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Énergies fossiles : Sonatrach nage-t-elle à contre-courant ?

Énergies fossiles : Sonatrach nage-t-elle à contre-courant ?

Alors qu’on les dit bientôt finies, les énergies fossiles, gaz et pétrole en tête, semblent avoir encore un avenir. Du moins, Sontatach, la compagnie pétrolière algérienne, y croit encore, en dépit de la tendance des grandes firmes mondiales à rediriger de plus en plus d’investissements vers les énergies vertes et renouvelables.

Pour Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach, il est même impératif d’investir plus dans le pétrole et le gaz afin de répondre à une demande qui sera, selon lui, de plus en plus croissante dans les prochaines années.

L’Algérie est très sollicitée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine pour fournir plus de gaz à l’Europe qui a entrepris de réduire sa dépendance des hydrocarbures russes.

Mais avant même cette crise, le pays avait fait le choix d’investir plus dans le développement des capacités de production et d’exportation de gaz et de pétrole.

Le 24 février 2022, soit le jour même du déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a annoncé un investissement de 39 milliards de dollars sur quatre ans dans le secteur énergétique algérien.

Pendant la même année, Sonatrach a signé plusieurs contrats avec des firmes étrangères d’une valeur totale de 6 milliards de dollars, dont un de 4 milliards avec ENI, Occidental et Total Energies.

La dynamique s’est poursuivie cette année avec la conclusion de plusieurs grands contrats, comme celui de 800 millions de dollars signé en juin avec l’Espagnol Repsol et l’Indonésien Pertamina. Cette semaine, ce sont plusieurs contrats qui ont été conclus avec le Français Total Energies.

Ces dernières années, le manque d’investissements étrangers dans le secteur énergétique algérien avait été régulièrement expliqué par le choix des grandes compagnies internationales de prioriser le développement des énergies renouvelables.

Sonatrach : la transition énergétique n’a pas été bien étudiée

Sonatrach et l’Algérie nagent-elles à contre-courant de la tendance mondiale où ce sont alors les firmes pétrolières mondiales qui rectifient le tir après avoir fait fausse route ?

Pour Toufik Hakkar, qui assistait lundi 9 juillet à la présentation du bilan de son groupe, « la politique de la transition énergétique des compagnies n’a pas été bien étudiée et évaluée ».

Le patron du géant gazier algérien avance pour étayer son propos les conséquences de cette stratégie, comme l’augmentation des prix du gaz « bien avant la crise ukrainienne », expliquant que les prix ont atteint des niveaux jamais vus « en raison du manque d’investissement ».

Sonatrach continuera donc à investir afin de renforcer ses capacités de production et d’exportation et répondre aux besoins du développement de l’Algérie.

D’autant plus que, souligne le PDG de la compagnie nationale, même des dirigeants de grandes firmes mondiales ont tous indiqué que l’avenir du gaz était assuré, citant les patrons d’ENI, d’Exxon Mobil, de BP et de Total Energies.

De plus, les études des cabinets spécialisés mettent en avant le rôle des énergies fossiles dans les mix énergétiques, a-t-il noté. « Le monde a besoin de cette énergie propre qui est celle du gaz », a soutenu Toufik Hakkar.

Concernant la transition énergétique, Sonatrach y croit aussi mais elle doit se faire de manière graduelle, estime son premier responsable.

La compagnie algérienne investit déjà dans l’énergie solaire photovoltaïque, avec cinq projets en cours de réalisation par les fonds propres de Sonatrach et d’autres projets en partenariat. Ils sont destinés à alimenter les sites de production, a précisé le patron de Sonatrach.

Toutes les questions liées à l’investissement dans l’hydrogène vert sont en outre en train d’être examinées par Sonatrach avec ses partenaires, a-t-il assuré.

En misant sur les énergies fossiles, le patron de Sonatrach prend le risque d’accuser du retard dans le développement des énergies renouvelables alors que l’Algérie possède dans ce domaine des potentialités énormes.

Jusqu’à présent, le géant gazier algérien n’a pas montré un appétit particulier pour des investissements dans les énergies nouvelles, alors qu’il est impératif de développer, parallèlement à la poursuite de l’exploitation des hydrocarbures conventionnelles, un savoir-faire dans le domaine de l’énergie verte.

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