Économie

Gazoduc GME : le Maroc sollicite l’appui de l’Espagne

Dans la guerre du gaz qu’il a voulu mener contre l’Algérie en utilisant le gazoduc GME qui transporte le gaz algérien vers l’Espagne via son territoire, le Maroc a tout perdu.

Après avoir maintenu le suspense, pendant des mois, sur le renouvellement du contrat du GME qui expire le 31 octobre, le royaume a fini par céder en affichant sa disponibilité à maintenir en vie le gazoduc.

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 « La volonté du Maroc de maintenir cette voie d’exportation a été clairement affirmée de manière constante, à tous les niveaux, depuis plus de trois ans », a déclaré jeudi 19 août, la patronne de l’Office national des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra.

Mais l’Algérie avait pris ses dispositions. Dans un contexte de tensions avec le Maroc qui ont culminé le 24 août avec l’annonce de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l’Algérie a décidé d’abandonner le GME.

Le 10 octobre, le président Abdelmadjid Tebboune a confirmé que la décision de l’Algérie de déconnecter l’approvisionnement de l’Espagne en gaz du  GME, et de le faire uniquement via le Medgaz qui relie directement les deux pays.

L’Espagne inquiète

Une décision lourde de conséquences pour le Maroc qui sera privé de 800 millions à un milliard de m3 de gaz qu’elle tire du gazoduc GME et de 50 millions à 200 millions d’euros de droits de passage par an, en fonction des quantités de gaz transportées. Le gaz algérien permet au Maroc de produire 10% de son électricité.

Pour éviter ce scénario catastrophe pour son économie, Rabat a sollicité l’appui de Madrid pour convaincre Alger de revenir sur sa décision de ne pas renouveler le contrat du GME, rapporte le journal espagnol El Pais qui annonce la visite ce mercredi en Algérie de la troisième vice-présidente et ministre de la Transition Écologique, Teresa Ribera.

La responsable espagnole vient pour discuter de l’approvisionnement en gaz algérien de son pays. Selon El Pais, le non renouvellement du GME, inquiète aussi l’Espagne où le gaz algérien couvre 30% de sa production d’électricité.

Le journal espagnol indique que Teresa Ribera a été chargée de conduire les négociations avec l’Algérie et le Maroc et explique, en citant des sources, que même si l’Algérie arrive à augmenter jusqu’à 10 milliards de m3 via Medgaz dont la capacité actuelle est de 8,5 milliards de m3, le besoin total de l’Espagne est de 14 milliards m3/année.

L’Algérie s’est engagée à utiliser des navires de GNL pour approvisionner l’Espagne en cas d’incident sur le Medgaz ou de hausse de la demande espagnole, mais Madrid veut garder les deux gazoducs fonctionnels, selon El Pais. En 2020, l’Espagne a importé près de 10 milliards de m3 de gaz algérien.

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