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Inondations en Algérie : une fréquence inquiétante

Inondations en Algérie : une fréquence inquiétante

Les inondations en Algérie surviennent à un rythme inhabituel. Elles sont de plus en plus fréquentes et n’épargnent quasiment aucune région du pays, même les zones sahariennes à très faible pluviométrie, comme ce fut le cas à Tamanrasset et In Guezzam en 2018, ou Illizi en 2019.

Les dernières en date ont frappé la région de Beni Slimane, dans la wilaya de Médéa, avec un bilan humain lourd : six morts. Des citoyens, dont des enfants, ont été emportés par les crues qui ont subitement débordé des lits d’oued.

Elles surviennent deux semaines après celles de Bejaïa, et deux mois seulement après les inondations meurtrières qui ont fait une dizaine de victimes à Chlef.

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Ce ne sont pas tant les inondations qui inquiètent, que leurs conséquences qui se font de plus en plus dramatiques. La moindre crue emporte des vies humaines.

Des automobilistes coincés dans leur véhicule sur le chemin du retour du travail, des passants surpris par les trombes au milieu de la route et parfois des riverains des rivières et cours d’eau qui sont emportés par les crues qui débordent.

Même lorsqu’il n’y a pas de pertes humaines, les dégâts matériels sont importants avec des habitations vétustes qui s’effondrent, des commerces inondés et des véhicules emportés par dizaines et définitivement endommagés.

Le phénomène est d’une telle fréquence qu’il appelle une réaction urgente et coordonnée des autorités à tous les niveaux de responsabilité. La prévention des inondations doit être érigée en priorité nationale, maintenant que les dégâts causés, tant humains que matériels, sont chaque année, importants.

L’Algérie a connu il y a vingt ans un grand drame avec les inondations de Bab El Oued, à Alger, en novembre 2001, qui avaient fait un millier de morts. Certes il était tombé en quelques heures l’équivalent de plusieurs mois de pluie, mais le facteur humain était pour beaucoup dans le nombre élevé de victimes.

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Les avaloirs bouchés étaient mis en cause et le drame devait servir de leçon pour un meilleur suivi du réseau routier et d’assainissement, notamment à l’approche de la saison des pluies.

Dire que rien n’a été fait est inexact, mais soutenir que le problème a été définitivement réglé, c’est nier l’évidence.

Si les inondations surviennent avec une telle fréquence et emportent parfois des vies humaines, c’est que beaucoup reste à faire en matière de sécurisation des zones habitées contre ce phénomène naturel, par des projets lourds, tels que la construction de digues ou de collecteurs, ou de simples opérations de routine, comme le curage des avaloirs.

Le changement climatique n’explique pas tout

Il faut d’abord souligner que l’Algérie n’est pas habituée à enregistrer des phénomènes météorologiques extrêmes. Mais les très fortes précipitations qui surviennent régulièrement ces dernières années s’y rapprochent.

On parle de l’équivalent de semaines ou de mois de pluies en une journée ou en quelques heures, de 20, 30 ou 40 millimètres de précipitation en autant de secondes.

Il est difficile de contenir de telles trombes et les avaloirs et autres réseaux dont disposent les villes et routes du pays, parfois surdimensionnés et mal entretenus, ne peuvent être suffisants.  Ce n’est pas pour autant qu’il est permis d’évoquer une fatalité devant un changement climatique aux conséquences inéluctables.

La responsabilité des autorités, centrales ou locales, ainsi que des citoyens est pleinement engagée. Dans pareille situation, un effort d’adaptation à la nouvelle donne est attendu. Or, il ne semble pas avoir été fait.

Les villes algériennes ont besoin de réseaux d’assainissement plus conséquents, d’un nouveau rythme pour le curage des avaloirs, de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de prévision et de prévention.

Si, vingt ans après le drame de Bab El Oued, des inondations meurtrières continuent à être enregistrées à une telle fréquence, c’est qu’il y a bien défaillance quelque part.

Les régions des Hauts-plateaux sont connues pour les pluies diluviennes qui s’abattent en un laps de temps très court.

Et les techniciens sont unanimes à dire qu’en cas de débordement d’un oued, à moins d’une crue exceptionnelle qui survient une fois chaque siècle, c’est souvent le manque d’entretien qui est en cause. La maintenance et l’entretien des ouvrages ne se fait plus d’une façon régulière, faute d’organisation et de moyens.

Pour ceux qui y verraient une retombée inévitable du changement climatique –qui est bien réel-, il faudrait rappeler que de nombreux pays du monde enregistrent des précipitations en rien comparables à celles de l’Algérie, sans que les dégâts tant humains que matériels ne soient proportionnels aux quantités de pluie tombée.

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