Soufiane Djilali est le président du parti Jil Jadid. Dans cet entretien, il explique les objectifs de la guerre que mène Israël contre les Palestiniens et revient sur la situation politique en Algérie.
Israël a commis un nouveau carnage en bombardant un hôpital de Gaza ce mardi 17 octobre. La frappe a fait des centaines de morts. Israël a accusé le Djihad islamique d’avoir été à l’origine de ce carnage. Peut-on vraiment continuer à croire ce que dit Israël ?
Le dernier décompte macabre relève près de 500 morts et plusieurs centaines de blessés. L’émotion générale que ce massacre prémédité a provoquée dans les opinions internationales, arabes mais aussi occidentales, vient du fait qu’Israël a mis à exécution sa menace de bombarder l’hôpital malgré l’impossibilité avérée de le faire évacuer préventivement ou de protéger sur place les nombreux blessés, leurs familles et toutes les équipes médicales.
Après leur forfait criminel, les responsables de cet ignoble acte ont applaudi et s’en sont enorgueillis sur les réseaux sociaux.
Puis, prenant conscience des dégâts causés à l’image de l’armée « la plus morale » du monde, ils se sont ravisés, ont effacé leurs publications et inventé cette histoire de « roquette du Djihad islamique » qui par erreur serait tombée sur l’hôpital.
Comme à leur habitude, les criminels sionistes ont voulu se défausser en sachant que tous les médias occidentaux mainstream allaient porter leur version.
Le pire, c’est le président des Etats-Unis qui a joint sa voix au mensonge éhonté pour accuser « l’autre partie » d’avoir commis le forfait, après avoir soutenu la fausse information de décapitation de 40 bébés !
Tout le monde sait que la résistance palestinienne ne possède pas de bombes aussi puissantes dans leurs arsenaux. Le Wall Street Journal révèle que le type de la bombe utilisée était un MK-84 américain.
Depuis le début, la propagande israélienne, reprise in extenso et amplifiée par les médias occidentaux ainsi que par des responsables politiques, travestit les faits de manière caricaturale, prenant les gens pour des décérébrés.
Il faut rajouter une chose sur ce terrible carnage. L’hôpital El Maamadani dépend de l’Église Baptiste. Apparemment, l’Etat hébreux voulait passer le message que sa guerre concernait également les Palestiniens chrétiens.
Que faut-il faire pour arrêter la guerre qui menace toute la région du Moyen-Orient ?
Malheureusement, ni la diplomatie ni les incantations n’ont les moyens, pour le moment, d’imposer un cessez-le-feu.
Les Israéliens veulent « nettoyer » la bande de Gaza, puis la Cisjordanie, de tout Palestinien, y compris par la solution finale. Le but de la guerre aujourd’hui n’est pas de désarmer et de punir Hamas en tant qu’organisation mais de profiter de la situation pour avoir l’appui de l’Occident et achever le plan d’occupation total de la Palestine.
De leur côté, les Palestiniens ont bien compris qu’ils étaient devant la seule alternative : vivre chez eux libres ou mourir sous les bombes. Nous sommes face à un conflit qui met en jeu la raison d’être de chaque partie.
Dans cette situation, la seule issue aurait été que l’Occident, qui a créé artificiellement cette entité coloniale et théocratique, arrête de la soutenir et de lui imposer par la force de la loi, les résolutions de l’ONU, c’est-à-dire la solution des deux Etats sur les frontières de 1967.
Malheureusement, ni les Etats-Unis, ni l’Europe ne veulent ni ne peuvent envisager une telle issue. Malgré la transgression du droit international, la dérive fasciste du gouvernement israélien et son recours à la mythologie biblique, l’Occident soutiendra cet Etat jusqu’au bout.
« Le but de la guerre aujourd’hui n’est pas de désarmer et de punir Hamas »
La mobilisation de l’armada militaire otanienne montre bien que les enjeux dépassent de loin la petite bande de Gaza. C’est l’hégémonie occidentale qui est en jeu.
Gaza n’est qu’un point focal parmi d’autres dans une dynamique géostratégique qui risque de remettre en cause le système mondial tel qu’il a été mis en place dès la fin du XVe siècle par l’Europe.
La montée du Sud global, les soubresauts en Afrique, les BRICS+, la montée en puissance de la Chine, la rébellion de la Russie etc. sont tous des symptômes d’un reflux de puissance de l’Occident. Le bras de fer risque d’entraîner de nombreux pays vers un conflit armé particulièrement sanglant !
