Économie

Importations : le paiement différé rejeté par des fournisseurs étrangers

Les difficultés se multiplient pour les producteurs algériens d’électroménagers. Durement touchés par le blocage des importations des kits SKD/CKD destinés à leurs usines, ils sont confrontés à un autre problème de taille : le refus des fournisseurs étrangers d’accepter le paiement différé.

Hier mardi, le Collectif des fabricants de produits électroniques et électroménagers a révélé que « la grande majorité » des fournisseurs étrangers refusent de « se conformer à ce nouveau mode de paiement ». En clair, ils veulent du paiement cash.

Pour ce collectif, la substitution du paiement cash des importations des kits SKD-CKD par un paiement différé de neuf mois, comporte différents risques notamment un « manque à gagner » au profit des banques étrangères.

Parmi ces risques le collectif a également cité dans son communiqué repris par l’agence officielle, la « cessation de la production début-décembre », ajoutant que « suite au refus de la grande majorité des fournisseurs de se conformer au nouveau mode de paiement (paiement différé sur 9 mois), la quasi-totalité des opérateurs n’ont pas pu lancer les commandes de matière première et de kits ».

De ce fait, un « nombre considérable » de fabricants algériens se trouve dans l’obligation d’arrêter la production même dans le cas où la note sera annulée d’ici début décembre, selon la même source.

« L’arrêt de production est inévitable et sursoir cette note peut seulement éviter cet arrêt sur le long terme », a-t-on soutenu.

Le collectif a, aussi, évoqué l’augmentation de la facture d’importation des produits électrodomestiques et téléphonie de 7 à 10%, en devises.

« Un nombre minime de fournisseurs a accepté le nouveau mode de paiement, mais ceci avec une hausse du prix variant de 7 à 10%. Cette augmentation doit couvrir les frais de leurs banques et assurances engendrés par ce type de paiement », a souligné la même source.

Le collectif met également en garde contre le risque de « perte ou de manque à gagner aux banques algériennes au profit des banques étrangères car à travers un différé de paiement de 9 mois l’opérateur algérien n’aura plus besoin du crédit d’exploitation auprès de sa banque algérienne ».

D’autres risques sont également éventuels comme la « mise au chômage de plus de 40. 000 employés qu’emploie l’activité de cette filière », a averti le collectif, ajoutant que « quelques opérateurs ont déjà procédé à un plan de compression de leurs effectifs ».

La même source a évoqué aussi le risque de « pénurie des produits concernés avec en conséquence une hausse des prix de ces derniers », de « perte en taux de change surtout que la durée est très longue (9 mois) », de « retour au régime d’importation en produit fini ».

« Si on arrive à cette situation, le risque d’augmentation de la facture du fret maritime peut facilement dépasser les 400 millions dollars, ceci est dû à la multiplication du nombre de conteneurs par quatre, voire plus (car en produit fini le conteneur ne peut supporter que 25% du volume en kit).

« Cette mesure est porteuse de conséquences très néfastes à la filière, laquelle est forte de plus de quarante fabricants et se caractérise par un enjeu économique et social prépondérant d’autant plus qu’elle a réussi à devenir, au fil des années, un pôle industriel par excellence qui a réussi à rétrécir à néant le champ des importations pour laisser place à un marché à prédominance locale et ouvrir de nouveaux horizons en export », a jugé le collectif.

Le Collectif des fabricants de produits électroniques et électroménagers, qui compte actuellement une quarantaine d’entreprises privées et publiques, est en phase de devenir une association « d’ici fin décembre », a-t-on appris auprès d’un de ses membres.

Fin septembre, le gouvernement a décidé de « substituer au paiement cash des importations actuellement en usage, le recours au différé de paiement de neuf mois, sans que celui-ci excède une année, s’agissant des opérations des produits électroménagers (les produits blancs et les produits gris) et de téléphone ».

Cette mesure est contenue dans une note transmise aux banques via l’Abef dans sa note datée du 30 septembre.

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