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France : les trois facteurs d’une perte d’influence inexorable en Afrique

Certains y voient la conséquence d'une politique étrangère maladroite du président Emmanuel Macron et de l'offensive d'autres puissances. Mais il y a aussi d’autres considérations.

France : les trois facteurs d’une perte d’influence inexorable en Afrique
Par railwaayfx / Adobe Stock
Hammad Lilia
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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La question ne fait même plus débat. Depuis quelques années, la France perd pied en Afrique chaque année davantage. Du Maghreb au Sahel et jusqu’au Gabon ou en Centrafrique, l’influence de la France n’est plus ce qu’elle était pendant plusieurs décennies après les indépendances.

Ces dernières années, les troupes françaises installées au Sahel, au Niger, au Tchad et au Mali, ont été retirées, et pas de gaieté de cœur. Avec l’Algérie, les crises se succèdent depuis cinq ans, les unes plus aiguës que les autres. Au Gabon, le nouveau pouvoir qui a évincé la dynastie des Bongo n’entretient plus les mêmes rapports avec Paris. 

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Cette perte d’influence s’est traduite par le départ des troupes, le recul de la présence économique et une place de plus en plus rachitique pour la langue française dans l’administration et l’enseignement, comme c’est notamment le cas en Algérie. 

Une politique étrangère maladroite

Certains y voient la conséquence d’une politique étrangère maladroite du président Emmanuel Macron et de l’offensive d’autres puissances qui se sont mises à s’intéresser au continent noir : la Russie, la Chine et la Turquie particulièrement. Ces deux facteurs y sont évidemment pour quelque chose mais ils n’expliquent pas tout. 

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À la diplomatie française, il est fait le reproche d’avoir rompu, depuis Nicolas Sarkozy, avec la vieille politique souverainiste de la France du général De Gaulle pour s’aligner presque complètement avec les visions américaines, voire israéliennes. 

Sur la question palestinienne, le Sahara occidental, l’Ukraine ou les relations avec le Maroc et l’Algérie, Paris ne se gêne plus d’assumer au grand jour un “deux poids, deux mesures” impensable il y a deux décennies. Et c’est la crédibilité de la France qui en prend un sérieux coup.

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Il est illusoire d’aspirer à être pris au sérieux quand on dénonce avec véhémence l’agression de l’Ukraine par la Russie et pas celle de Gaza ou de l’Iran par Israël. Ou encore quand on est membre du Conseil de sécurité et qu’on “offre” le Sahara occidental au Maroc au mépris des résolutions du même conseil.

Pourquoi la France recule en Afrique 

La politique étrangère de la France est critiquée, non seulement dans ce qui est appelé le “sud global”, mais aussi par de grands noms de la diplomatie française. Dominique de Villepin, l’ancien chef de la diplomatie de Jacques Chirac, qui a tenu tête aux États-Unis sur l’Irak en 2003, hausse quasi quotidiennement le ton mais semble prêcher dans le désert.

Le diplomate Gérard Araud aussi. Dans son dernier tweet, posté cette semaine, l’ancien ambassadeur aux États-Unis, en Israël et à l’ONU a tiré la sonnette d’alarme. “Nous frôlons de très près le deux poids deux mesures et l’incohérence”, a-t-il écrit en dénonçant l’autorisation donnée à l’avion du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, de survoler le territoire français. 

La situation interne de la France n’est pas plus reluisante et elle a fini par déteindre fatalement sur l’aura du pays à l’international. Depuis quelques années, l’extrême-droite monte dans la société, les urnes et les institutions et avec elle le discours raciste et xénophobe. Un discours qui cible précisément les ressortissants des pays africains, presque exclusivement, notamment musulmans.

Les attaques banalisées contre les communautés d’origine musulmane, proférées quotidiennement sur des médias de grande audience, ont davantage altéré l’image de la France. Il existe certes un discours différent, porté par la gauche, mais il est presque inaudible devant celui de l’extrême-droite et des médias “bolorisés”. 

En laissant monter la xénophobie et à l’islamophobie, la France se prive du levier des diasporas africaines qui pouvaient servir de passerelles entre Paris et leurs pays d’origine. Les plus hautes autorités françaises disent compter sur les membres des diasporas, bien intégrés et distingués dans divers domaines, pour tisser des liens ou les consolider. 

En venant en Algérie en 2022, Emmanuel Macron s’est fait accompagner par plusieurs dizaines d’illustres franco-algériens. Dans le même temps, ces ingénieurs, managers, artistes ou sportifs de haut niveau sont traités de “français de papiers” par une grande partie de la classe politique qui leur promet, entre autres, l’exclusion des hautes fonctions sensibles. C’est, là aussi, de l’incohérence. 

 

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