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États-Unis : pourquoi Trump a limogé son secrétaire d’État Rex Tillerson

États-Unis : pourquoi Trump a limogé son secrétaire d’État Rex Tillerson

Rex Tillerson, secrétaire d’État américain, n’a pas eu le temps de terminer sa première tournée africaine. Il a été limogé, à la surprise générale, et remplacé par le chef de la CIA Mike Pompeo.

Tôt dans la matinée d’hier, le président Donald Trump a annoncé la nouvelle sur son compte twitter. « Mike Pompeo va être notre nouveau secrétaire d’État. Il va faire un travail fantastique. Merci à Rex Tillerson pour ses services. Gina Haspel va devenir la nouvelle directrice de la CIA. Elle sera la première femme à l’être. Félicitations à tous », a-t-il écrit sans expliquer ses choix.

Rex Tillerson est resté treize mois et douze jours à la tête du secrétariat d’État. Il ignore, selon l’AFP, les raisons de son limogeage.

La chaîne CNN a rapporté, citant des sources, que Trump ne faisait pas confiance à Tillerson et qu’il avait Pompeo en tête depuis des mois pour qu’il prenne le secrétariat d’État.

« Je pense que Mike Pompeo sera réellement un grand secrétaire d’État. J’ai une totale confiance en lui. Je souhaite que Rex Tillerson se portera bien », a déclaré, presque ironique, le président américain à CBS News. Mais pourquoi Trump ne faisait-il pas confiance à Tillerson ?

La Corée du Nord et l’Iran, facteurs de division

« Depuis quelques semaines, ça n’allait pas entre Trump et Tillerson. Tillerson préfère le pouvoir doux. C’est lui qui a convaincu la Chine de jouer un rôle vis-à-vis de la Corée du Nord. Trump représente la ligne dure de la politique étrangère américaine. Il trouvait Tillerson mou par rapport à la Corée du Nord. Pompeo va dans le même sens que Trump. C’est un dur. Il a des atomes crochus avec Trump, sont d’accord sur la manière de mener la politique américaine », a expliqué Donald Cuccioletta, un chercheur, à Radio Canada.

Trump veut, selon lui, aller aux « négociations » avec son homologue nord-coréen Kim Jong-Un (en mai prochain), entouré d’une équipe qui partage ses points de vue presque inflexibles sur la question de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord.

« Il veut parler avec les Nord-Coréens en maintenant la ligne dure. Il pense qu’ils se sont plier face à sa détermination mais il a oublié que c’est la façon soft de Tillerson qui a convaincu les Chinois », a ajouté Donald Cuccioletta.

Tillerson semble faire les frais de sa défense publique du maintien de l’accord sur le nucléaire iranien (signé à Vienne en 2015) alors que Trump veut « déchirer » ce plan dont le but, à terme, est de lever les sanctions économiques sur l’Iran.

En janvier 2018, Rex Tillersion a déclaré à l’Associated Press (AP) que les États Unis travaillaient avec des législateurs sur une solution légale pouvant lui permettre de « rester dans l’accord sur le nucléaire iranien ». « Le président a dit qu’il allait soit réparer, soit annuler l’accord. Nous sommes en train d’essayer de tenir la promesse qu’il a faite pour le réparer », a-t-il déclaré.

Tillerson a traité Trump de « débile »

L’ex-secrétaire d’État n’était pas d’accord avec le président sur la question de l’accord de Paris sur le climat. La Maison-Blanche s’est retirée de cet accord au milieu d’une forte désapprobation internationale.

Contrairement à Trump, qui a renforcé ses liens avec l’Arabie saoudite après une visite à Riyad couronnée par la signature historique d’un paquet de contrats d’une valeur globale de 380 milliards de dollars en mai 2017, Tillerson ne voulait pas que les États-Unis s’alignent sur les positions saoudiennes dans la crise avec le Qatar.

Il a alors offert une médiation en soutenant l’initiative du Koweït alors que Trump trouve que le Qatar est « trop proche de l’Iran », accusé publiquement de « financer le terrorisme ».

Homme rigoureux, Tillersion, ex-PDG du géant pétrolier ExonMobile, est connu par sa gestion structurée des dossiers internationaux basée sur la persuasion. D’ailleurs, Trump a déclaré, lors de la nomination de Tillerson au département d’État, qu’il confiait le portefeuille de la diplomatie à « un homme d’affaires, sans expérience politique ni militaire mais rompu à négocier les deals à l’étranger ».

Durant l’été et l’automne 2017, les relations entre les deux hommes se sont détériorées rapidement au point que Tillerson traite Trump de « débile », lors d’une réunion au Pentagone, selon NBC News. Il a menacé de démissionner. En décembre 2017, le New York Times a rapporté que Trump envisageait de remplacer Rex Tillerson par Mike Pompeo.

Un projet minutieusement préparé par l’énigmatique John Kelly, chef de cabinet à la Maison-Blanche. Général à la retraite, Kelly a occupé pendant six mois, en 2017, le poste de secrétaire à la sécurité intérieure des États.

Il est sur la même ligne dure que Trump ou Pompeo. Le président américain, en guerre contre les « fake news », a trouvé le moyen de démentir ce qui se racontait à l’époque au sujet de Tillerson. « Info bidon ! Il ne part pas et si nous sommes en désaccord sur certains dossiers, c’est moi qui décide à la fin. Nous travaillons bien ensemble et l’Amérique est de nouveau très respectée ! », a-t-il tweeté. « L’info bidon » s’est avérée vraie…

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