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Gestion du Covid durant l’Aïd-el-Adha : ce mouton qui complique tout

Gestion du Covid durant l’Aïd-el-Adha : ce mouton qui complique tout

Survenant dans un contexte de crise sanitaire, l’Aïd-el-Adha de cette année ne sera pas comme les précédents en Algérie.

Même si la commission des fetwas du ministère des Affaires religieuses n’a pas expressément appelé les citoyens à passer outre le rituel du sacrifice, il n’en reste pas moins qu’il sera difficile à certains d’entre eux de l’observer.

Déjà que la même commission a mis plusieurs conditions contraignantes liées à l’hygiène et aux mesures de prévention, les autorités locales de nombreuses wilayas ont, soit ordonné de fermer les marchés à bestiaux, soit interdit l’entrée sur leur territoire de camions de transport de bétail.

Acquérir le mouton de l’Aïd ne relèvera pas de la sinécure même pour ceux qui auront été épargnés par l’impact économique des mesures de prévention, dont le confinement partiel à domicile et l’interdiction de circuler pour certaines zones.

Cela dit, une frange de la population, pour diverses raisons, ne fera pas l’impasse sur le rituel. Certains ont même déjà acquis le précieux ovin et c’est la tâche des autorités dans la gestion de cette étape qui s’en trouvera compliquée.

Il est à se demander si la commission n’aurait pas fait plus simple en prononçant l’annulation conjoncturelle du sacrifice, comme cela s’est fait pour la prière dans les mosquées, fermées depuis quatre mois, ou encore le hadj, annulé sur décision des autorités saoudiennes.

Cela, d’autant que les mises en garde des premiers concernés par la gestion de la crise se multiplient et sont unanimes à désigner le rituel comme un vecteur potentiel de propagation de la maladie.

L’appel et les craintes des spécialistes

« Nous pensons qu’il faut impérativement suspendre l’Aïd-el-Adha pour cette année, du fait qu’elle favorise la dissémination du Covid », déclare le Pr Kamel Bouzid, au nom d’un collectif de professeurs en médecine qui œuvre à amener les autorités à décréter « l’abstention pour tous ».

Le collectif plaide pour que le gouvernement prenne « toutes les mesures qu’impose la situation de crise sanitaire actuelle, en décrétant l’abstention, pour tous, de procéder au sacrifice du mouton » et « de faire de ces deux jours de l’Aïd-el-Adha un grand moment de recueillement et de solidarité nationale ».

Une autre voix autorisée s’est exprimé sur la question et a exprimé des « craintes ». Il s’agit du Dr Fourar, le porte-parole du comité de suivi du ministère de la Santé, qui, chaque jour, annonce aux Algériens les chiffres plus tristes qu’heureux de l’évolution de la situation épidémiologique. Hier dimanche, il a appelé la population à « faire très attention ».

« La distanciation sociale est importante et le port du masque est obligatoire durant tout le processus du rituel. Faites attention à vous pour qu’on n’ait pas une flambée des cas juste après l’Aïd », faisant part  de sa « crainte » de voir les citoyens durant l’Aïd-el-Adha « commettre les mêmes erreurs que lors de l’Aïd-el-Fitr durant lequel la majorité de la population n’a pas respecté les mesures de confinement » en effectuant notamment des visites familiales.

À l’occasion de l’Aïd-el-Fitr passé, célébré le 24 mai, c’est-à-dire alors que les contaminations quotidiennes se situaient à moins de 200 cas par jour, les autorités avaient décrété un confinement total sur tout le territoire national, avec interdiction de sortir dehors pendant les deux jours de l’Aïd.

Ce que redoute le Dr Fourar

Il est évident qu’une telle mesure s’impose maintenant que le cap des 600 nouveaux cas a été franchi, et ce n’est pas la baisse enregistrée ce dimanche qui change quoi que ce soit à la gravité de la situation.

La crainte exprimée par le Dr Fourar prend tout son sens quand on sait toute la complexité du rituel du sacrifice, les regroupements qu’il génère et les déplacements qu’il nécessite. Au risque de se répéter, la commission des fetwas a raté l’occasion de donner un précieux coup de main aux autorités et aux personnels de santé.

Hier, le président Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé sur le sujet au cours de l’entretien qu’il a accordé à des médias nationaux, en affirmant que « le  sacrifice est une sunna, mais le risque sanitaire n’est pas à écarter ». « Nous ne pouvons être permissif face à la mise en danger de la santé  du citoyen », a-t-il dit.

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