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Importations en Algérie : le cabas prend de l’ampleur

Importations en Algérie : le cabas prend de l’ampleur

L’informel gagne du terrain en Algérie. En raison des restrictions à l’importation de plusieurs produits, des commerçants ont recours au cabas pour ramener clandestinement des produits indisponibles sur le marché algérien.

Les produits importés de manière informelle par le biais de ce qu’on appelle le cabas sont venus combler les pénuries constatées sur le marché algérien depuis quelques années maintenant.

Des commerçants connus comme « trabendistes » se sont spécialisés dans l’importation par le cabas. Téléphones et ordinateurs portables, vêtements, médicaments, pièces de rechange automobile, et même les fruits, les produits qui manquent sur le marché algérien sont nombreux.

Le phénomène a pris une ampleur considérable ces dernières années. Chez Air Algérie, les trabendistes voyagent désormais en classe Affaires et Première. Ces derniers sont attirés par la franchise bagage avantageuse dans ces classes de voyage, indique Destinations Med.

Importations en Algérie : l’informel gagne du terrain

Les marchandises ramenées de différents pays du monde, notamment des Émirats, de Turquie, d’Espagne et de France, sont vendues dans les supérettes quand il s’agit de produits agro-alimentaires, mais aussi sur les réseaux sociaux où on trouve des téléphones portables, des cosmétiques, et même des médicaments.

Ces produits sont vendus sans facture et sans garantie de service après-vente. Certains comme les smartphones peuvent provenir de vols à l’étranger.

Ces produits ne sont pas uniquement ramenés de l’étranger par des commerçants passagers. « Le cabas, c’est aussi en conteneurs », fait remarquer Mustapha Zebdi, président de l’association de protection et d’orientation des consommateurs, l’Apoce.

« C’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Ce n’est plus le cabas, mais le conteneur. On a trouvé même des pommes importées qui se vendent à 1.800 dinars le kilogramme alors que c’est un produit interdit d’importation. On peut imaginer que ce n’est pas dans un cabas que ces pommes sont entrées en Algérie », explique Mustapha Zebdi.

Cette situation est la résultante des restrictions à l’importation de certains produits ou d’interdiction pour d’autres comme les smartphones, indique Mustapha Zebdi qui évoque un impact sur l’économie et sur les consommateurs algériens vu qu’il n’y a pas de traçabilité de ces produits.

« On ne peut pas condamner cette situation. Les gens sont dans le besoin et il y a un manque sur le marché. On ne peut pas en vouloir à quelqu’un qui a besoin d’une pièce détachée de la ramener de l’étranger de cette manière », ajoute le président de l’Apoce.

Mustapha Zebdi évoque une « réouverture à l’importation » et appelle à ce qu’elle « couvre les besoins du marché » pour qu’on puisse mettre fin au phénomène du cabas.

Le président de l’Apoce évoque aussi le recours à l’achat via les plateformes numériques depuis l’étranger face au manque de produits sur le marché algérien.

« Les autorités ont entamé une réouverture. C’est bien, mais il faut accélérer la démarche, notamment pour les produits dont le consommateur ne peut pas se priver. On ne parle pas de produits de luxe. Il faut rééquilibrer le marché. Il faut plus d’ouverture pour les produits, qu’ils soient alimentaires ou industriels qui n’existent pas sur le marché algérien où existent en quantités insuffisantes », poursuit-il.

Absence de statistiques et improvisation

Pour sa part, le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, Hazab Benchohra dénonce « l’absence de statistiques » et « l’improvisation » dans la prise de décision d’interdire l’importation qui a mené à la généralisation du phénomène du cabas, et le développement de l’informel.

« L’interdiction d’importation n’a pas été prise sur des bases solides ou sur des statistiques fiables. Il faut avoir les données exactes sur la production et la consommation locales pour prendre une telle décision. Or, chez nous, c’est de l’improvisation », regrette Hazab Benchohra.

Ce dernier a annoncé qu’il allait transmettre un rapport sur la prolifération du phénomène du cabas au ministre du Commerce qu’il devrait rencontrer durant la deuxième quinzaine du mois de juillet.

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