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France : tensions entre Macron et l’armée

France : tensions entre Macron et l’armée

Depuis que l’officier à la tête des armées françaises a fait part de son désaccord sur les coupes budgétaires du ministère de la Défense, l’incertitude est grande quant à son avenir. Selon l’agenda officiel, le président français Emmanuel Macron et le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, doivent se retrouver mercredi matin à l’Élysée pour le conseil de défense hebdomadaire, puis vendredi pour une rencontre en tête-à-tête. Officiellement, cette entrevue n’a aucun lien avec les tensions des derniers jours…

850 millions d’euros…

Bien que des rumeurs d’économies circulaient depuis quelques temps, la crise a débuté le mardi 11 juillet. À la lecture du Parisien, le corps militaire a la confirmation que son ministère va être amputé de 850 millions d’euros en 2017.

L’annonce de la coupe budgétaire – et ce alors même que la France est engagée dans plusieurs opérations extérieures (Sahel, Levant) et intérieures (Sentinelle)- passe mal. Le lendemain, lors d’une audition à huis clos devant la commission de Défense à l’Assemblée nationale, le général Pierre de Villiers estime que l’armée a déjà « tout donné » et que la situation n’était « pas tenable ». « Je ne vais pas me faire baiser comme cela », lâche-t-il devant son auditoire, selon des sources parlementaires interrogées par l’agence Reuters.

Le premier recadrage du chef de l’État, également chef des armées, a lieu jeudi 13 juillet devant la communauté militaire à la veille du traditionnel défilé du 14 juillet, en présence du général.  « Il n’est pas digne d’étaler des débats sur la place publique », lâche le président Emmanuel Macron lors de son discours au ministère de la Défense.

« Je suis votre chef »

« J’ai pris des engagements, je suis votre chef. Les engagements que je prends devant les concitoyens, devant les armées, je sais les tenir et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression, de nul commentaire ». Certes, le nom du général de Villiers n’est pas cité, mais il est manifestement visé par cette violente charge.

Trois jours plus tard, le 16 juillet, le Président français recadre de nouveau le chef d’état-major des armées dans le Journal du dimanche (JDD). « La République ne marche pas comme cela.  (…) Si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au Président de la République, le chef d’état-major des armées change », prévient Emmanuel Macron dans un entretien accordé au JDD. Le locataire de l’Élysée va plus loin et laisse sous-entendre que De Villiers roule pour les industriels.

« Pour Emmanuel Macron, qui a pu entendre à Gao les combattants évoquer leur manque de matériel ou de logistique, le budget doit être augmenté si l’on veut tenir la promesse de défaire les djihadistes. Il le sera. Mais l’idée selon laquelle la meilleure armée serait forcément la plus riche n’est pas la sienne. Surtout si les lobbies de l’industrie de défense s’en mêlent. Résultat ? « Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis, ce n’est pas plus compliqué que cela », lâche-t-il sur un ton quasi sarkozyen », peut-on lire dans le JDD. 

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Le « combat budgétaire » du général de Villiers 

Un général interrogé par Le Monde, ce lundi 17 juillet, estime que « Pierre de Villiers n’a fait que son devoir en défendant le budget des armées ». « Emmanuel Macron ne se rend pas compte que, lorsqu’il sera dans la cour des Invalides pour son premier soldat mort à cause d’un défaut d’équipement, c’est à lui que s’adresseront les reproches », poursuit-il.

Le combat budgétaire du général de Villiers n’est toutefois pas nouveau. À plusieurs reprises ces derniers mois, le chef d’état-major des armées a plaidé pour « une hausse progressive du budget de la Défense pour rejoindre la cible de 2% du PIB, avant la fin du prochain quinquennat ». La France s’est quant à elle engagée auprès de l’Otan à porter le budget de la Défense à 2% en 2025 contre 1,7% actuellement.

« Il faut comprendre que le moindre décalage de cohérence entre les menaces, les missions et les moyens s’apparente au grain de sable qui grippe le système et conduit à la défaite », écrivait-il dans une tribune publiée dans le journal économique Les Échos, fin mars. « On ne gagne pas une guerre sans effort de guerre », prenait-il alors le soin de rappeler.

De Villiers a été maintenu jusqu’au 31 juillet 2018 à la tête des armées par un décret de la ministre des Armées, Florence Parly, paru mercredi dernier au Journal officiel. Il pourrait quitter ses fonctions plus vite que prévu.

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