C’est donc l’architecture de la gouvernance mondiale qui est au centre des enjeux. Une issue favorable pour le monde aurait été une renégociation d’un système de gouvernance mondiale qui, de toutes les façons, deviendra obligatoirement multipolaire et qui offrirait des garanties de sécurité à tous.
Tout le monde y trouverait son compte, y compris les Etats-Unis et l’Europe. Il faut sortir des rapports de dominants à dominés dans lesquels d’ailleurs Israël excelle, et passer à des rapports de raison, de reconnaissance et de respect mutuels.
Mais bon, vous savez, l’Histoire se fait souvent par les égos des élites dirigeantes et non pas par la sagesse des philosophes. Ce qui me laisse bien pessimiste pour cette période de l’histoire tourmentée du monde.
Dans votre réaction aux bombardements israéliens contre Gaza, vous avez dénoncé le deux poids deux mesures de l’Occident dans le traitement des questions internationales. D’un côté, l’Occident condamne l’annexion d’une partie de l’Ukraine par la Russie et veut que le monde entier le suive, mais de l’autre, il soutient la colonisation israélienne et le massacre des Palestiniens. Comment expliquez-vous ces condamnations sélectives ?
Permettez-moi d’abord de préciser que sous le vocable d’Occident, je ne confonds pas les peuples avec les choix politiques de leurs gouvernants.
Il est incontestable qu’il y a une unité civilisationnelle qui représente la modernité mais cela n’implique pas que l’on doive engager « le choc des civilisations » comme l’annonçait Huntington.
La réaction populaire en Europe, bien que bridée par les gouvernants, démontre que l’opinion publique est beaucoup plus équilibrée que ne le laissent entendre les médias.
Il ne s’agit donc pas de rejet et encore moins de haine entre les peuples. C’est là que le rôle des politiques et des médias est crucial.
Personne ne peut nier que le lobby sioniste est très largement dominant, et son atout a toujours été la manipulation par la victimisation et le mensonge. Il a réussi à imposer des lois liberticides et extrêmement violentes à l’encontre de tous ceux qui ne sont pas d’accord avec ses politiques racistes et suprématistes.
Cette politique médiatique totalement alignée sur les intérêts sionistes a fini par mettre l’Occident en contradiction avec ses propres valeurs devenant schizophrènes.
« L’Occident (…) n’a plus rien à nous dire »
Il défend les droits de l’Homme, les libertés, la justice mais dès qu’il s’agit de ses propres intérêts et de ceux du sionisme, il devient aveugle, dépourvu de toute empathie et imperméable à tout argument humanitaire.
Regardez comment il sanctionne très sévèrement toute personne qui ose soutenir la Palestine sur les réseaux pendant qu’une chaîne comme I24 qui dépend de l’autorité audiovisuelle française fait l’apologie d’un racisme délirant et une incitation à la haine et au meurtre en masse des Palestiniens.
Bien sûr, personne en France n’osera dire un mot sur ces odieux personnages. Ils savent que s’ils s’attaquent au sionisme nazi, ils n’auront aucune chance de faire une carrière politique !
Alors ils se font complices avec zèle ou, quand ils ont un peu de conscience, baissent les yeux et ne disent mot !
Des politiques français déclarent « nous gagnerons cette guerre » tout en déplorant l’importation du conflit sur leur territoire. Ce deux poids, deux mesures a discrédité tout l’Occident qui, moralement, n’a plus rien à nous dire.
Je note toutefois, que des Juifs, des Israéliens et de nombreux citoyens d’Europe et des Etats-Unis dénoncent ces graves dérives. Des marées humaines ont manifesté dans diverses capitales occidentales, lorsqu’elles ne sont pas réprimées en faveur des Palestiniens. Ils représentent l’espoir pour que demain, les ponts entre nos peuples soient rétablis.
Dans ce conflit, les pays arabes peinent à peser sur le cours des événements. A part les réactions de l’Algérie et de la Tunisie, les autres sont plus ou moins timides. Les Emirats arabes unis se sont même rangés publiquement du côté israélien. Est-ce que la cause palestinienne ne fait plus recette ?
