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Forums d’affaires entre Algériens et étrangers : une perte de temps

Forums d’affaires entre Algériens et étrangers : une perte de temps

Encore un forum d’affaires à Alger. Cette fois, ce sont les investisseurs du pays des Vikings qui ont pris la peine de venir voir de plus près ce que peut bien offrir comme opportunités de business cette lointaine Algérie.

Organisé par le FCE et la Confederation of Danish Industry (DI), le forum d’affaires algéro-danois a débuté ce mercredi 7 mars à Alger de la manière la plus solennelle qui soit. Les Danois sont emmenés par le premier de leurs ministres et, côté algérien, il y a aussi du beau monde, avec notamment le patron des patrons et le chef de la diplomatie.

Un séjour sur la côte Sud de la Méditerranée sous le soleil de mars, c’est le dépaysement garanti pour qui vient de la froide Scandinavie. Pour le reste, il faudra voir. Car on n’en est pas au premier forum du genre où le potentiel de l’Algérie et son attractivité sont vantés des jours durant, des accords de principe signés, des engagements pris, pour si peu de résultats.

Britanniques, Turcs, Français et autres sont passés par là et peuvent bien témoigner que la concrétisation des professions de foi faites à l’occasion de tels conclaves n’est pas toujours au rendez-vous. L’investissement étranger en Algérie reste circonscrit aux hydrocarbures. Pour les autres secteurs, les opérateurs étrangers préfèrent vendre que de produire et cela dure depuis des décennies, à de rares exceptions près.

Même la supposée industrie automobile dont on parle tant, il n’a pas fallu beaucoup de temps à tout le monde, le gouvernement compris, pour se rendre compte qu’il s’agit d’une autre forme de maintenir l’importation de véhicules à son plus haut niveau.

Une question s’impose dès lors : à quoi servent ces forums d’affaires organisés régulièrement avec la même ferveur et la même promesse d’un nouveau départ pour l’investissement ?

A priori, c’est pour faire découvrir le potentiel du pays aux investisseurs, effacer les clichés, lever les appréhensions, mettre en contact les opérateurs des deux bords. On n’en doute pas que c’est ce qui sera fait lors de cette rencontre avec les Danois, tout comme ce fut le cas lors des précédentes. Les nombreuses délégations d’hommes d’affaires qui ont défilé ces dernières années en Algérie ont eu droit au même beau discours puis, hélas, aux mêmes embûches une fois sur le terrain.

On ne reparlera pas de cette fameuse règle 51/49 qui, au moins, a le mérite d’être incluse dans une loi consignée noir sur blanc, donc connue de tout investisseur avant de s’aventurer en Algérie. Le capital est lâche dit-on, mais il a surtout horreur des surprises, les mauvaises notamment. Or, on ne peut pas dire que la stabilité constitue le point fort de la législation algérienne en la matière.

Le gouvernement donne parfois l’impression de naviguer à vue, sans réelle stratégie. Le parfait exemple, ce sont ces péripéties qui ont accompagné le dossier de l’industrie automobile depuis son lancement. On a résolument décidé que seuls cinq agréments seront attribués, pour voir le chiffre multiplié par huit, sans explication aux opérateurs pris de court, encore moins à l’opinion.

Si pour la fiscalité, il y a un semblant de constance, c’est loin d’être le cas pour la législation financière. En plus des pertes de change dues à la volatilité de la monnaie nationale, les opérateurs étrangers doivent faire avec les caprices de la Banque d’Algérie pour la domiciliation de leurs opérations et surtout le transfert de leurs dividendes.

La bureaucratie se charge d’achever les plus tenaces. Elle ne connaît pas la ségrégation et même ceux qui viennent pour créer de la richesse et aider le pays à amorcer son développement n’y échappent pas. Comble de l’ironie, ceux qui arrivent à se frotter à toutes ces tracasseries sont les plus chanceux. Les autres, plus nombreux sans doute, leur aventure s’arrête aux portes de nos consulats qui ont fait du visa d’entrée en Algérie un sésame difficile à obtenir. Même pour un homme d’affaires.

Organiser des forums d’affaires avec en arrière-plan tant de tares et d’insuffisances, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Les investisseurs ne s’engagent pas dans l’inconnu sur la foi de ce qui se dit dans ce genre de rencontres protocolaires.

Les notations pointilleuses du climat des affaires de chaque pays que font régulièrement des agences spécialisées ont plus de crédit à leurs yeux. Hélas, dans ce type de classements, l’Algérie figure souvent dans le peloton des cancres de la classe.

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