search-form-close
Entretien avec Fethi Ghares, premier candidat déclaré à la présidentielle de 2019

Entretien avec Fethi Ghares, premier candidat déclaré à la présidentielle de 2019

À moins d’une année de la présidentielle de 2019, les candidats se font rares. La surprise est venue la semaine dernière du MDS. Le parti a annoncé sa décision de prendre part à la prochaine présidentielle. Son candidat, Fethi Ghares, revient dans cet entretien sur son parcours et son projet.

Beaucoup de gens ignorent qui vous êtes. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis un militant du Mouvement démocratique et social (MDS). J’ai adhéré au parti en 1998 à Mostaganem où je faisais des études en agronomie. En 2013, je suis devenu son porte-parole. Par rapport à ma génération, mon parcours n’est pas atypique. J’ai commencé à militer dans la mosquée. C’est là-bas que j’ai appris le travail collectif. À l’époque, je ne faisais pas la différence entre islamiste et laïque. Le FIS est venu par la suite. Il nous a embarqués.

Vous avez par la suite rompu avec l’islamisme…

En effet, j’avais alors 19 ans. Sur le plan politique, il y avait l’assassinat de Mohamed Boudiaf. Sur le plan intellectuel, ce sont mes lectures qui m’ont ouvert les yeux. Le FIS était en contradiction avec mes convictions.

Comment êtes-vous passé du FIS à un parti communiste ?

Chacun voit les choses à sa manière. Je n’ai jamais été lié organiquement au FIS. Il y avait toute une génération qui a été entraînée par ce qu’on a appelé le « rêve islamiste ».

Pourquoi vous vous présentez aux élections présidentielles ?

C’est le choix des militants. Il faut leur poser la question. Pour moi, quand l’institution décide, on doit se soumettre. J’ai accepté aussi parce que je pense être apte à mener cette bataille.

Donc vous n’avez jamais eu l’ambition de devenir président ?

On ne peut pas se présenter à une élection sans avoir une ambition. Quand j’ai commencé à faire de la politique, j’ai appris que quand vous avez une idée et que vous voulez qu’elle aboutisse, vous êtes le mieux indiqué pour la mettre en oeuvre.

Quelle est cette idée que vous portez ou le projet que vous défendez ?

Mon projet est celui du MDS et il est connu. Il s’agit d’en finir avec ce système qui est en train de spolier l’Algérie et fragiliser l’État, d’aller vers un large gouvernement de travail et vers un État de droit.

Qu’est-ce qu’un gouvernement de travail pour vous ?

Nous avons une économie fondée sur l’import-import, la fuite des capitaux et la surfacturation. 50% de l’économie nationale n’est pas sous le contrôle de l’État. Donc, il y a un problème de souveraineté. Un gouvernement de travail axera ses choix sur l’investissement. Il nous débarrassera de l’import-import. Personnellement, je propose de changer la monnaie.

D’autres partis politiques ont les mêmes revendications…

Aucun parti ne parle de manière claire et catégorique de la récupération de l’argent qui est à l’extérieur, du changement de la monnaie afin de bancariser l’argent de l’informel et récupérer les dus de l’État.

Le Parti des Travailleurs en parle régulièrement

Je vous rappelle que le Parti des Travailleurs était parmi les soutiens sans conditions à la politique du président Abdelaziz Bouteflika. Donc il y a un paradoxe. On ne peut pas apporter un soutien inconditionnel à une politique qui a installé l’Algérie dans un modèle économique fondé sur la spéculation, l’import-import, la fuite des capitaux, la fuite fiscale et l’enrichissement illicite et avoir ce genre de revendications.

Est-ce que vous réunissez toutes les conditions qui vous permettront de vous présenter ? Pourriez-vous collecter les signatures nécessaires ?

Ce n’est pas facile. Cela dit, rien n’est facile quand on fait de la politique en Algérie. Il faut ramener les 60.000 signatures. On vient de commencer la campagne. On n’est pas un parti de la chkara. Donc nous allons solliciter les citoyens. Le projet doit être collectif.

Vous êtes poursuivi en justice suite à un déplacement à Ghardaïa pour soutenir un militant des droits de l’Homme. En cas de condamnation, il vous serait impossible de vous présenter…

Est-ce qu’on doit s’adapter à la volonté du pouvoir ? Et bien que je pense que non. Ce n’est pas le pouvoir qui va dicter les choix du MDS.

Que feriez-vous si vous êtes condamné ?

On fera appel. C’est normal.

Est-ce que vous maintiendrez votre candidature si le président décide de se représenter pour un cinquième mandat ?

Je ne me positionne pas par rapport au pouvoir. Je suis là et j’ai des objectifs. Je travaille pour réunir tous les moyens pour arriver à mes objectifs. Je n’attends pas ce que va faire le pouvoir pour répondre. À la Coupe du Monde de football en 1982, tout le monde a misé sur l’Allemagne. Personne ne pensait que l’Algérie allait gagner. Je vais jouer même si j’aurais une chance sur cent. Il faut l’exploiter au maximum.

Pour certains, vous ne serez qu’une des lièvres de la présidentielle de 2019…

Je le suis pour ceux qui veulent qu’on ne fasse rien, qu’on reste à la maison et qu’on regarde. Je ne serai pas un spectateur.

  • Les derniers articles

close