
On en parle peu, mais l’Algérie exporte aussi des services, et dans une proportion qui monte d’année en année. Les performances de ce secteur sont insoupçonnées, passant même devant l’exportation de biens hors hydrocarbures en 2024.
Les exportations de services sont portées par les grands groupes énergétiques mais aussi par les jeunes prodiges en nouvelles technologies.
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Selon les chiffres des comptes économiques 2021-2024 que vient de publier l’Office national des statistiques (ONS), l’Algérie a exporté en 2024 pour 566,1 milliards de dinars (4,3 milliards de dollars) de services, alors que les exportations de biens hors gaz et pétrole se sont élevées, durant la même période, à 489,6 milliards de dinars (3,7 milliards de dollars).
“Les exportations de services ont connu une croissance en volume de 14,3 % en 2024, marquant une nette amélioration par rapport à l’augmentation limitée de 1,4 % en 2023”, constate l’ONS, soulignant toutefois que “cette performance positive reste cependant insuffisante pour compenser la baisse globale des exportations de biens”.
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Chute des exportations de biens hors hydrocarbures
En 2024, les exportations d’hydrocarbures de l’Algérie se sont élevées à 6111,5 milliards de dinars (47,1 milliards de dollars), contre 6.828,4 milliards de dinars (52,6 milliards de dollars) en 2023.
Les exportations de biens hors hydrocarbures ont pour leur part fortement chuté pendant la même période, passant de 998,8 milliards de dinars en 2023 à 489,6 milliards de dinars en 2024. Les exportations de services ont en revanche connu une hausse appréciable.
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Ce segment est en fait sur une courbe ascendante depuis 2021, année où le pays avait exporté pour 429,9 milliards de dinars de services. Le montant est passé à 517,3 milliards DA en 2022, puis à 524,5 milliards en 2023 et enfin à 566,1 milliards de dinars l’année passée.
L’économiste Brahim Guendouzi, professeur à l’université de Tizi-Ouzou, évoque dans une déclaration à TSA une “année exceptionnelle” pour les exportations de services de l’Algérie.
Les piliers du secteur des services
L’ONS ne détaille pas les types de services exportés, mais Brahim Guendouzi donne des indications. Pour lui, il s’agit de l’expertise en matière d’ingénierie pétrolière et gazière, les prestations liées à la logistique dans la gestion portuaire et aéroportuaire et les services numériques.
L’économiste note l’essor des exportations algériennes de services numériques ces trois dernières années, “grâce à des plateformes digitales à travers lesquelles de nombreux informaticiens algériens proposent des solutions technologiques, soit en freelance, soit par l’intermédiaire de sociétés ayant reçu le label startup”.
Selon M. Guendouzi, les exportations algériennes de services se scindent en deux grandes catégories.
Il y a d’abord les services réalisés par de « grandes entreprises énergétiques comme Sonatrach, Sonelgaz, Enafor…, liés à l’expertise en infrastructures pétrolières et gazières ». À ces services, s’ajoutent ceux « d’ingénierie et de construction et ceux des laboratoires certifiés qui proposent des analyses techniques et scientifiques pour des clients étrangers en géologie, hydrologie, environnement, etc ».
Dans la même catégorie, l’économiste cite les services de fret aérien et maritime ainsi que l’assistance technique dans la gestion portuaire et aéroportuaire fournie à des sociétés étrangères dans la consignation de marchandises, la manutention, le remorquage, la maintenance…
Dans la seconde catégorie, Brahim Guendouzi place une panoplie de services dans la communication, le marketing et le numérique. Il cite les contenus audiovisuels réalisés pour des plateformes ou médias internationaux et les campagnes publicitaires pour des marques étrangères proposées par des agences algériennes.
Les nouvelles stars du numérique algérien
Mais il y a surtout l’accélération de l’exportation de services numériques grâce à l’émergence des startups, à travers des prestations liées au développement web, des applications mobiles, le design graphique, la cybersécurité, le cloud computing, détaille l’économiste. Aussi, beaucoup de jeunes vendent leurs compétences en freelance sur des plateformes internationales, dans différents domaines du digital.
De nombreuses jeunes entreprises qui proposent des solutions technologiques à l’international sont encouragées par le fait que ce genre de services digitaux sont particulièrement attractifs en n’étant pas soumis aux mêmes contraintes que les biens physiques comme la logistique et le dédouanement, explique-t-il.
De plus, ces jeunes et ces startups bénéficient d’une rétrocession à 100 % des revenus en devises.
Aujourd’hui, l’Algérie commence réellement à se faire une place dans l’exportation de services numériques “grâce à son vivier de jeunes talents et à la montée en puissance des startups”, note Brahim Guendouzi.