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Flambée du covid-19 : le Pr Kamel Bouzid avertit contre un scénario catastrophe

Flambée du covid-19 : le Pr Kamel Bouzid avertit contre un scénario catastrophe

Face à la recrudescence des contaminations au covid-19 en Algérie, le Pr Kamel Bouzid, chef du service d’oncologie au CPMC d’Alger, met en cause la baisse de vigilance.

Pour l’oncologue, la situation est préoccupante, pointant du doigt « un défaut de préparation » des autorités 

Comment qualifiez-vous la situation épidémiologique due au covid en Algérie ?

On fait face à une flambée du covid-19. Plusieurs épidémiologistes parlent d’une 3e vague que nous constatons sur le terrain. Beaucoup de services qui avaient été exclus du covid sont actuellement surchargés et, apparemment, cela va continuer.

Pour le moment, nous ne vivons pas la situation catastrophique comme dans les pays voisins, mais cela risque d’arriver. C’est pourquoi il est impératif de se faire vacciner pour atteindre ce qu’on appelle l’immunité collective.

Et ce quel que soit le vaccin disponible. Il y a en Algérie le Spoutnik V, le Sinopharm, le Sinovac et l’AstraZeneca. Il faut qu’on cesse de parler de guérisons parce qu’on s’aperçoit maintenant qu’il y a des manifestations tardives, ne serait-ce que la fatigue et l’asthénie qui retentissent lourdement sur la santé de nos concitoyens infectés par le covid.

Au lieu de parler de guérisons, parlons du nombre de sujets vaccinés.

On a constaté un manque d’oxygène dans certains hôpitaux. Les professionnels de la santé pointent une mauvaise préparation. Quel est votre commentaire ?

On a effectivement baissé la garde. Le port du masque obligatoire a été abandonné en croyant qu’on était sorti de l’épidémie, alors qu’on est en train de faire face à une 3e vague désastreuse.

Trouvez-vous normal qu’il y ait manque d’oxygène dans les hôpitaux ?

Il est tout à fait clair qu’il y a un défaut de préparation. On a baissé la vigilance alors que les professionnels n’ont de cesse de prévenir. Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation très difficile.

Peut-on parler d’échec ?

Oui, on peut le dire comme ça. Il faut dire que ce virus n’est pas connu du tout, et qu’il a fait des désastres partout dans le monde. Il est vrai qu’on aurait pu faire mieux en ne baissant pas la garde. Aussi bien de la part des autorités que des citoyens.

Votre message aux citoyens…

L’urgence c’est que tous les citoyens adoptent les gestes barrières : le port du masque, le lavage des mains à l’eau savonneuse ou à la solution hydroalcoolique et le respect de la distanciation physique en évitant les rassemblements, notamment durant cette saison des mariages.

Il y a eu plusieurs cas de contaminations de familles entières par ce biais (mariages, enterrements,…). Il faut dire aussi que la campagne pour les législatives (12 juin) a réuni des centaines de personnes dans des salles fermées, sans mesure de distanciation sociale. Je pense que c’est en partie à l’origine de la flambée actuelle.

Et votre message aux autorités sanitaires ?

Eh bien à redoubler d’effort et de sensibiliser la population pour expliquer que le danger est devant nous.

Quelle est votre évaluation de la campagne vaccinale anti-covid ?

Il n’y a pas de chiffres. On nous dit que tant de doses sont arrivées en Algérie. On ne connaît pas le nombre de personnes qui ont reçu la première injection et ceux qui en ont reçu la deuxième. Chose qui se fait pourtant dans tous les pays.

Il faut nous expliquer pourquoi la communication est défaillante. Des vaccinodromes ont été installés mais les citoyens n’ont pas l’air de se bousculer pour se faire vacciner. Probablement parce qu’il y a un problème de communication et de sensibilisation, que ce soit sur les mesures barrières ou bien concernant la vaccination.

On nous parle de vaccins à la fin 2021, c’est encore loin et on risque d’avoir à nouveau le nombre de cas qui explose.

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