Pour comprendre le présent politique de nos pays, il faut connaître leur passé. Regardez un peu en arrière. Il y a une cinquantaine d’années, le monde arabe était dans un sous-développement effrayant et une majorité de ces pays sortait à peine d’une longue nuit coloniale.
Le choc de la modernité les a considérablement déstabilisés avec l’émergence d’une société impensée, d’un islamisme politique agité et d’un complexe identitaire confus.
Aujourd’hui, les nations arabes sont déchirées par leurs contradictions internes et leurs Etats sont largement dépendants de l’extérieur pour leur stabilité.
A part les pays du Golfe qui affichent des richesses insolentes mais qui ne pèsent que très peu démographiquement, les autres nations sont incapables d’agir souverainement.
La relation de la région MENA (Middle East and North Africa) avec l’Occident est complexe et dense à la fois. Il y a de très importants intérêts, humains et économiques, croisés.
Cette relation aurait pu être beaucoup plus fructueuse s’il n’y avait pas, à la base, le passif de la colonisation souvent mal géré et surtout l’érection immorale d’un État colonial et spoliateur dont le but était, dès le départ, de chasser et d’exterminer le peuple autochtone.
Ce qui est intrigant, c’est que cette Europe, tellement soucieuse de sa laïcité, fait semblant de croire en cette baliverne que les sionistes avaient en leur possession un livret foncier cadastré actant leur propriété sur la Palestine et délivré par Yahvé lui-même.
Quoiqu’il en soit, la cause palestinienne est et restera pour longtemps, l’élément fédérateur le plus puissant pour les peuples arabes. Elle joue également un rôle de stimulateur pour une prise de conscience des vrais enjeux.
Voyez ce que font les Gazaouis malgré des conditions carcérales ! Il y a de l’intelligence, de l’efficacité, de l’audace. Israël a été planté comme un aiguillon sur le flanc arabe. Nous sommes maintenant sommés de nous réveiller et de développer nos pays. Le cas échéant, nous serons de nouveau remis en esclavage !
Les attaques du Hamas contre Israël et la riposte israélienne ont-elles enterré la normalisation ?
Oui, clairement. Les accords d’Abraham ne verront pas le jour de sitôt. Je pense que l’Arabie saoudite recherchait un bon prétexte pour les refuser.
Prise en étau entre leur intérêt stratégique d’une part et leur alignement coûteux sur les intérêts américains d’autre part, il leur fallait une issue de secours.
Leur rapprochement avec l’Iran et leur intégration dans les BRICS ont protégé leurs arrières, Gaza leur a offert le bon prétexte politique pour refuser d’aller plus loin dans la normalisation !
De toutes les façons, Israël va se retrouver isolé sur le plan international. En dehors de l’Occident, la majorité des autres pays le désapprouvent. Toutes les consciences vivantes et libres de toutes les nations du monde condamnent Israël.
Cet État restera donc comme une greffe stérile et illégitime dans un milieu qui lui est hostile tant que les Palestiniens n’auront pas recouvré leurs droits inaliénables.
La solution à deux Etats est revenue au-devant de la scène après les attaques du Hamas samedi 7 octobre. Mais que reste-t-il vraiment de la Palestine aujourd’hui parce que ses terres ont été grignotées par les colons israéliens ?
Géographiquement, il reste peu de terres. Symboliquement, par contre, la Palestine est immense. Dans la théorie, il y avait la possibilité d’avoir un Etat binational, avec une citoyenneté unique.
Juifs et Palestiniens auraient pu vivre en bonne intelligence. Ce projet n’a plus aucune chance d’exister. D’autant plus, faut-il le préciser, que le mouvement sioniste est adossé à des croyances messianiques et considère les Juifs comme un peuple élu, dont la valeur est au-dessus de celle des goyim.
« Symboliquement, par contre, la Palestine est immense »
Le racisme est consubstantiel au sionisme. L’établissement de l’État d’Israël et la construction du temple de Salomon à la place d’El Aqsa ferait hâter le retour du Machia’h qui imposera le royaume de Dieu sur terre. Cette eschatologie est également un fonds de commerce pour les évangélistes néoconservateurs américains, dont la référence est essentiellement l’ancien testament.
Lorsque le réel viendra frapper à leurs portes, ces talmudistes réviseront leurs fantasmes. D’ici là, ils auront fait tout de même un mal incommensurable.
