search-form-close
Huile de table : fin de la crise en Algérie ?

Huile de table : fin de la crise en Algérie ?

L’huile de table est de nouveau disponible sur les étals en Algérie qui a connu une grave crise de ce produit pendant plusieurs mois.

Paradoxalement, c’est au moment où des pénuries sont enregistrées dans certains grands pays, comme la France, et des craintes de tensions sur ce produit sont exprimées partout dans le monde à cause de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux gros producteurs et exportateurs de graines oléagineuses, que la crise a pris fin en Algérie.

Ce qui ne laisse guère de doute quant à l’origine de la pénurie qui aura duré plus d’une année : la spéculation est bien en cause.

Lorsque, au printemps 2021, l’huile de table subventionnée s’est ajouté à la liste des produits objet de tension depuis le début de la pandémie de covid-19 une année plus tôt, on avait mis en cause le refus des grands grossistes de la distribuer à cause de l’obligation qui leur a été faite de se conformer à la facturation, alors que leur marge bénéficiaire était très faible.

| Lire aussi : À Bejaia, immersion dans la « rivière d’huile » de Cevital

Mais le problème dépassait cet aspect technique puisque la crise va s’inscrire dans la durée malgré les assurances des autorités et des producteurs.

Chiffres à l’appui, il a été expliqué que le tissu industriel national produisait largement plus que les besoins du marché, en vain. Les quantités qui arrivaient dans les magasins s’épuisaient sur le champ et au fil des mois, on s’est mis à s’interroger sur la destination de toute l’huile produite.

En janvier dernier, les unités du groupe Cevital, principal producteur de l’huile de table en Algérie, ont porté leur capacité à son maximum pour produire 1.7 million de litres/jour.

Les petits stocks constitués par les ménages ne pouvaient absorber de telles quantités sur une longue durée et l’exportation frauduleuse, à un moment évoquée, ne pouvait pas se faire à grande échelle au nez et à la barbe du dispositif de surveillance des frontières.

Seule la spéculation, pointée du doigt par les plus hautes autorités dès le début et pour toutes les pénuries, pouvait expliquer une telle situation paradoxale.

Des peines allant jusqu’à la perpétuité

Le président de la République et le gouvernement ont même évoqué un complot pour déstabiliser le pays en touchant à la disponibilité des produits de base.

Plusieurs produits ont en effet connu simultanément soit une hausse vertigineuse des prix soit une rareté, comme l’huile, le lait subventionné, la pomme de terre, les fruits et légumes, la sardine, le poulet, en plus de perturbations dans certains services publics comme l’eau et la poste. Et c’était avant les retombées de la guerre en Ukraine.

Concernant l’huile, la tension a touché uniquement celle de soja, subventionnée. Son prix est plafonné à 125 dinars le litre, 250 dinars la bouteille de 2 litres et 650 dinars le bidon de 5 litres. Les professionnels (restaurants ou producteurs utilisant l’huile comme ingrédients) sont exclus de la subvention en leur interdisant d’acquérir ces formats.

Il semblerait que les gros spéculateurs aient mis à profit la situation pour revendre aux professionnels et petits artisans des quantités destinées à la vente aux ménages, expliquent des connaisseurs du dossier.

Quoi qu’il en soit, les autorités ont décidé d’agir avec fermeté contre le phénomène et sont vite passées à l’acte. En décembre dernier, un projet de loi portant lutte contre la spéculation a été adopté.

Les peines prévues à l’encontre des spéculateurs sont d’une sévérité exemplaire. 20 ans de prison si la spéculation touche des produits de base (céréales, lait, huile, sucre, légumineuses), 30 ans de prison si elle survient dans une situation exceptionnelle (épidémie,  catastrophe) et enfin la perpétuité si le crime est commis par un groupe criminel organisé.

| Lire aussi : La loi anti-spéculation promulguée : les spéculateurs risquent gros

« Ma décision est prise et j’en ai informé le ministre de la Justice, Garde des sceaux : la prochaine réunion du Conseil des ministres verra la présentation d’une loi incriminant les spéculateurs qui encourront une peine de pas moins de 30 ans de prison, qui pourrait aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine capitale », avait mis en garde le président Tebboune dès le mois d’octobre au cours d’une rencontre avec la presse.

Depuis l’entrée en vigueur du nouveau texte, la justice l’a appliquée avec rigueur, prononçant plusieurs lourdes condamnations à l’encontre de spéculateurs pris en flagrant délit.

Une forte tension sur l’huile de table ou autre produit de base pourrait provoquer des émeutes et plonger le pays dans l’instabilité sociale. C’est sans doute pour ces raisons que le gouvernement a décidé d’agir avec fermeté.

Quelques mois après, une nette amélioration est constatée dans les prix et la disponibilité de plusieurs produits, comme la pomme de terre et l’huile. Pour l’huile de table, il est disponible dans les magasins.

D’autres facteurs y ont sûrement contribué, mais cette fermeté sans précédent y est sans doute aussi pour quelque chose. Reste à savoir si ce lourd dispositif sera maintenu et surtout efficace dans la durée dans un pays où la spéculation et l’informel gangrènent les activités commerciales et économiques.

  • Les derniers articles

close