De retour vendredi en France après avoir été retenue pendant plusieurs jours en Israël, l’eurodéputée française Rima Hassan est violemment attaquée par les politiques et médias pro-israéliens, qui ont trouvé dans les relais marocains un allié de taille dans la croisade contre la militante d’origine palestinienne. Rima Hassan est maintenant accusée d’être au service de l’Algérie.
L’eurodéputée de La France insoumise (LFI) a réussi un coup d’éclat en participant à la Flottille de la liberté avec d’autres figures connues sur la scène internationale, comme la militante écologique suédoise Greta Thunberg. Partie de Sicile début juin en direction de Gaza pour briser le blocus inhumain imposé par Israël à l’enclave palestinienne, la flottille a été arraisonnée illégalement dans les eaux internationales par la marine israélienne.
Un immense succès
Mais, sur le plan symbolique et politique, l’opération est un immense succès, contribuant à faire connaître davantage le drame humanitaire que vit la population de Gaza. Les 12 occupants de la flottille ont été expulsés vers leurs pays respectifs. Rima Hassan est arrivée vendredi en France où son parti, La France Insoumise (LFI), lui a réservé un accueil triomphal.
Mais la militante a en quelque sorte « aggravé son cas » auprès de l’extrême-droite et des lobbies pro-israéliens, dont elle est la bête noire depuis le déclenchement de l’agression israélienne contre la bande de Gaza en octobre 2023. Les relais du Maroc en France ne l’apprécient pas non plus à cause de son soutien à l’autre cause juste, celle du peuple sahraoui et ses positions courageuses en faveur de l’Algérie dans les débats sur le passé colonial de la France. Rima Hassan a mis d’accord contre elle l’extrême-droite nostalgique de l’Algérie française, les pro-israéliens et les lobbies du Maroc.
Pro-marocains et pro-israéliens s’acharnent contre Rima Hassan et l’Algérie
La nouvelle campagne qui la cible a commencé alors qu’elle était encore aux mains de l’armée israélienne, dans le port d’Ashdod. Des voix se sont élevées en France pour reprocher au président Emmanuel Macron d’avoir exigé sa libération, en étant une citoyenne et élue française.
Le parallèle est très vite fait avec le cas de l’écrivain Boualem Sansal. Dans une chronique sur Sud Radio, l’animateur d’extrême-droite, Philippe David, s’est indigné ouvertement de la « fermeté » exprimée par le gouvernement français concernant le cas de Rima Hassan, estimant qu’une telle attitude aurait dû être adoptée vis-à-vis de l’Algérie. Sans surprise, il a usé de mots nauséabonds à l’égard de l’Algérie.
Le journaliste Paul Amar a, lui aussi, trouvé la parade pour faire d’une pierre deux coups, épingler à la fois l’Algérie et Rima Hassan. Sur CNews, il a accusé la militante de s’être mise « au service de l’Algérie ».
« C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, elle a refusé de voter la résolution européenne appelant à la libération de Boualem Sansal, c’est la raison pour laquelle elle soutient l’Algérie dans le dossier du Sahara occidental », dit-il.
Paul Amar s’offusque lui aussi qu’Emmanuel Macron « s’empresse » d’exiger le retour dans les plus brefs délais de cette « pseudo otage ». « J’aurais aimé observer la même célérité de la part du président de la République lorsque Boualem Sansal a été arrêté par l’Algérie », a-t-il ajouté. Les pro-israéliens empruntent ainsi les méthodes de l’extrême droite française qui a pris l’habitude de mettre tous les maux de la France sur le dos de l’Algérie. Les deux camps, qui ont noué une alliance stratégique, partagent le même objectif qui est celui de recruter parmi tous ceux qui n’ont pas accepté l’indépendance de l’Algérie.
🃏«Elle était une agente de la Syrie(..) Depuis la chute d’Assad, Rima Hassan s’est mise au service de l’Algérie(..) C’est la raison pour laquelle elle soutient l’Algérie dans le dossier du Sahara occidental.»
CNEWS- Graves accusations du journaliste Paul Amar envers la députée. pic.twitter.com/E3ClcCNUP7
— DANS LA SÉQUENCE (@D_La_Sequence) June 12, 2025
Les propos de Paul Amar sont évidemment repris volontiers par les médias et les relais du Palais royal marocain. Au royaume, qui a franchi la normalisation avec Israël depuis 5 ans, on ne se gêne même plus d’attaquer avec véhémence une militante de la cause palestinienne, qui plus est en plein génocide à Gaza. Une haine décomplexée est exprimée à l’égard de Rima Hassan dans les colonnes des journaux marocains, comme La relève.ma qui l’accuse d’être « le cheval de Troie algérien à Strasbourg ».
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