Économie

Export : « Les directives du président sont restées lettre morte »

Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé dimanche 20 septembre la révision de la Loi sur la monnaie et le crédit (LMC). Plus de six mois après, aucun projet de réforme de cette loi n’a été annoncé par le gouvernement.

Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri déplore que des instructions du président ne soient pas suivies d’actes sur le terrain, pour faciliter l’acte d’exporter, dans un contexte de baisse des réserves de change du pays, conséquence du fort recul des exportations de pétrole et de gaz.

« Nous sommes toujours au point mort concernant (la réforme de) la réglementation des changes », a déploré dimanche 28 mars, Ali Bey Nasri, dans un entretien à la Radio algérienne Chaîne III, en rappelant que la réglementation des changes est « le principal verrou » qui empêche le développement des exportations hors hydrocarbures.

« Nous sommes au stade zéro » 

« Nous sommes encore au stade zéro, dans une situation antérieure, nous sommes toujours régis par un règlement qui date depuis pratiquement 14 ans (2007) », relève M. Bey Nasri. Une réglementation, a-t-il asséné, qui n’est « pas en phase avec ce qui devrait être pour encourager les exportations ».

Les instructions du président de la République du 18 août au Palais des nations sont restées « lettre morte », a-t-il dénoncé. « Il (le président de la République) a dit textuellement « nous allons encourager les exportations ». Cet encouragement n’est pas traduit sur le terrain », regrette Ali Bey Nasri.

En sa qualité de membre représentant de l’Anexal au sein du comité de pilotage de la stratégie des exportations, Ali Bey Nasri a participé à l’élaboration d’une synthèse recensant les obstacles à lever en matière de réglementation des changes.

« Malheureusement, nous avons eu des échos extrêmement défavorables », regrette Ali Bey Nasri, qui égrène les obstacles qui doivent être levés en matière de réglementation des changes.

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« D’abord, pointe-t-il, le règlement 14/04 relatif à l’investissement et l’ouverture de bureaux de représentation. Or, il faut que l’on comprenne définitivement que l’internationalisation d’une entreprise algérienne est un levier de croissance pour l’économie du pays », expose Ali Bey Nasri.

« On ne peut pas interdire aux opérateurs algériens qui ont atteint un stade de maturité à l’international de ne pas investir. Tous les pays cherchent actuellement à investir à l’étranger et tous savent quels en sont les bienfaits pour le développement des exportations, sauf notre pays », critique le président de l’Anexal qui déplore l’Algérie à travers certains lois et règlements qui confinent les entreprises locales et les empêchent d’aller à la conquête des marchés extérieurs.

Le représentant des exportateurs algériens met en cause la Banque d’Algérie (BA) qui invoque des réserves de change déjà très entamées. « Nous avons demandé à utiliser les comptes devises, pourquoi on ne le fait pas ? », demande-t-il.

Dépénalisation de l’acte d’exporter

Le deuxième aspect jugé « aussi contraignant » pour l’exportation, tient à la dépénalisation de l’acte d’exportation, complète Bey Nasri. « Nous avons demandé un amendement de l’ordonnance 96/22 qui assimile une insuffisance de rapatriement de capitaux de 2 000 ou 4 000 dollars à une fuite de capitaux », détaille-t-il.

Les exportateurs ont suggéré que les exportateurs assurés par la Cagex (assurance exportations) ne soient pas poursuivis au sens de l’ordonnance 96/22. Ils argumentent cette demande par le fait que ladite ordonnance est venue après la création de l’assurance Cagex et qui compte parmi ses actionnaires les banques publiques.

« Tout simplement, un assuré Cagex ne doit pas être poursuivi », propose Ali Bey Nasri qui explique que la plupart des exportateurs sont nouveaux et font leur apprentissage des rouages de l’acte d’exporter. Tenant le chiffre du ministre du Commerce lui-même, Ali Bey Nasri a précisé que sur 1 200 exportateurs algériens, « pratiquement 1 150 font leurs premiers pas à l’export ».

Pour dépasser les obstacles liés à l’exportation, le président de l’Anexal réclame que la Banque d’Algérie (BA) fasse preuve de « réactivité », relevant que la réglementation « est une chose et son interprétation sur le terrain en est une autre ».

M. Bey Nasri résume ainsi la stratégie de la BA en matière d’encouragement des exportations. « Nous sommes très forts dans la communication, mais très faibles dans l’action »

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