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France : la théorie du complot s’immisce de manière inédite dans l’attentat de Strasbourg

L’attentat perpétré à Strasbourg (est de la France), mardi soir, a fait trois morts et 13 blessés. Un homme armé a tiré sur des passants en plein cœur de la ville avant de prendre la fuite et d’être toujours recherché jusqu’à présent.

Si le caractère terroriste de la fusillade était confirmé, il s’agirait de la troisième attaque du genre cette année et de la seizième depuis l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Si chacun de ces incidents est en général accueilli négativement par une frange d’amateurs de théories du complot, l’attaque de Strasbourg se distingue par le degré jusque-là inédit de scepticisme atteint au sein de la population française quant au timing de l’attentat.

L’attaque de Strasbourg intervient en effet en plein contexte d’importante crise sociale touchant la France. Le mouvement de contestation des dénommés « Gilets jaunes » a vu ces dernières semaines la mobilisation de dizaines de milliers de Français ordinaires réclamant de manière générale la baisse des inégalités et l’amélioration de leur niveau de vie. La contestation a connu ses pics lors de plusieurs manifestations violentes dans la capitale Paris, notamment autour du célèbre Arc de Triomphe.

Cette mobilisation a mené le gouvernement français à faire machine arrière sur plusieurs hausses de taxes ainsi que sur d’impopulaires réformes prévues, et a même poussé le président français Emmanuel Macron à effectuer son mea culpa et à annoncer notamment des mesures telles que la hausse de 100 euros du salaire minimum dans une allocution suivie par plus de 23 millions de téléspectateurs, soit plus que la finale de la Coupe du Monde remportée par la France.

Très attendue, l’allocution du président Macron prononcée lundi 10 décembre n’a cependant pas totalement convaincue les Gilets jaunes de cesser leur contestation et ont annoncé une nouvelle mobilisation prévue ce weekend en France. Un acte V supposée maintenir la pression sur le gouvernement et le président français.

C’est donc dans ce cadre que l’attaque du Strasbourg, survenue 24 heures après l’intervention du président Macron devant les Français, a poussé une frange plus importante qu’à l’habitude à douter du mobile derrière l’attaque potentiellement terroriste. C’est ainsi que des théories du complot fusent sur les réseaux sociaux et en public ces derniers jours autour de l’attaque, repris par plusieurs médias français.

« Ne nous laissons pas impressionner par cet attentat monté de toutes pièces par les services secrets », a également écrit un ‘’gilet jaune’’, théorisant le fait que l’Exécutif a volontairement fait tuer des innocents pour détourner l’attention, alors que l’acte V du mouvement se prépare pour samedi », écrit le journal strasbourgeois Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA).

« Vous ne trouvez pas étrange cet attentat alors que le gouvernement est menacé ? Je parierais qu’ils vont interdire l’acte 5 ! », a estimé un autre internaute cité par Valeurs Actuelles. « Je n’y crois pas une seule seconde, c’est pour étouffer la crise et le mouvement », estime de son côté un facebookeur.

Un journaliste de l’AFP a également compilé plusieurs messages sur le réseau social Facebook de Gilets jaunes sceptiques quant au mobile de l’attaque, le qualifiant notamment de « coup monté », de « diversion », et affirmant que « tout est planifié ».

Le responsable de l’un des groupes de Gilets jaunes les plus importants sur Facebook a également remis en cause l’attaque sur Strasbourg, affirmant dans une vidéo diffusée en ligne que « si c’était un attentat, dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat, vraiment, il n‘attend pas qu’il y ait trois personnes dans la rue le soir à 20h ».

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