La production algérienne de gaz a atteint un pic « historique » en 2023 à 105 milliards de m3, selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’économie algérienne publié le 22 mai.
La moitié de cette quantité a été exportée par gazoduc et sous forme de GNL, notamment vers l’Europe, le principal débouché pour le gaz algérien. Selon la Banque, une « plus grande part » du gaz algérien a été « exportée sous forme de GNL, ce qui a « compensé la baisse des exportations par gazoduc ».
L’Algérie est liée à l’Europe via deux gazoducs : le Medgaz vers l’Espagne et le Galsi vers l’Italie. Le gazoduc GME qui reliait l’Algérie à l’Espagne via le Maroc a été fermé en novembre 2021, dans la foulée de la décision d’Alger de rompre, diplomatiques, ses relations avec Rabat.
Après l’éclatement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en février 2022, l’Algérie a été sollicitée par des pays de l’Union européenne comme l’Italie et la France pour augmenter ses exportations de gaz.
La guerre en Ukraine a aussi provoqué une crise énergétique au sein de l’Union européenne, dont les pays ont décidé de réduire leur dépendance vis-à-vis du gaz russe, et une hausse des prix de cette énergie dont l’Algérie est un grand producteur.
Turquie, France et Espagne : les 3 principaux acheteurs du GNL algérien
Pour faire face à la demande européenne, l’Algérie a augmenté sa production, atteignant un sommet historique en 2023. Une hausse de 6,1% par rapport à 2022.
Cette hausse a permis à l’Algérie de compenser la baisse des exportations de pétrole, après les décisions successives de l’Opep+ de réduire la production de l’or noir.
Pour renforcer sa position de principal fournisseur de gaz des pays européens, l’Algérie a misé aussi sur le gaz naturel liquéfié (GNL) qui se transporte par méthaniers.
L’intérêt du GNL réside dans le fait que ses prix ne sont pas fixes comme ceux du gaz transporté par gazoduc qui obéit généralement à des contrats long terme, avec des tarifs négociés à l’avance par les compagnies pétrolières et gazières.
Selon le dernier rapport de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep), la production algérienne de GNL a atteint 2,9 millions de tonnes durant le premier trimestre 2024 contre 2,7 millions de tonnes durant la même période de l’année 2023.
Et le gaz transporté par gazoduc, le GNL algérien a pris aussi la direction de l’Europe, selon le même rapport. « Les cargaisons algériennes de GNL ont été acheminées vers les grands marchés européens. La Turquie a eu 1,2 million de tonnes, et la France a acheté 700.000 tonnes », précise le rapport.
L’Algérie a continué à vendre du GNL à l’Espagne qui a acheté 240.000 tonnes durant le premier trimestre 2024, selon la même source.
Hausse des exportations algériennes de gaz vers l’Europe
L’Algérie joue un « rôle important dans la sécurité énergétique » de l’Europe, grâce à ses « relations stratégiques » avec ses partenaires européens, et la « fiabilité » dans les approvisionnements de gaz via des gazoducs ou par méthaniers, souligne le rapport de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole.
L’Algérie, qui ambitionne de produire 200 milliards de m3 de gaz dans les cinq prochaines années, dispose d’une « importante infrastructure d’exportation » gazière avec les complexes de GNL de Skikda et Arzew ainsi que les gazoducs qui la relient à l’Espagne et l’Italie, ajoute le rapport.
En plus du GNL, les exportations algériennes de gaz via les gazoducs ont également augmenté durant le premier trimestre 2024, pour atteindre 7,16 milliards de m3 contre 7,04 milliards de m3 durant la même période de 2023, soit une hausse de 1,7%, indique le même rapport.
L’Algérie s’est hissée ainsi au rang du troisième fournisseur de gaz de l’Europe, derrière la Russie (2ᵉ) qui a exporté 7,26 milliards de m3 de gaz vers le vieux continent, et ce, en dépit des sanctions occidentales qui touchent son économie, suite à l’invasion de l’Ukraine, et la Norvège (1ᵉʳ) qui arrive largement en tête avec 23 milliards de m3.
