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Entreprises publiques : la dangereuse fuite en avant

Entreprises publiques : la dangereuse fuite en avant

Un nouveau règlement de la Banque d’Algérie relatif « aux opérations, instruments et procédures de politique monétaire » a été publié, lundi 29 janvier, au Journal officiel. À travers le nouveau texte, l’institution monétaire vise notamment à permettre aux banques publiques de se refinancer en utilisant les dettes qu’elles détiennent sur les entreprises publiques comme garantie.

Ces dernières années, l’État, faute de moyens financiers, a échangé la dette des entreprises publiques contre des bons du Trésor remis aux banques. Ces dernières, grâce au nouveau règlement, pourront désormais utiliser ces bons du Trésor comme « garantie » pour se refinancer auprès de la Banque centrale. Autrement dit, elles obtiendront de la monnaie en hypothéquant leurs bons qui représentent la dette des entreprises publiques chez elles.

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Cette décision va permettre de différer encore pour quelque temps la question de la dette colossale des entreprises publiques. Elle intervient dans un contexte marqué par un débat houleux sur les privatisations. D’un côté, le premier ministre Ahmed Ouyahia, réaliste, estime que beaucoup d’entreprises publiques n’ont plus rien à faire dans le giron de l’État. Elles sont déficitaires et coûtent de plus en plus cher à l’État.

De l’autre, Djamel Ould Abbes, populiste, affirme le contraire, sans toutefois dire comment l’État, en manque de moyens, va faire pour maintenir en activité des entreprises en difficulté et lourdement endettées, voire pour certaines en faillite. Le président Bouteflika est intervenu dans le débat, non pas pour l’arbitrer mais pour rappeler que la décision finale concernant les entreprises publiques lui revenait.

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La question ne concerne pas uniquement les petites entreprises. Même les grandes sociétés, dites « stratégiques », sont confrontées à des difficultés majeures. Sonelgaz peine à financer ses investissements. Air Algérie, régulièrement secouée par des mouvements sociaux, peine à être rentable.

Algérie Télécom, non seulement n’est pas rentable mais elle a un retard technologique de plusieurs années, à tel point que son management a annoncé récemment à grand renfort de communication l’arrivée de l’envoi de la facture par SMS comme une prouesse technique et marketing.

Même Sonatrach ne doit son salut qu’à ses recettes en devises qui cachent les nombreuses difficultés auxquelles elle est confrontée.

Ces entreprises et d’autres du secteur public ne sont pas confrontées uniquement à des problèmes financiers qui font d’elles des gouffres sans fin. Elles ont besoin d’être profondément restructurées pour jouer leur rôle d’entreprises orientées vers la rentabilité, et non d’instrument de la politique « sociale » du pouvoir. Mais restructurer des entreprises implique souvent un coût social élevé, avec des risques sur la stabilité. Il est peu probable que les autorités s’engagent sur cette voie dans le contexte actuel. En attendant, ces entreprises continueront de représenter une charge colossale pour tout le pays.

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