À Staten Island, dans le petit restaurant Enoteca Maria, une grand-mère algérienne originaire d’Oran s’affaire en cuisine avec des grand-mères du monde entier. Une vraie fourmilière de mamies qui font vivre un concept de restaurant original à Manhattan, New York.
L’histoire de ces « nonnas », on la retrouve sur Netflix, dans le film à succès Nonnas. Depuis sa sortie le 9 mai 2025, le monde découvre l’histoire vraie de Jody Scaravella, un New-Yorkais d’origine italienne qui, en 2007, lance ce restaurant au concept unique qui peut accueillir à peine 30 couverts.
Une mamie algérienne aux fourneaux à New York
L’objectif pour le New-Yorkais était d’honorer la mémoire de sa grand-mère, sa mère et sa sœur en confiant les fourneaux à des grands-mères. Eh oui, à l’Enoteca Maria, il n’y a pas de chefs cuisiniers, mais des mamas, « nonnas » en italien, pour régaler les clients de leur cuisine généreuse.
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Le film, porté par Vince Vaughn dans le rôle principal, a rapidement occupé la tête du Top 10 des films sur Netflix. Le magazine Variety indique un score impressionnant de 15.3 millions de vues en seulement trois jours sur la plateforme de streaming.
Un coup d’éclat qui a mis les projecteurs sur le restaurant Enoteca Maria et son modèle unique en son genre : une carte italienne fixe, et une cuisine du monde en alternance, préparée par des grand-mères venues de Syrie, d’Argentine, du Japon… et d’Algérie.
Parmi ces « nonnas du monde », on retrouve Habiba Hachemi, 63 ans, originaire d’Oran, la capitale de l’Ouest algérien. Cette ancienne enseignante d’arabe et diplômée en chimie a derrière elle plus de 30 ans de carrière dans l’éducation nationale.
La cuisine algérienne à l’honneur à l’Enoteca Maria
C’est en 2015 que Habiba décide de s’installer à New York, auprès de sa fille Khalida, et c’est là que tout bascule. En 2017, elle déclarait dans les colonnes du Daily Mail : « J’avais besoin d’argent et j’adore cuisiner. J’aime ce restaurant et ce patron ».
Sa fille, aujourd’hui serveuse dans le même restaurant, était tombée sur une annonce publiée sur Craigslist – équivalent de OuedKniss en Algérie : « Recherche grand-mère nord-africaine pour cuisiner dans un restaurant de New York ». Quelques semaines plus tard, Habiba rejoint l’aventure.
Discrète et pudique, la grand-mère oranaise a trouvé sa place dans une cuisine à l’étage – la deuxième de l’établissement-, au milieu d’un mélange d’épices et d’accents.
Fidèle aux traditions algériennes, elle ne quitte pas son bandana pour se mettre aux fourneaux. Et ses recettes, elles sont à la fois simples et généreuses : du couscous, des tajines, de la salade grillée (felfla), du gratin au fromage, des beignets… Des spécialités qui font clairement salle comble !
En échange de ses 10 heures de service, Habiba perçoit 250 dollars, tout comme les autres nonnas de l’Enoteca Maria. Elle n’officie au restaurant qu’un jour par mois, suivant un planning qui met à l’honneur les cuisines du monde.
Quand c’est elle qui prend les commandes de la deuxième cuisine de l’établissement – la première étant dédiée aux mets italiens -, c’est la cuisine algérienne qui régale les habitués de ce petit bout de Staten Island.
« Cuisiner, aimer et créer une atmosphère chaleureuse »
Si elle est désormais comblée de faire vivre l’Enoteca Maria, elle ne peut empêcher un sentiment de nostalgie en pensant à son ancienne vie : « L’enseignement me manque parfois, et mes enfants me manquent vraiment ». Eh oui, Habiba vit peut-être son rêve américain, mais elle a aussi laissé trois fils en Algérie qu’elle espère revoir bientôt.
En débarquant aux États-Unis, elle parlait l’arabe et le français, mais des cours d’anglais gratuits à Brooklyn lui ont permis d’apprendre à mieux dialoguer avec les clients. Il faut dire que les amateurs du restaurant de Staten Island apprécient tant les recettes authentiques des grands-mères que la chaleur humaine qu’elles dégagent.
D’ailleurs, Jody Scaravella, le fondateur, ne tarit pas d’éloges sur ses cheffes d’un autre genre : « Ces matriarches qui ont tant aimé et nourri leur famille peuvent continuer ce qu’elles savent faire de mieux : cuisiner, aimer et créer une atmosphère chaleureuse ».
Le restaurant Enoteca Maria, ouvert depuis 2007, était à ses débuts dédiés à la cuisine italienne. Au fil des années, son créateur a développé le concept en invitant des grand-mères du monde entier à partager les saveurs de leur pays. Il prône une cuisine familiale, gourmande et traditionnelle.
Sa vision n’a pas changé avec le temps, et plutôt que de multiplier les établissements, il préfère concentrer ses efforts sur son seul restaurant et en faire un endroit où l’on peut déguster la cuisine de chaque pays du monde, des mains des meilleures ambassadrices : les grand-mères.
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