Je rappelle que pour les musulmans, les Juifs sont parmi les peuples du livre. Nombre d’entre eux refusent l’établissement d’Israël au nom de leur interprétation biblique.
C’est ainsi que le judaïsme avait prospéré dans les pays arabes et beaucoup d’entre eux s’étaient établis dans le Maghreb après la conquête chrétienne de l’Andalousie et la chasse aux morisques et aux marranes par l’inquisition qui s’en était suivie.
C’est à cause du décret Crémieux de 1870 que les Algériens de confession juive furent assimilés à la France coloniale bien qu’encore antisémite ! Sinon, il n’avait jamais été question d’Etat juif jusqu’à la constitution, à la fin du XIXe siècle, du mouvement sioniste.
L’Algérie a pris des positions fortes sur la Palestine, mais sa voix est inaudible. Pourquoi ? Est-ce que c’est à cause de son système médiatique ?
Votre question touche à un point sensible. L’Algérie n’a pas de système médiatique crédible malheureusement. Pourtant, dans les années 90, il y avait eu des progrès époustouflants en matière de presse.
Dans la dernière décade, des chaînes de télévision privées avaient commencé à prospérer, à faire des programmes nationaux, à intéresser les Algériens.
Aujourd’hui, il y a une grande régression. On sent les autorités très frileuses. Le Hirak est passé par là, et a laissé, j’imagine, quelques traumatismes.
« Le couple incompétence-corruption fait des ravages ! »
En tous les cas, cette situation n’est pas bonne. La presse écrite périclite, les médias sur le Net piétinent, empêchés de se développer par la désorganisation de la manne publicitaire et surtout par les verrous de la censure. J’ai souvent critiqué cet état de fait. Les habitudes et les anciens réflexes ont le cuir bien tanné !
Il nous faut en conséquence un véritable renouveau médiatique. Il faut passer un pacte entre l’Etat et tous les organes d’information, ouvrir les vannes de la créativité, arrêter d’harceler les rédactions.
Je sais que pour les dirigeants politiques, il est parfois difficile de supporter des critiques mais ce sont les règles du jeu si nous voulons construire un Etat de droit et une démocratie. A charge pour les médias de savoir prendre en considération les intérêts supérieurs du pays définis par la loi.
Maintenant, si la voix de l’Algérie reste inaudible malgré ses positions fortes, c’est qu’à la vérité, nous n’avons pas su, depuis 20 ans au moins, accompagner notre diplomatie, qui a été affaiblie délibérément, par une économie vigoureuse et ambitieuse à l’international.
Nous nous sommes recroquevillés dans notre carapace, et n’avons pas voulu laisser notre potentiel se développer. Trop de corruption, trop de vols, trop d’incompétence, trop de gâchis ont caractérisé la gestion du pays.
Il n’y a plus un seul secteur qui soit encore sain. Cette situation affaiblit le pays de l’intérieur. Le couple incompétence-corruption fait des ravages !
Quelle est la situation politique en Algérie à une année de la présidentielle de 2024 ?
Jusqu’à présent, les partis politiques observent la situation sans vraiment réagir. En dehors de l’actualité internationale, il n’y a presque rien de notable. J’observe une lassitude et une démission de nombreux acteurs.
Il faut reconnaître que peu à peu, l’espace politique s’est réduit comme peau de chagrin. Même les partis politiques du pouvoir sont marginalisés.
Mon sentiment est que le pouvoir a décidé d’affaiblir les partis et de réduire la scène politique à sa plus simple expression. Cette situation n’augure rien de très bon pour le pays à long terme, l’intérêt politique du court terme a primé.
Lors de l’échec de la candidature de l’Algérie aux BRICS, vous avez appelé à un « débat national authentique » pour trouver des solutions aux problèmes du pays. Votre appel a-t-il été entendu ?
Non et je le regrette.
Au moins deux initiatives pour renforcer le front interne ont été lancées. La première par le FFS et la seconde par Abdelkader Bengrina, le chef du mouvement El Bina. Avez-vous été sollicité pour prendre part à ces initiatives ?
L’initiative d’El Bina s’inscrit clairement dans une démarche à but électoral. C’est de bonne guerre, et si je ne m’y associe pas, malgré le fait d’avoir été sollicité, je ne la critique pas.
