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Hôpitaux : des opérations chirurgicales reportées faute d’anesthésie

Hôpitaux : des opérations chirurgicales reportées faute d’anesthésie

Les hôpitaux algériens sont confrontés depuis quelques jours au manque d’anesthésiques, ce qui oblige les médecins à reporter les opérations chirurgicales. Contacté, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, explique les raisons et tire la sonnette d’alarme.

« Il y a des hôpitaux qui sont à leur troisième semaine et où des services de chirurgie se sont vu contraints d’annuler des opérations qui étaient programmées. Le problème se pose y compris pour les urgences chirurgicales. À défaut d’avoir les produits nécessaires pour l’anesthésie, les malades sont orientés ailleurs », affirme le praticien de santé publique, dans une déclaration ce lundi 19 avril à TSA.

« C’est une situation qui a commencé à se poser, il y a quelques semaines déjà. Et elle s’installe un peu partout, selon l’activité », pointe-t-il encore.

Selon le Dr Merabet, le problème se pose aussi pour les unités de réanimation. « Il n’y a pas que les opérations chirurgicales ; il y a des malades intubés et d’autres qu’on doit mettre sous respiration artificielle et qui sont dans la situation où ils doivent être curarisés et mis sous drogue afin de pouvoir les intuber. Il y a des malades hospitalisés pour un problème médical qui sont dans une situation de coma ou qu’on soit obligé dans un état de coma provoqué afin de pouvoir les intuber », détaille-t-il.

« Un problème de mauvaise gestion »

Pourquoi les hôpitaux manquent-ils d’anesthésiques ? Le Dr Lyes Merabet est catégorique : « C’est un problème de mauvaise gestion tout simplement ».

« On savait que ces activités étaient réduites au minimum (à cause de la Covid) et que c’étaient uniquement les urgences qui étaient assurées, et ce, pendant des mois. On n’a pas été assez intelligents pour profiter des capacités matérielles et humaines du secteur privé qui pouvait prendre en charge toutes ces opérations chirurgicales régulièrement, afin d’aider l’hôpital public qui s’occupait plus de la crise sanitaire de la Covid-19 », critique le médecin.

« On n’a pas compris qu’il fallait proposer d’autres solutions. On a laissé les situations s’accumuler. Aujourd’hui qu’on revient à une situation normale, on se retrouve avec des produits qui ont expiré entre-temps. Je ne parle pas que de l’anesthésie, il y a aussi les réactifs de laboratoires, ou des réactifs nécessaires à la chirurgie dentaire qui manquent aussi. Il y A aussi des corticoïdes et des anti-inflammatoires, qui n’ont pas été utilisés », liste-t-il.

« Au début de la Covid, on avait dit que ces produits étaient interdits et qu’il ne fallait pas les utiliser au risque d’aggraver la situation des malades infectés par la Covid-19, avant que des études prouvent totalement le contraire et que c’était une indication absolue pour les malades hospitalisés », relève le praticien de santé publique.

Le Dr Lyes Merabet laisse éclater son ras-le-bol des réponses toutes faites qu’on ressasse au moment où il est question d’apporter des vraies solutions aux problèmes dont souffrent les hôpitaux.

« Dans tous les pays, on a continué à opérer et à programmer des opérations chirurgicales et à gérer des unités de réanimation. Ils utilisent les mêmes produits. Et là, on va nous dire que c’est un problème mondial. On commence vraiment à en avoir assez de ces réponses toutes faites et « prêtes à l’emploi » », s’exclame le Dr Merabet.

Le président du SNPSP dénonce le fait que ce sont les médecins qui essuient la colère des patients et qui se voient dire qu’il n’y a tel ou tel médicament ou que leur intervention chirurgicale est déprogrammée.

« On en a marre de nous responsabiliser quant à des situations dont nous n’avons aucune maîtrise. On nous insulte et on nous manque de respect, parce que le vaccin pour les enfants n’est pas disponible ou que l’intervention chirurgicale a été reportée, à maintes reprises et qu’entre-temps l’état du malade peut se compliquer… ».

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