Économie

Entretien avec Fatouma Akacem, PDG du groupe Saidal

Fatoum Akacem est la PDG du groupe pharmaceutique public Saidal. Dans cet entretien, elle nous dit sur les préparatifs pour la production du vaccin russe contre le Covid-19 en Algérie.

Le gouvernement a désigné le groupe Saidal comme le partenaire exclusif du Fonds d’investissement russe pour la fabrication du vaccin Spoutnik V en Algérie. Quels sont les principaux projets ? 

La fabrication du vaccin fait partie d’une stratégie globale. Le défi pour nous, c’est sortir Saidal du modèle classique pour aller de l’avant. Ça veut dire qu’on va vers des classes thérapeutiques innovantes étant donné que l’État nous a donné de l’argent pour investir dans de nouvelles usines.

On ne va pas produire des médicaments sur la base des molécules classiques dans nos futures usines qui seront destinées aux nouveaux produits thérapeutiques et les classes où nous ne sommes pas présents actuellement, à savoir l’oncologie et les biosimilaires.

Parallèlement par rapport à tout ce qui est oncologie, nous avons des partenaires, et même une usine qui est en construction, pour préparer la production de la nouvelle gamme d’oncologie ainsi que les thérapies innovantes.

Nous avons aussi l’hormonothérapie, donc tout ce qui est insuline, et nous avons aussi un autre axe sur lequel nous n’étions jamais, c’est le vaccin. C’est un grand défi parce que la technicité nous l’avons, l’usine nous l’avons, les équipements nous les avons, maintenant c’est un axe où il faut aller chercher un transfert de technologies.

L’État a décidé que la fabrication du vaccin anti-Covid soit faite par Saidal avec les Russes. C’est une chance pour nous. Les Russes ont aussi suggéré une entreprise publique comme partenaire pour la notoriété et au fait que ce soit un domaine de santé publique.

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Le ministre de l’Industrie pharmaceutique Lotfi Benbahmed a annoncé que la fabrication du Spoutnik V en Algérie sera lancée en septembre prochain. Qu’en est-il des préparatifs ?

Nous sommes en train de négocier avec les Russes ainsi qu’avec d’autres partenaires qui pourront aussi nous transférer une partie de cette technologie. Nous sommes obligés de passer par d’autres parce que les Russes ont la technologie mais ils n’ont pas la capacité de production.

Donc ils veulent donner de la cellule souche jusqu’au produit fini. Tout en sachant que de la phase de cellule souche jusqu’au milieu du chemin et aller vers la répartition, ça peut prendre beaucoup de temps, entre 12 et 18 mois. Pour raccourcir le délai, nous sommes en train de négocier aussi pour faire la deuxième étape à partir du concentré qu’on va répartir sur les flacons.

C’est pour cette raison que nous sommes avec deux ou trois partenaires qui nous ont été référés par les Russes. Cette deuxième étape nous permettra d’être à jour au délai qui a déjà été donné par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, à savoir septembre 2021.

En plus du vaccin, quels sont les défis qui se posent à Saidal ? 

Nous avons trois grands défis. Le premier défi c’est d’abord reconquérir les parts de marché que nous avons perdues, puis aller à l’export. Avec les capacités que nous allons avoir avec les nouvelles usines, c’est réalisable. Il suffit juste d’avoir la bonne stratégie, les bonnes équipes et la bonne répartition au niveau des pays africains.

Le marché national et l’export, c’est le premier défi. Le deuxième défi c’est tous les types de partenariat pour aller dans des gammes différentes, dont le vaccin. Le troisième axe sur lequel nous travaillons beaucoup, c’est la recherche & développement (R&D). Nous avons un nouveau centre de R & D qui est achevé au niveau de Sidi Abdallah (Alger) et qui attend les équipements. Un appel d’offres a été lancé pour les acquérir. Ce nouveau centre sera d’un grand apport en tant que support technique et technologique aux unités de production.

Et le quatrième axe c’est la biotechnologie. Ce sont des études que nous réalisons pour démontrer que le générique est équivalent à la molécule mère. Ce sont des dossiers très importants qui permettent de donner de la confiance aux produits de Saidal génériques et de pouvoir aussi exporter. C’est un centre qui aura une double mission par rapport à la reconnaissance des produits de Saidal.

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Pour mener ces projets, le groupe Saidal a-t-il les compétences nécessaires ?

Nous avons la compétence. Depuis que je suis arrivée, j’ai fait beaucoup de changements. Je suis allée chercher la compétence à l’extérieur de l’entreprise. Il n’y a pas mieux que du sang neuf qu’on mélange avec les anciens qui ont l’expérience pour obtenir des idées neuves.

J’ai débauché des gens du privé pour les ramener au public. C’est aussi par rapport à la vision, aux encouragements, à la stratégie de Saidal et ainsi par rapport à certains salaires qu’on a essayé de battre.

 Il y a eu des mesures incitatives pour attirer des compétences ?

Il y a eu des mesures incitatives pour pouvoir attirer ces gens qui préfèrent parfois rester chez Saidal avec un salaire un peu moindre plutôt que d’aller chez le privé parce qu’il y a la garantie d’un plan de carrière.

Ils ont de l’ambition, ils voient qu’il y a beaucoup de choses à faire et en général les jeunes aiment les défis. Associés, avec les gens qui ont de l’expérience, ça fait un duo qui peut aller très loin.

Pour ce qui est de la formation, que fait Saidal ?

La formation est un grand volet. Nous avons un gros budget. Aussi, nous avons établi beaucoup de conventions avec les universités. Nous avons des clauses dans ces conventions pour faire des échanges d’expériences et de formations avec l’université.

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