Économie

Hakim Soufi, PDG de la CIAR : « Nous avons négocié notre virage numérique avec succès »

Hakim Soufi est le PDG de la Compagnie internationale d’assurance et de réassurance (Ciar). Dans cet entretien, il revient sur la situation du marché national des assurances, la baisse de l’activité en raison des restrictions sur les visas, l’introduction du paiement en ligne de l’assurance voyage, etc.

Lancée en 2011, Macir Vie a réussi à acquérir sa petite place sur le marché des assurances des personnes, où il règne une concurrence féroce…

Nous sommes loin d’avoir réussi, nous aurons réussi quand nous serons la première compagnie du marché, en termes de chiffre d’affaires or nous sommes les premiers privés dans le secteur et nous en sommes très fiers. Ainsi, nous avons atteint ce niveau grâce à un excellent réseau, réparti sur l’ensemble du territoire national, une formidable équipe dédiée à notre clientèle, un système d’information performant, une redoutable stratégie marketing et enfin une véritable envie de réussir dans et par notre pays.

Peut-on avoir une idée sur vos parts de marché et votre CA, en 2017 ?

Pour ce qui concerne la compagnie spécialisée en « assurances de personnes »,  nous sommes leaders sur la partie assurance voyage et nous avons augmenté nos parts de marché sur le segment « corporate » grâce à une politique commerciale efficace, une gestion des sinistres optimisée, gérée par un ERP, développé par nos ingénieurs en interne et une politique de réassurance très cadrée.

De plus, nous sommes de plus en plus sollicités par les banques publiques et privées, au vu de nos résultats qui sont en nette augmentation tant en termes de chiffres qu’en résultats. Ainsi, nous représentons près de 14% du marché des assurances de personnes et un résultat net en forte croissance.

Pour les assurances dommages, notre compagnie termine l’exercice 2017, sur une croissance de 1,9% par rapport à l’exercice précèdent grâce à une reprise des souscriptions hors automobile, dédiées à la PME/PMI, avec une vision plus « taillée sur mesure » vis à vis des besoins des clients. Nous lui donnons les couvertures adéquates à la préservation de ses intérêts basées sur une tarification entrant dans son « business case ». Nous couplons ces actions à une forte implication de notre réseau sur l’ensemble du territoire national pour un maillage efficace en termes de représentativité. Enfin, nos collaborateurs représentent l’une des meilleures équipes que nous puissions trouver dans le secteur. Nos clients méritent d’avoir des interlocuteurs de qualité et la Ciar, représente un vrai atout pour nos clients. Nous visons le partenariat assureur/client, pas autre chose.

Ainsi, tous ces éléments nous placent comme première compagnie privée en Algérie avec 8% de parts de marché, et nous allons aller beaucoup plus loin dans les mois à venir en termes d’innovations marché. Nous voulons de la « disruption » au profit exclusif de nos clients.

L’assurance voyage représente plus de 50% du  portefeuille de Macir Vie. Ce n’est pas risqué pour votre entreprise d’être à moitié dépendant d’un secteur d’activité qui n’est pas connu pour son dynamisme ? 

L’assurance voyage est une garantie que nous commercialisons depuis notre arrivée sur le marché, garantie qui fut notre activité principale pendant bon nombre d’années. Depuis trois ans, la tendance se stabilise grâce à une politique d’homogénéisation de notre portefeuille avec un rééquilibrage du poids de chaque famille de produits.

Ainsi, nous compensons l’impact de la baisse de la volumétrie des assurances voyages (diminution des octrois de visas) par une forte augmentation de la souscription des assurances groupes et une réorientation de nos agences.

Pour ce qui est du numérique, comment votre groupe négocie-t-il ce virage ? Où en êtes-vous avec la digitalisation de vos services ?

Dès le début de notre activité, nous avons tout misé sur la technologie, nous avions dès le départ la ferme intention de sortir du cadre classique des assurances traditionnelles.

Aujourd’hui, nous avons, un système d’informations tellement performant que nous pouvons commercialiser nos produits, sur tous les canaux de distribution possible et imaginable. Nous pouvons remonter des informations à nos clients et nos partenaires bancaires en temps réel, visualiser l’activité production/sinistres de nos agences et enfin vendre nos garanties sur le web.

En réalité, nous pouvons dire que nous avons négocié notre virage numérique avec succès, que nous accompagnons notre ressource humaine à ce changement, que cela nous permets d’être « omnicanal et que nous mettons à disposition de nos clients cet outil en full web à partir de notre site web marchand.

Peut-on avoir une idée sur le nombre de clients qui souscrivent des polices d’assurances via internet ?

Depuis le lancement en 2017, nous avons enregistrés des souscriptions des 48 wilayas pour une dizaine de milliers de personnes pour un volume de vente de près de 2% de notre chiffre d’affaire global et ça uniquement sur l’assurance voyage. C’est motivant.

Qu’en est-il du bilan de l’opération paiement en ligne que vous avez lancé il y a quelques jours ?

Un franc succès. Nous avons naturellement connu un pic de visites exceptionnellement élevé depuis le lancement de la carte Eddahabia, un parcours client sur le site très satisfaisant puisque nos statistiques clients nous donnent un taux de 98%, en termes de satisfaction et un taux de transformation visiteurs/clients de 65%. C’est impressionnant.

Nous avons fait le pari sur la Poste et honnêtement, les équipes de cette institution ont été plus qu’à la hauteur. Je suis réellement impressionné et admiratif des équipes d’Algérie Poste, et ce du top management jusqu’au technicien qui nous ont aidés sur la plateforme. L’aboutissement de ce projet c’est aussi leur réussite.

Quels sont vont projets pour 2019 ?

Plus de technologie, plus d’équipes de terrain, plus de « focus clients » et plus de parts de marché.

Le marché des assurances est accaparé par les compagnies publiques qui détiennent plus de 70% des parts. Pourquoi les assureurs privés peinent à s’imposer ?

Parce que nous devons travailler encore plus, parce que nous devons être encore plus performant, parce que nous devons rechercher à développer les couvertures des PME/PMI/TPE.

Certains vous diront que les privés sont rejetés des avis d’appels d’offres, certaines sociétés publiques mettent des conditions qui nous éliminent de facto. C’est vrai mais ce n’est plus aussi systématique et le marché est tellement vaste qu’il faut se concentrer sur les opportunités qu’il offre dans d’autres secteurs, en termes de nouveaux clients et se concentrer à faire monter en puissance la gestion des sinistres qui permettra mécaniquement de fidéliser la clientèle.

Enfin, Monsieur le Premier Ministre a été très clair, en disant qu’il n’y a pas d’entreprise publique ou privé, il y’a l’entreprise algérienne profitable à l’économie algérienne. Ça me suffit. Je ne veux plus me plaindre, je veux avancer et réussir, dans mon pays.

En 2017, le législateur a pris des décisions difficiles pour préserver l’activité économique et nos ressources. Le problème, en période de crise, est que cela a freiné l’activité des opérateurs, ce qui a eu pour conséquence une diminution de la demande en couverture d’assurances. L’exercice 2018, quant à lui, connaît un regain d’activité qui nous permet de sentir que la tendance de souscription est haussière. Donc on y croit et on avance de toutes les façons nous ne nous fixons pas d’autres choix que celui de réussir avec nos clients.

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