Presque un an après l’élection présidentielle française, un congrès de refondation du Front national – fondé par Jean-Marie Le Pen il y a 46 ans – s’est tenu, dimanche 11 mars, à Lille. Seule candidate à sa propre succession et donc réélue à la présidence du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, fille du co-fondateur, a proposé lors de ce 16e congrès du parti de rebaptiser le Front national « Rassemblement national ».

Une opération « lissage » et « dédiabolisation » assumée par les cadres du FN. « Ce changement de nom proposé aux adhérents du FN peut correspondre à un changement de dimension du FN bien réel », insistait Nicolas Bay, vice-président du Front national et député européen, invité de Soir 3 dimanche.

Manque d’imagination, selon Jean-Marie Le Pen 

Si ce choix devra maintenant être entériné par un vote par correspondance des militants dans les prochaines semaines, il suscite d’ores et déjà l’ire du co-fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen. « Je trouve désastreux que l’on abandonne le nom du Front national car c’est un repère inimitable et incontournable », a-t-il jugé lundi matin au micro de France Inter. « Le fait que ça ne s’appelle plus Front National c’est un véritable assassinat politique », a martelé le père de Marine Le Pen.

En outre, Jean-Marie Le Pen déplore le manque d’imagination de sa propre fille. L’appellation « Rassemblement national » « n’apporte rien de nouveau ». « Rassemblement national, je l’ai déjà utilisé deux fois. Une fois aux cantonales en 1985 et aux législatives en 1986 », a poursuivi le co-fondateur du parti.

Les querelles familiales sur ce changement de nom ne devraient toutefois avoir que très peu d’impact. En effet, la présidence d’honneur qu’occupait Jean-Marie Le Pen a été supprimée des statuts du parti dimanche.

Toutefois, dans sa quête de lissage pour endiguer la méfiance tenace liée au nom FN, le parti se retrouve bien embarrassé par le dérapage d’un de ses membres. Davy Rodriguez, assistant parlementaire, directeur adjoint du FN de la jeunesse (FNJ) et désigné en novembre parmi les « ambassadeurs de la refondation » est accusé d’avoir tenu des propos racistes. « Nègre de merde », lâche le jeune cadre du parti à un vigile d’un bar à Lille, selon une vidéo qui circule sur Internet. Immédiatement suspendu à titre provisoire par le parti, l’événement fait néanmoins tâche en plein congrès de refonte.

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Les ombres du parti 

Enfin, il n’est pas sûr qu’un changement de nom soit suffisant au parti – en crise depuis la déroute de la présidentielle – de se reconstruire. Certes, un nouveau conseil national a été élu dimanche -notamment composé de vielles figures proches du père comme Bruno Gollnish- mais les fantômes des derniers mois planent toujours.

Depuis la présidentielle de 2017, deux figures du FN ont pris leurs distances. Florian Philippot ex-vice président a quitté le Front National en septembre pour créer son propre mouvement « Les Patriotes ». Quant à l’ancienne députée FN Marion Maréchal-Le Pen – nièce de Marine Le Pen et petite fille de Jean-Marie Le Pen, elle a également décidé de se retirer pour quelques temps de la vie politique. Mais elle n’a pas complètement disparu des radars.

Fin février, elle s’affichait au Conservative Political Action Conference de Washington, grande messe de la droite américaine. Un discours très remarqué où la jeune femme se montre très favorable à la politique défendue par le président américain Donald Trump. Un discours également salué par Steve Bannon, ancien conseiller controversé du locataire de la Maison blanche, invité du grand congrès du FN à Lille.

Chez Marion Maréchal Le Pen, il voit l’étoile montante « sur la droite de l’échiquier politique en France ». De quoi voler la vedette à Marine Le Pen. Marion Maréchal-Le Pen s’est d’ailleurs – à plusieurs reprises – montrée peu friande de l’ouverture défendue par sa tante…