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Emmanuel Macron, le président qui veut « transformer » la France, fête ses 40 ans

Emmanuel Macron, le président qui veut « transformer » la France, fête ses 40 ans

Élu président de la République à 39 ans en mai dernier, Emmanuel Macron fête ses 40 ans ce jeudi 21 décembre. Il y a tout juste un an, nombreux commentateurs de la politique française pensaient que cet ex-ministre de l’Économie de François Hollande, refusant de s’inscrire dans la lignée d’un bipartisme traditionnel à la française se casserait la figure à l’élection présidentielle.

À 39 ans pourtant, le 7 mai 2017, et sans jamais avoir été élu avant, Emmanuel Macron est parvenu à accéder à la magistrature suprême. La France n’avait pas connu de chef d’État aussi jeune depuis Napoléon Bonaparte.

Adolescent, il ne rêvait pas d’un destin présidentiel mais s’imagine plutôt écrivain. « J’en suis alors convaincu. C’est mon unique vocation », racontait-il en février dans une interview accordée à l’hebdomadaire français L’Obs. L’amoureux des mots échoue au prestigieux concours de l’École normale supérieure, le graal dans l’enseignement supérieur où l’on forme chercheurs et professeurs. Il suit alors la trajectoire classique des politiciens et dirigeants français : Sciences Po, puis l’ENA.

Mais pour Macron, l’école des hauts fonctionnaires n’était pas une fin en soi. Il cultive même une certaine distance, précisant qu’il a choisi l’ENA « un peu par hasard »  : « La scolarité à l’ENA a été très agréable. Je l’ai faite avec naïveté et appétit car je n’en avais pas toujours rêvé et n’avais pas une idée très précise de l’endroit où je voulais arriver », détaille-t-il en avril 2010 au magazine de l’association des étudiants de Sciences Po qui réalise une interview de l’ancien élève.

En parallèle, Macron a aussi obtenu un DEA (équivalent du master 2) de philosophie politique à l’université de Nanterre. Il étudie Hegel et Machiavel. Un élément de son CV loin d’être anecdotique. Car, si la plupart des hommes politiques se contentent de faire de la politique, Macron s’est intéressé au positionnement de la philosophie à l’égard de la politique.

Mieux : avant de la pratiquer, il l’a analysée. Ses compagnons de pensée furent Machiavel et Hegel. Le premier avait érigé en impératif absolu la nécessité de s’adapter aux circonstances. Le second a inscrit sa philosophie politique dans un contexte post-Révolution française, un événement historique déterminant dans la construction de la pensée du jeune allemand. Il développera une notion héritée de la philosophie allemande : celle d’« esprit du temps » ou « Zeitgeist ».

Bref, Macron a compris qu’il faut notamment s’adapter aux tendances et au climat intellectuel d’une époque. Que disait-on de la France avant l’élection du jeune prodige ? Qu’elle est un pays bloqué, usé par le vieux monde. En novembre 2016,  quand il annonce sa candidature, il déplore une France « bloquée par les corporatismes ». Macron ne parle pas de réformes -mot qui tétanise les Français- mais de transformation, comme pour sous entendre qu’il existe une progression, un cheminement dans l’Histoire.

De ces deux approches philosophiques du pouvoir découlent la capacité d’Emmanuel Macron à avoir saisi sa chance en 2017 dans un contexte de décomposition des partis politiques traditionnels amorcés depuis bien longtemps déjà. Une fois au pouvoir, ces approches continent semble-t-il de guider les premiers mois de sa présidence. En particulier sur la scène internationale.

À peine installé à l’Élysée, et alors que son prédécesseur se tenait à distance du personnage, « le président Macron a saisi l’occasion du 300e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Russie, pour inviter, le 29 mai 2017, le président Poutine à Versailles », écrit le chroniqueur en politique internationale Renaud Girard dans Le Figaro.

Alors que la chancelière allemande est plombée par ses affaires de politique intérieure, Macron en profite pour repositionner la France sur la scène européenne. La nature a horreur du vide…En outre, le jeune président considère que les postures idéologiques qui ont longtemps guidé la diplomatie française ne permettent pas de faire avancer les dossiers. Sur le dossier syrien par exemple, il expliquait en juillet dernier qu’il ne faisait pas du départ de Bachar El Assad un « préalable à tout ».

Dans sa communication aussi, le président a perçu qu’il fallait vivre avec son époque. Il se livre volontiers à des sessions de selfies dans la rue. Il a compris que son jeune âge est un atout. Alors que les présidents français ont longtemps été mal à l’aise avec la jeunesse (mutiques pour certains, maladroits pour d’autres), Emmanuel Macron, lui, parie sur un renouvellement du logiciel.

Début décembre, lors de sa tournée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana, il veut bousculer le protocole en acceptant de se prêter au jeu d’un questions-réponses avec des étudiants de l’université de Ouagadougou. Dans la foulée, le président français accorde un long entretien à TraceTV ; un média destiné aux 15-34 ans, leader sur le continent africain, plus habitué aux interviews de stars comme Rihanna qu’avec des chefs d’État. Assez drôle pour un président, né un 21 décembre 1977, qui « assume des goûts très classiques dans ce domaine : Aznavour, Johnny, Ferré », confiait-il au JDD avant son élection.

Mais attention, le président pourrait bien se laisser piéger par cette époque dont il veut tirer profit. Pour l’instant, les instituts de sondage notent que sa cote de popularité remonte -avec 52% d’opinions favorables, un chiffre en hausse de six points par rapport à novembre- mais dans une France en attente de résultats, il devra être suffisamment habile pour montrer qu’il est bel et bien un président réformateur. Et non un simple opportuniste face aux attentes d’un renouveau espéré par les Français.

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