Le président Abdelmadjid Tebboune a répondu favorablement à une vieille revendication du patronat algérien, en décidant de supprimer la taxe sur l’activité professionnelle (TAP).
L’annonce de la suppression de la TAP a été faite lors du conseil des ministres que le chef de l’Etat a présidé mercredi 25 octobre. La mesure devrait être actée dans la Loi de finances de finances 2024.
« Je dois remercier monsieur le président de la République. La suppression de la TAP est une décision stratégique et historique », a réagi dans un entretien à TSA, Hassen Khelifati, PDG d’Alliance Assurances et vice-président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea).
Après la suppression de la TAP pour les entreprises de production il y a une année, le président Tebboune a décidé d’étendre cette mesure à l’ensemble des secteurs économiques.
« La TAP est un impôt injuste parce qu’elle taxe la production, c’est-à-dire le chiffre d’affaires d’une entreprise, sans se prendre en compte sa rentabilité », explique Hassen Khelifati qui s’exprime en tant que chef d’entreprise.
Suppression de la TAP en Algérie : ce que propose Hassen Khelifati
La TAP qui taxe le chiffre d’affaires des entreprises fait partie de l’un des principaux obstacles à lutter contre l’informel dans le secteur de la distribution.
« Les opérateurs dans la distribution (gros et demi-gros) travaillent avec des marges très faibles, mais ils sont obligés de payer une taxe de 1,5% sur le chiffre d’affaires. C’est pour cela que de nombreux opérateurs dans ce secteur travaillent dans l’informel pour éviter de payer la TAP », ajoute Hassen Khelifati.
La suppression de la TAP peut donc apparaître comme une mesure supplémentaire du gouvernement pour lutter contre l’informel et encourager les opérateurs économiques à intégrer la sphère réelle.
A maintes reprises, le président Tebboune a lancé des appels aux barons de l’informel pour injecter leurs capitaux dans le circuit légal. Le chef de l’Etat avait estimé le poids de l’économie informelle en Algérie à 70 milliards de dollars.
Suppression de la TAP en Algérie : quel impact sur l’informel ?
Pour Hassen Khelifati, la suppression de la TAP aurait une meilleure efficacité dans la lutte contre l’informel si elle était accompagnée d’une refonte de la fiscalité des entreprises de distribution.
« Il serait intéressant de réviser totalement la fiscalité pour la distribution pour encourager les opérateurs activant dans ce secteur à intégrer l’économie réelle. Une fiscalité adaptée pour ce secteur va compléter la mesure relative à la suppression de la TAP », développe le patron d’Alliance Assurances.
La deuxième mesure d’accompagnement préconisée par Hassen Khelifati est la révision de la fiscalité pour les commerçants détaillants.
« Si l’Algérie a fait d’importants efforts pour développer le paiement électronique, il y a un aspect qui fait que dans les commerces, le règlement des achats par carte bancaire est faible. Les commerçants achètent généralement sans factures et refusent le paiement par carte par crainte de voir leur chiffre d’affaires reconstitué par le fisc. Un système fiscal adapté au dernier maillon de la chaîne de la distribution est nécessaire pour lui permettre de s’intégrer dans l’économie réelle et de rétablir la confiance dans le système fiscal », propose M. Khelifati.
L’annonce de la suppression n’a pas suscité de réactions de la part des organisations patronales algériennes en dépit de son importance pour les entreprises.
Pourtant, cette mesure constitue une « bouffée d’oxygène » pour les entreprises algériennes dans un contexte de crise économique mondiale, soutient le patron d’Alliance Assurances . La TAP peut représenter de 20 à 25% du résultat annuel d’une entreprise, pointe Hassen Khelifati.
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