Deux semaines après les attaques du Hamas contre Israël, suivies du bombardement du siège de la bande de Gaza par l’armée israélienne, l’Égypte a convoqué une réunion au sommet du Caire pour la paix sur la situation en Palestine, à laquelle sont conviés 31 États et organisations internationales.
L’objet de la rencontre initiée par le président Abdelfatah Al Sissi est d’ « ouvrir le débat sur les moyens de relancer le processus de paix à l’arrêt depuis des années ». Invitée à ce rendez-vous, l’Algérie a décliné l’invitation.
Le sommet a eu lieu ce samedi 21 octobre au Caire avec un faible niveau de représentation, en présence des présidents égyptien Abdelfatah Al Sissi et palestinien Mahmoud Abbas, du secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guerres, du roi de Jordanie, du président du Conseil européen Charles Michel et de l’émir du Qatar.
Les autres chefs d’État conviés, tant arabes qu’occidentaux, se sont fait représenter pour la plupart par leurs ministres des Affaires étrangères.
Cette désaffection traduit à elle seule le scepticisme des dirigeants de la région -et même des Occidentaux- quant à la possibilité d’arriver à un résultat probant à travers une réunion convoquée de surcroît dans la précipitation.
Relancer le processus de paix au Moyen-Orient paraît comme un objectif illusoire en l’état actuel des choses. Les pays de la Ligue arabe, réunis au niveau des ministres des Affaires étrangères dimanche dernier, n’ont pas pu s’entendre sur la manière de mettre un terme à l’agression israélienne sur la bande de Gaza.
Les pays occidentaux, dont plusieurs sont conviés à la rencontre du Caire, refusent quant à eux de condamner les bombardements israéliens ou d’appeler à leur cessation.
La semaine passée, la France et les États-Unis ont bloqué une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Dans la question palestinienne, il y a des priorités et celle du moment c’est d’arrêter le massacre de la population civile de Gaza et de soulager ses souffrances.
Pays arabes et cause palestinienne : une accumulation de compromissions et de trahisons
L’accumulation des compromissions et des trahisons au fil des années a réduit les dirigeants arabes à quémander aujourd’hui la prise en charge des retombées de la politique israélienne, reléguant au second plan l’essentiel, c’est-à-dire la fin de la colonisation et l’établissement d’un État palestinien.
Dans leurs discours aujourd’hui au Caire, les présidents égyptien et palestinien se sont par exemple attardés sur le refus du déplacement de la population de Gaza et les modalités de faire entrer l’aide humanitaire par le passage de Rafah.
Le sommet s’est terminé sur un échec retentissant à cause des pays occidentaux dont les représentants se sont déplacés au Caire pour défendre Israël. Ils ont réclamé l’inscription dans le communiqué final d’une condamnation claire des attaques du Hamas et un appel à la libération de quelque 200 otages israéliens détenus par le mouvement palestinien. Ce que les pays arabes ont refusé, selon l’AFP.
L’émir du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani
Les divergences et les divisions dans les rangs arabes sont profondes et anciennes et ce n’est pas une rencontre de quelques heures qui peut les aplanir.
La notion même de résistance du peuple palestinien est sujette à interprétation, suivant les accointances avec l’une ou l’autre des factions palestiniennes ou avec les puissances occidentales.
Lors de la dernière réunion de la Ligue arabe, certains pays ont tenté de mettre sur un même pied d’égalité les forces d’occupation israéliennes et le mouvement Hamas.
Mais ce n’est pas là l’unique divergence. Le monde arabe est de facto divisé entre ceux qui ont franchi le pas de la normalisation, ceux qui s’apprêtent à le faire et ceux qui y voient une trahison à la cause palestinienne.
Six pays arabes reconnaissent officiellement Israël (l’Égypte depuis 1978, la Jordanie depuis 1994, le Maroc, le Bahreïn, le Soudan et les Emirats arabes unis depuis 2020).
Le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed Ben Salmane (MBS) a annoncé en septembre dernier que son pays était proche d’un accord de normalisation avec Israël. Les évènements en cours l’ont toutefois contraint de geler le processus.
La normalisation « gratuite » offerte à Israël constitue un reniement du plan de paix de 2022 pourtant adopté et assumé par tous les chefs d’États arabes.
Le plan propose la reconnaissance d’Israël par les États arabes dans une démarche collective en contrepartie de l’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967 et avec Al Qods-Est comme capitale.
Des territoires d’avant 1967, il ne reste aujourd’hui, sous l’effet de la colonisation, que des zones éparpillées sur lesquelles il est impensable d’établir un état palestinien viable. Un État de fait cautionné implicitement par le camp de la normalisation.
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