Politique

En Algérie, les appels à destituer Ahmed Raïssouni se multiplient

Les appels à destituer le président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), le Marocain Ahmed Raissouni, se multiplient après ses propos graves sur l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara occidental.

Dans un entretien à Awras TV, le prédicateur marocain a dit que le peuple marocain était prêt à marcher sur Tindouf en Algérie et Laâyoune, dans les territoires occupés du Sahara occidental.

| Lire aussi : Algérie – Maroc : le grave dérapage d’un prédicateur marocain

Une source diplomatique algérienne a qualifié lundi Ahmed Raissouni de « faussaire » doublé « d’un dangereux aventuriste qui est visiblement gavé » et « intoxiqué par la propagande expansionniste du Makhzen ».

La ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH) a dénoncé ce mardi 16 août avec force l’ « inacceptable dérapage » d’Ahmed Raissouni, à travers ses déclarations sur l’Algérie, le Sahara occidental et la Mauritanie.

« Ce disciple du père de la propagande expansionniste marocaine Allal el Fassi a, à travers son appel à marcher sur Laâyoune occupée et Tindouf, tout en niant l’existence d’un autre pays voisin, à savoir la Mauritanie, est sorti de ses prérogatives de président de l’Union mondiale des savants musulmans », affirmé mardi 16 août, la LADH dans un communiqué.

A travers sa déclaration « ubuesque », l’actuel président de l’Union mondiale des oulémas musulmans dont les « buts et les objectifs sa création sont de prôner le vivre-ensemble et les véritables valeurs de l’Islam, de fédérer les savants musulmans, mais aussi et surtout de rassembler et d’unir les pays musulmans dont l’Algérie, le Sahara occidental, la Mauritanie et le Maroc,  tente de détourner l’organisation de ses objectifs afin de l’exploiter à des fins politiciennes », a accusé l’ONG.

Discrédit

« L’animosité, la haine et l’allégeance de Ahmed Raissouni à un système colonialiste et aux ambitions expansionnistes démesurées pratiquant une politique d’apartheid dans les territoires occupés du Sahara occidental le discréditent en tant que président de l’Union mondiale des savants musulmans », pointe la LADH.

Elle appelle le conseil d’administration et le secrétariat général de l’Union à organiser, « dans les plus brefs délais », une assemblée générale afin de destituer Ahmed Raïssouni de son poste de président de cette organisation. Pour la Ligue algérienne des droits de l’homme, le prédicateur marocain «  enfreint l’ensemble des principes et objectifs de l’organisation. »

 L’association des Oulémas musulmans algériens a elle aussi réagi par la voix de son président.  Abderrazak Guessoum a qualifié les propos de Raissouni de belliqueux. Dans des déclarations au site Sabq Press, Guessoum a estimé que le communiqué publié par l’UIOM était timoré, invitant Raissouni soit à retirer ses propos ou à démissionner.

Dans le cas contraire, Guessoum affirme que toutes les possibilités sont ouvertes en soulignant que l’association des oulémas musulmans algériens qu’il préside est prête à se retirer de l’UIOM. « Nous allons tenir une réunion de concertation entre les oulémas membres de l’UIOM en vue de prendre une position par rapport aux propos graves de Raissouni », a indiqué Guessoum.

La classe politique algérienne continue de réagir au grave dérapage du prédicateur marocain. Le MSP, le mouvement Al Bina et le FLN ont appelé Raissouni à inciter plutôt les Marocains à se soulever pour réclamer les deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au lieu de lancer un appel à marcher sur Tindouf.

Le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, a dénoncé l’atteinte de Raissouni à l’intégrité territoriale de l’Algérie. Pour Belaid, la sortie du prédicateur marocain est un appel au terrorisme.

Deux figures médiatiques algériennes, Hafid Derradji et Khadidja Benguenna, ont également dénoncé la sortie de Ahmed Raissouni.

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