Politique

« Il y a une aile au MSP qui veut réintégrer le Gouvernement »

Le MSP, à travers son initiative audacieuse, a pu, timidement peut-être, souffler dans les voiles de la vie politique algérienne. Croyait-il que son projet allait réellement réussir ?

Lazher Marok, professeur en sciences politiques : Pour une analyse optimale d’une initiative politique de quelque nature qu’elle soit, il faut prendre en considération trois volets : le timing, les visées et les mécanismes.

Pour le timing, il est, on ne peut mieux, adéquat, vu l’approche des élections présidentielles. Le MSP, à la veille de cet important rendez-vous, veut se forger la réputation d’une force de propositions à même de sortir – et ce sont là les visées avouées de l’initiative – le pays de l’immobilisme et de la « crise ».

Quant aux mécanismes, le parti de Makri a opté pour l’implication de l’Armée, ce qui pose un sérieux problème, et à l’opinion publique et à la classe politique. Déjà sans cela, il est difficile de réunir les partis autour d’un consensus. J’en veux pour preuve l’expérience du FFS, qui n’est pourtant pas un petit parti, en la matière. Je pense que le MSP a davantage le souci de reprendre sa place sur la scène politique surtout quand on sait que, partout dans le monde, les partis islamistes ont largement perdu de leur leadership.

Mais n’est-ce pas que c’est déjà une réussite pour un parti qui chercherait à se repositionner sur l’échiquier politique ?

Le MSP a jugé qu’il y a un vide qu’il faut combler ainsi qu’un flou dont il veut profiter. Je pense qu’il est conscient que les conditions sont loin d’être réunies pour que son initiative réussisse. Cependant, j’estime que le bruit qu’il a fait et qu’il continue de faire a eu les fruits escomptés.

N’est-ce pas aussi une façon de se revigorer pour une probable réintégration dans le gouvernement ?  

Il y a des indices qui montrent clairement que le MSP veut se repositionner. Son retrait du gouvernement en 2012 ne lui a – c’est du moins ce que certains pensent – rien rapporté. Le but qu’il avait d’élargir sa base à travers le retrait n’a pas été atteint. Il y a d’ailleurs une aile assez puissante qui veut réintégrer le Gouvernement.

Et Abderrazak Makri appartiendrait à cette aile ?

Ce n’est pas là le plus important. Je pense que si Makri refuse d’aller dans ce sens, il sera tout simplement évincé.

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