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Investissements et exportations : ce que promet Tebboune aux opérateurs économiques

Investissements et exportations : ce que promet Tebboune aux opérateurs économiques

Gagnez de l’argent, mais faites-le légalement. Tel est le message livré par le président Tebboune aux opérateurs économiques, conviés à une rencontre intitulée « Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle ».

Outre les patrons, les organisations syndicales ainsi que des économistes et des sociologues prennent également part à la rencontre qui s’est ouverte ce mardi 18 août au Centre international des conférences d’Alger et qui se poursuivra demain, mercredi.

Néanmoins, l’essentiel de son long discours (près d’une heure et demie), le chef de l’Etat l’a consacré aux chefs d’entreprises, précisément aux efforts qui devront être fournis pour encourager l’investissement productif et l’exportation et réduire sensiblement les importations, devenues selon lui synonyme de « surfacturation ».

« Je suis venu vous parler avec franchise. Il faut dire ce qui doit être dit. Si nous ne nous basons pas sur la sincérité, nous irons droit dans le mur, vers l’échec », dit-il à leur adresse.

Priorité aux investissements de moyenne taille

Abdelmadjid Tebboune commence par un objectif, une prévision : celle de porter les exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars fin 2021 et de réduire la part des hydrocarbures dans les recettes en devises à 80% à la même échéance. « La volonté politique existe, la vision économique est claire », dit-il. Il faut prendre un nouveau cap économique, rompre avec certaines pratiques du passé et adopter une « autre mentalité ». Au fil de son allocution, le président décline sa stratégie, pointant le doigt sur ce qui ne marche pas et préconisant des solutions.

La priorité sera donnée aux investissements de petite et de moyenne tailles, dit-il, citant les réussites de certaines PME-PMI qui exportent des pneus aux USA, des confiseries ou encore des cosmétiques vers l’Afrique et même vers des pays développés.

« Ces usines seront encouragées pour faire l’extension et améliorer la qualité de leurs produits. Il y aura des couloirs verts pour certains produits. Il faut que la confiance revienne. Soucieux d’encourager ce type d’exportations, l’Etat est prêt à céder aux exportateurs une part importante des devises qu’ils rapporteront », annonce Tebboune, tout en laissant la porte ouverte aux investissements « lourds », pour peu que leurs initiateurs contribuent d’une manière notable à leur financement. Pour les grands projets dans les secteurs des mines et de l’énergie, il sera fait appel à l’investissement étranger.

15 milliards de dollars de prêts

Autre annonce présidentielle : 1900 milliards dinars (environ 15 milliards de dollars) ont été dégagés pour financer les prêts aux investisseurs et 10 à 12 milliards de dollars pourraient être prélevés sur les réserves de change pour le même effet, si nécessaire.

« Une économie sous-développée » étant par définition « une économie désarticulée », le chef de l’Etat a aussi appelé à asseoir une économie intégrée, en donnant la priorité aux industries de transformation afin d’absorber notamment la production agricole et minière.

L’occasion pour lui d’annoncer que pour la première fois, la valeur de la production agricole, avec une prévision de 25 milliards de dollars, dépasse celle des exportations des hydrocarbures qui devraient se situer cette année à « 23 ou 24 milliards USD ».

Insistant sur la transformation, le président annonce solennellement que plus aucun litre de carburant ne sera importé à partir de 2021.

Il incite les opérateurs algériens à investir les marchés africains, tout en reconnaissant les insuffisances, comme le fait que l’Algérie ne dispose pas d’une seule banque en Afrique. « On a des guichets publics, mais pas de banques », dénonce-t-il.

Les exportateurs doivent être accompagnés par les banques, avoir un soutien logistique pour le transport et celui de la diplomatie. « Je ne vois pas d’inconvénients à ce que vous lanciez des compagnies aériennes ou maritimes (…) Notre diplomatie doit passer à une diplomatie économique », préconise-t-il. Ce sont, selon lui, des conditions minimales pour augmenter le volume des exportations.

S’attaquant aux excès de la politique des importations tous azimuts, le président assure que si certaines pratiques du passé n’avaient pas cessé, « nous n’aurions pas aujourd’hui 57 milliards de dollars de réserves de changes et nous serions en train de supplier les institutions financières internationales (…) Il ne resterait ni liberté d’expression ni liberté de parole, ni aucune liberté ».

Dépénalisation de l’acte de gestion et rejet des lettres anonymes

Il explique que l’importation devra être limitée aux produits que le tissu économique national n’arrive pas à mettre sur le marché en quantités suffisantes. Pour les exportations, il est question d’encourager les produits apportant une plus-value et ceux fabriqués à partir de matières premières algériennes. La pique à l’industrie de montage de véhicule est inévitable. « On ne peut pas gonfler les pneus et dire on va exporter. Tu vas exporter l’air que tu as mis dans les pneus, c’est tout ce que tu as. Il ne faut pas prendre les gens pour ce qu’ils ne sont pas », assène-t-il.

Le président insiste aussi sur la numérisation. « Dans beaucoup de domaines, on a évité la numérisation pour créer l’opacité. C’est une opacité voulue (…) Le peu que j’ai vu en 2017, Cosider, qui n’est pas un géant s’est classé cinquième en paiement d’impôts et celle qui prétend avoir 20 milliards de dollars est classée à la 54e position », dénonce-t-il.

Autre promesse faite aux opérateurs économiques, la dépénalisation de beaucoup de leurs actes, sauf la corruption ou le blanchiment.

« Vous êtes protégés, personne ne pourra vous criminaliser dès lors que vous avez de bonnes intentions. On va décriminaliser beaucoup de vos actes et de vos transactions, elles passeront au code du commerce », annonce le chef de l’Etat, les assurant aussi qu’il est sur le point d’instruire la justice et les services de sécurité pour ne pas tenir compte des lettres anonymes dont la destination sera le « broyeur ».

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