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France : un « printemps social » déterminant pour Emmanuel Macron

France : un « printemps social » déterminant pour Emmanuel Macron

Alors que la France « célèbre » les cinquante ans de son « grand soir social » de mai 1968, une grande bataille s’est engagée depuis lundi 2 avril dans l’Hexagone.

La SNCF, la société nationale des chemins de fer français, a débuté une grève intermittente de 36 jours, jusqu’à fin juin, pour protester contre la réforme de l’entreprise publique.

D’autres mouvements de grève touchent l’Hexagone dans le secteur de l’énergie, chez les éboueurs réclamant une meilleure reconnaissance de la pénibilité de leur travail, dans les universités pour protester contre la sélection des étudiants et chez Air France, la compagnie aérienne.

La mobilisation des agents de la SNCF qui pourrait durer trois mois, à raison de plusieurs jours de grève par semaine, entraînant ainsi une grosse pagaille sur le rail hexagonal, rappelle aux Français la grève du rail de l’hiver 1995. À l’époque, le gouvernement d’Alain Juppé (mentor de l’actuel Premier ministre Édouard Philippe) avait finalement fait marche-arrière sur la réforme des retraites. En 2007, la tentative de réformer les régimes spéciaux des retraites (SNCF, EDF, GDF, RATP notamment) a rapidement été abandonnée par Nicolas Sarkozy.

Cette fois-ci, le président Emmanuel Macron a promis d’aller jusqu’au bout dans sa réforme de la SNCF qui prévoit notamment la suppression du statut de cheminot (comparable à celui de fonctionnaire, possibilité de partir à la retraite à 52 ans ou 57 ans) et l’ouverture à la concurrence dès 2019 pour les lignes régionales et dès 2020 pour les grandes lignes.

Dans l’Hexagone, la compagnie nationale – qui emploie 150.000 personnes, fait régulièrement l’objet de critiques en raison de ses retards permanents, de la cherté des prix des billets, mais aussi, et non des moindres, de l’inégalité des territoires en matière de desserte.

Mais la dynamique de ce mouvement de contestation dans la durée – 13 semaines de perturbations dans les transports à prévoir – se jouera également par le soutien de l’option publique. Un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche publié le 1er avril, indique qu’une très courte majorité de Français (53%) qualifie de « non justifiée » la grève des cheminots contre la réforme de la SNCF. Les sondés sont 46% à juger au contraire justifié ce mouvement. Les Français sont d’ailleurs en plein paradoxe : ils sont nombreux à se dire favorables aux réformes dans leur pays mais soutiennent dans le même temps les grévistes.

En réalité, l’actuel mouvement social qui touche actuellement la France va au-delà de la réforme de la SNCF. Car, avec ce printemps social, le président Emmanuel Macron, installé depuis presque un an à l’Élysée, joue sa crédibilité pour les quatre prochaines années de son quinquennat.

S’il recule face aux syndicats, il en sortira affaibli aux yeux des Français mais aussi aux yeux des investisseurs étrangers à qui il clame depuis des mois que la France n’est ni immobile, ni irréformable. S’il ne cède pas à la grogne de la rue, il conservera son titre de président « réformateur » dont l’affuble depuis près d’un an médias français et étrangers. Selon l’Ifop, 72% des Français pensent que l’Exécutif ne reculera pas sur ce dossier.

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