportateurs Algériens (Anexal), tire la sonnette d’alarme. « La production de l’année passée est toujours dans les chambres froides. Les producteurs peuvent s’effondrer si l’État n’intervient pas », met-il en garde.

Pourtant, ajoute-t-il, la production de cette année est d’une excellente qualité et on peut exporter au moins une partie.

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M. Nasri affirme avoir discuté de la question avec le ministre délégué au Commerce extérieur. En attendant d’éventuelles mesures, c’est un autre membre du gouvernement, le ministre du Commerce, qui a évoqué la filière, mais sous un autre angle.

En visite dans la wilaya de Boumerdès, Kamel Rezig a exprimé son indignation du fait que la datte algérienne est emballée à l’étranger et réexportée au nom d’autres pays.

« Nous avons les meilleures dattes mais nous ne pouvons pas les exporter parce que nous ne pouvons pas les emballer. Ils la prennent en Tunisie où elle est emballée puis réexportée au nom de ce pays. Il y a un pays européen qui est classé cinquième au monde dans l’exportation de la Deglet Nour sans posséder un seul palmier. C’est de la datte qui part de chez nous. Ils se contentent de l’emballer et de lui mettre un code-barres », a dénoncé Rezig, promettant de prendre les mesures nécessaires pour remédier à cette situation.

La crise sanitaire n’explique pas tout

Les situations soulevées par le président d’Anexal et le ministre du Commerce lèvent le voile sur le paradoxe de la filière phoenicicole en Algérie. De larges surfaces de palmeraies (170 000 hectares), une production abondante (12 millions de quintaux en 2019), une qualité mondialement renommée, mais tout le monde se plaint, du consommateur à l’État, en passant par l’agriculteur et l’exportateur.

Il y a certes cette conjoncture exceptionnelle de crise sanitaire qui affecte tous les secteurs et pas qu’en Algérie, mais hormis la baisse des cours sur le marché local qui est une nouveauté, les autres problèmes soulevés datent d’avant l’apparition de la pandémie de Covid-19.

Un chiffre illustre particulièrement le dysfonctionnement de la filière : l’Algérie est troisième producteur mondial de dattes mais n’en est que le huitième exportateur, très loin devant la Tunisie qui a exporté 130 000 tonnes de ce produit en 2018.

À titre de comparaison, l’Algérie exporte environ 30 000 tonnes par an. Il est difficile de chiffrer les quantités importées d’Algérie puis réexportées comme étant des dattes tunisiennes, mais on sait qu’une grande partie de datte algérienne est expédiée à l’étranger en vrac, c’est-t-à-dire sans conditionnement ni emballage.

Un manque à gagner énorme est accusé chaque année par l‘économie nationale du fait du manque d’aires de stockage, et de conditionnement, d’unités de transformation ainsi que de labélisation.

Des carences qui affectent du reste toutes les filières agricoles, d’où les crises récurrentes de rareté ou au contraire de très forte hausse des prix de certains produits, comme la pomme de terre.

Une partie du problème se situe aussi dans la régulation et l’organisation. Les exportateurs « en vrac » auxquels le ministre du Commerce menace de siffler la fin de la partie, ont sans doute trouvé leur compte dans le recours à cette solution de facilité, même si leurs partenaires étrangers font une meilleure plus-value. La question est comment rendre facile et intéressante pour les producteurs et autres intervenants dans cette filière, l’exportation de la datte de l’Algérie ?

L’État est appelé à mettre en place une véritable stratégie pour la filière en aidant au processus de labélisation et au développement des infrastructures et de la logistique y afférentes. Une meilleure affectation des aides à l’agriculture serait un bon début.

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