Pour l’initiative du FFS, j’ai eu le plaisir de recevoir M. Aouchiche et la délégation qui l’accompagnait pour en parler. Le FFS se propose donc de consulter en la forme bilatérale les partis politiques, puis d’établir une première synthèse en vue de proposer, de manière consensuelle, des réformes politiques et socio-économiques dont a besoin le pays.
Nous attendons donc les premières conclusions qu’il établira pour voir ce qui peut être fait collectivement.
Le pouvoir d’achat des Algériens ne cesse de se détériorer. La hausse des prix de certains produits comme le poulet qui a atteint des records cette année. Malgré les subventions massives et les hausses de salaires, les autorités peinent à améliorer le pouvoir d’achat qui reste faible. Quelles sont vos propositions ? Êtes-vous pour la hausse du SMIG par exemple ou faut-il d’abord améliorer la production avant d’augmenter les salaires ?
L’économie algérienne est dans une phase difficile. Il est vrai que grâce à la remontée des prix des hydrocarbures, les finances publiques se portent mieux.
D’un autre côté, les multiples restrictions aux importations ont permis de préserver une balance commerciale positive. Les réserves en devises ont également progressé. Donc apparemment les indicateurs macroéconomiques sont bons.
Pourtant, l’inflation fait des ravages surtout dans le secteur alimentaire. La machine productive rencontre de plus en plus d’obstacles administratifs et perd en productivité.
« Le gouvernement s’est lancé dans une politique de redistribution de la rente »
Le moral des investisseurs est au plus bas. Face à ces difficultés, le gouvernement s’est lancé dans une politique de redistribution de la rente. Augmentation des salaires et des retraites, soutien aux chômeurs, recrutement intensif dans la fonction publique (10 000 postes à l’université !)…
Ces actions semblent calmer un peu le front social mais charrient de nombreuses distorsions. Comme toujours, la bureaucratie stérilise les bonnes intentions et, plus grave, les retourne souvent à son profit.
Ce n’est donc pas l’intention du gouvernement qui est en cause mais son résultat naturel et attendu qui interroge. Lors de son passage devant l’APN, le Premier ministre a expliqué que l’inflation s’est aggravée parce que le gouvernement avait engagé la lutte contre les spéculateurs.
Autrement dit, les résultats sont à l’inverse de ses souhaits. Sincèrement, lui qui a été ministre des Finances, il devrait s’interroger sur l’efficacité de ses méthodes de gestion. Peut-être faudrait-il qu’il fasse l’inverse de ce qu’il croit pour avoir des résultats positifs ?
Bref, soyons sérieux. L’Algérie devrait mettre en place une véritable stratégie de développement économique en considérant les fondamentaux. Il serait trop long de développer ici un projet global aussi important.
Cependant, il faut bien comprendre que l’économie est faite par les investisseurs et non pas par les bureaucrates. Même en Chine où le pouvoir est géré par le parti communiste, l’économie est très largement ouverte.
Bien entendu, l’Etat doit garder en main tous les leviers de sa souveraineté sur les secteurs et entreprises stratégiques. Mais sans la confiance des opérateurs économiques, sans la liberté d’investissement, sans la levée de la bureaucratie et sans l’élimination de la corruption il n’y aura pas de véritable croissance ni emploi, ni élévation du niveau de vie.
Nous resterons dépendants des autres et perdrons tôt ou tard une partie de notre souveraineté. Pour l’instant, la politique du gouvernement est d’augmenter les pressions morales, fiscales et administratives sur l’entreprise.
Plus grave, il y a un retour avéré à la centralisation étatiques des moyens commerciaux et un retour aux monopoles. Ce qui est incroyable chez nous, c’est que plus la bureaucratie bloque la production et génère de la corruption, plus la volonté politique ne s’exprime que par un renforcement de la bureaucratie !
A ce rythme, l’Algérie n’intègrera ni les BRICS, ni l’OCS, ni deviendra attractive pour les investisseurs. Nous continuerons à pomper notre pétrole et notre gaz, à les vendre comme on peut puis à consommer ses revenus.
Le jour viendra alors où nos réserves d’hydrocarbures s’épuiseront (et nous n’attendrons pas longtemps pour cela) et il ne nous restera que les lamentations pour remplir nos ventres.
Bien entendu, ce jour-là, les populistes responsables de ces politiques pointeront du doigt les spéculateurs et les petits commerçants pour la faillite générale qu’ils auront eux-mêmes provoquée.
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