Économie

Gaz de schiste : Ould Kaddour contredit par un rapport de l’ONU

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), organe de l’Onu, a mis en garde dans un rapport publié jeudi 24 mai contre l’exploitation du gaz de schiste au détriment des énergies renouvelables.

« Le changement climatique implique que tous les pays doivent, de toute urgence, se désengager des énergies fossiles et notamment du gaz de schiste », a déclaré le Secrétaire général de la Cnuced, Mukhisa Kituyi. Le rapport estime ainsi que les investissements dans le secteur du gaz de schiste ne devraient en aucun cas être effectués au détriment du déploiement des énergies renouvelables et des stratégies d’efficacité énergétique.

Le manque de connaissances concernant la géologie locale et notamment la présence des aquifères, l’absence de « permis social d’exploitation » et un environnement réglementaire inadéquat pourraient constituer des obstacles majeurs au recours à la fracturation hydraulique comme méthode d’extraction du gaz de schiste, affirme également le rapport de la Cnuced.

« Des réserves ont été émises quant aux grandes quantités d’eau utilisées par la fracturation hydraulique, ainsi que les risques potentiels que ferait encourir ce type d’opérations sur la qualité de ces ressources, notamment par le biais de la contamination des eaux souterraines et de surface», indique en outre le rapport.

La Cnuced indique par ailleurs dans son rapport que l’Algérie détiendrait les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste techniquement récupérables (RTR), juste derrière la Chine et l’Argentine mais devant les États-Unis et le Canada. Environ la moitié de des ressources mondiales se trouvent dans ces cinq pays, dont près de 10% en Algérie avec plus de 20 trillions de m3.

« En 2016,  l’Algérie représentait environ 30 % des réserves de gaz naturel du continent, 43 % de sa production et 56 % de ses exportations. Environ 60 % de la production de gaz naturel en Algérie étaient exportés en 2016, principalement vers l’Union européenne (plus de  80 % des exportations de GNL et par gazoduc) », rappelle également le rapport.

La Cnuced estime dans son rapport que de nombreux  obstacles demeurent pour l’exploitation du gaz de schiste en Algérie tels que « le manque d’infrastructures adaptées, de connaissances et de compétences spécifiques, ainsi que de services d’appui et d’équipements adaptés ».

« L’opposition des populations locales aux projets de gaz de schiste ainsi que les questions de sécurité dans les régions où sont situés les dépôts pourraient également constituer des freins sérieux au développement de ces activités », affirme en outre la Cnuced.

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Le rapport de l’organisme onusien intervient au même moment où le PDG de la compagnie pétrolière nationale Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a affirmé jeudi à In Salah qu’« on a dépassé le stade où le gaz de schiste était un gaz de poison ». « C’est maintenant une ressource naturelle que Dieu nous a donné. Il faudrait qu’on l’exploite », a soutenu Ould Kaddour.

Pour convaincre la population locale, le patron de Sonatrach veut emmener une dizaine de personnes d’In Salah pour une visite dans des pays qui exploitent le gaz de schiste comme le Canada, l’Argentine et les États-Unis.

En 2015, In Salah avait connu de grandes manifestations contre le gaz de schiste.

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