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Extradition d’un prince saoudien : l’affaire qui embarrasse le Maroc

Extradition d’un prince saoudien : l’affaire qui embarrasse le Maroc

L’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a démenti, dimanche, avoir émis un mandat d’arrêt international contre Turki Ben Bandar, prince saoudien arrêté par le Maroc en 2015 puis extradé vers l’Arabie saoudite, rapporte le journal américain le Washington Post.

« Le gouvernement marocain a récemment déclaré qu’il avait extradé le prince Turki bin Bandar vers l’Arabie saoudite afin qu’il se conforme à un mandat d’Interpol. Mais dans une déclaration, Interpol a déclaré qu’il n’avait publié aucun avis à son sujet, ni pour lui, ni pour les princes Saud et Sultan », écrit le Washington Post.

L’annonce effectuée par Interpol met les autorités marocaines dans l’embarras, puisqu’elle remet en cause la ligne de défense utilisée pour justifier l’extradition du prince. La disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, après son entrée au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie), avait remis la lumière sur les « mystérieuses disparitions » de dissidents saoudiens exilés. Parmi eux, le prince Turki ben Bandar ben Abderrahmane al Saoud.

Le prince Turki ben Bandar était un ancien haut responsable de la police saoudienne et chef de la sécurité de la famille royale saoudienne avant qu’une querelle autour d’une question d’héritage ne le pousse à quitter l’Arabie saoudite pour la France, rapportait le journal britannique The Guardian en 2016.

En 2009, il lance des appels pour des réformes publiques dans son pays, apparaissant en mars 2011 sur un média iranien et publiant jusqu’en 2015 des vidéos critiques du pouvoir saoudien sur Youtube. La même année, il se déplace au Maroc pour un voyage d’affaires et disparait.

L’affaire est relativement oubliée jusqu’à ce que le journal Le Monde n’affirme, dans le sillage de la disparition de Khashoggi, que le prince Turki ben Bandar « a été discrètement arrêté au Maroc par les autorités locales, puis transféré vers l’Arabie saoudite ».

L’information du journal français fait immédiatement réagir le gouvernement marocain, qui affirme le lendemain de la publication de l’article que le prince Turki ben Bandar été arrêté à l’aéroport de Casablanca le 11 novembre 2015 en raison d’un « mandat international délivré le même jour par Riyad pour atteinte à l’ordre public via Internet et à des crimes financiers ».

« Ce n’est pas une disparition, comme l’ont décrit certains médias, mais une procédure normale », avait déclaré le ministre marocain de la Justice, Mohamed Aujjar, cité par l’Associated Press. « Les deux phases, administrative et judiciaire, ont été respectées après l’arrestation de celui-ci sur la base d’un mandat d’arrêt international », a-t-il ajouté. « La Cour suprême du Royaume avait ordonné l’extradition de Turki Ben Bandar et son arrestation a été menée conformément à des procédures judiciaires strictes », a également affirmé le ministre marocain.

« Le Maroc tient à rappeler que tous les actes d’extradition se fondent toujours sur une décision de justice, conformément aux procédures internationales et dans le respect total de la législation nationale garantissant les droits et libertés fondamentales à tous les justiciables », a affirmé de son côté un communiqué du ministère de la Justice marocain, cité par le média marocain le Desk.

L’information du Washington Post a également été confirmée par le média marocain Yabiladi auprès d’Interpol, qui affirme « le secrétariat général d’Interpol n’a pas émis de notice de quelque nature que ce soit, ni de diffusion relative à cette personne ».

« Interpol n’émet pas de mandat d’arrêt […] Les diffusions de notices rouges et de personnes recherchées ne sont que des alertes et les pays membres ne sont pas obligés de donner suite à ces demandes », a indiqué par ailleurs Interpol au média marocain. Le démenti d’Interpol jette ainsi un sérieux discrédit sur les affirmations du Maroc.

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