Un autre organisme agricole français confirme la baisse drastique, voire le « blocage total », des exportations de blé à destination de l’Algérie, qui était auparavant un partenaire de choix pour cette filière en France. L’Algérie ne fait visiblement plus « de retour aux réponses » des producteurs français « aux appels d’offres » lancés par l’OAIC.
C’est ce qu’a révélé Alain Caekaert, directeur général de Cérévia, l’union de commercialisation de quatre coopératives agricoles majeures de Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes, unissant les efforts de 17.000 agriculteurs pour valoriser leurs productions.
« Lorsque nous répondons aux appels d’offres, nous n’avons aucun retour sur nos dossiers »
Dans une déclaration rapportée ce lundi 26 mai par le média français Bien Public, ce responsable a rappelé que le marché d’exportation vers l’Algérie représentait environ 9 millions de tonnes de blé chaque année, qualifiant l’Algérie de partenaire de choix pour la filière, notamment bourguignonne.
Mais aujourd’hui, poursuit-il, « cette destination est purement et simplement fermée », soulignant que les difficultés « ont commencé en 2020 », avec une baisse des exportations françaises vers l’Algérie « de 5 à 6 millions de tonnes en 2019 à 2 millions de tonnes (en 2020) ».
« Aujourd’hui, c’est zéro », regrette-t-il. Et pour expliquer ce blocage total, l’intervenant indique que lorsque les distributeurs français répondaient aux appels d’offres d’achat de blé lancés par l’Algérie, « nous n’avons aucun retour sur nos dossiers ».
D’ailleurs, il affirme qu’il n’a pas le souvenir d’un blocage total comparable dans la filière. Désormais, le marché français du blé est contraint de trouver des solutions pour combler ce déficit export, se tournant notamment vers le Maroc qui est un « marché à cultiver », selon le même intervenant.
Le blocage du blé français en Algérie est-il lié aux tensions entre Paris et Alger ?
Bien que ce blocage soit très probablement lié à la crise politique et diplomatique entre les deux pays, Alain Caekaert n’a pas souhaité faire de commentaire politique, se contentant de préciser que la situation algérienne vient s’ajouter à d’autres difficultés que rencontre l’agriculture régionale française, dont « les faibles rendements de 2014 ».
En avril dernier, des traders européens, cités par l’agence Reuters, ont rapporté que « le blé français n’avait pas été accepté dans un appel d’offres de l’Algérie », une situation qui rend plus difficiles les ventes de blé français à l’international.
Les négociants avaient affirmé que l’Office algérien des céréales (OAIC), qui gère les importations de céréales en Algérie, a « tacitement exclu » du blé et des « entreprises françaises » de ses appels d’offres en raison du regain des tensions diplomatiques entre Paris et Alger début avril.
En octobre dernier, l’OAIC a été également accusé d’avoir exclu le blé français d’un appel d’offres, ce que l’Office algérien avait démenti à l’époque.