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Islamisme en Algérie : le témoignage d’Abdallah Djaballah sur l’ex-FIS

Abdallah Djaballah livre son témoignage sur une période sensible de l’histoire récente de l’Algérie qui est la création de l’ex-Front islamique du salut (FIS).

Islamisme en Algérie : le témoignage d’Abdallah Djaballah sur l’ex-FIS
Abdallah Djaballah / Facebook - الشيخ عبد الله جاب الله
Riyad Hamadi
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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Abdallah Djaballah, l’un des dirigeants du courant islamiste en Algérie depuis les années 1970, apporte son témoignage pour l’histoire sur une période clé du parcours de ce courant et de l’histoire récente du pays : l’ouverture démocratique post-octobre 1988 et la création du Front islamique du salut (FIS), aujourd’hui dissous.

Dans un podcast de la chaîne Web du quotidien El Khabar, Djaballah revendique presque ce parti qui a défrayé la chronique en Algérie au début des années 1990 par ses succès électoraux avant de sombrer dans le terrorisme.

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Présent sur le terrain du militantisme et de la prédication, notamment à l’université, depuis 1974, Abdallah Djaballah a mis en place l’organisation la plus efficace à l’époque du courant islamiste, inspirée du mouvement transnational des Frères musulmans.

Frères musulmans

« Notre organisation est la principale victime de l’ouverture politique », résume-t-il, soulignant que beaucoup de ses militants ont constitué la base du FIS et certains se sont fait tuer pendant le terrorisme.

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Depuis les années 1970, le mouvement islamiste en Algérie était constitué de plusieurs organisations clandestines de différentes obédiences. Le courant salafiste s’est mis à se structurer au début des années 1980, avec des personnages comme Ali Belhadj et Abassi Madani.

Bien que son parti était déjà structuré clandestinement, Djaballah assure qu’il ne voulait pas se précipiter en annonçant sa naissance après l’ouverture, préférant la création d’un parti islamiste unique, rassemblant toutes les obédiences.

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« Avant l’adoption de la Constitution de 1989, des personnalités m’ont informé que Abassi et Belhadj voulaient créer un parti. J’ai dit que l’idée était intéressante et j’ai demandé à temporiser, pour discuter d’abord. Mais ils ont annoncé publiquement le projet en citant mon nom parmi les initiateurs », révèle-t-il. « J’étais pour l’unité du courant islamique qui soit lié au mouvement des Frères musulmans », ajoute-t-il.

Abdallah Djaballah : « Pourquoi je n’ai pas rejoint le FIS…»

Selon Abdallah Djaballah, Ali Belhadj était d’accord avec l’idée d’un parti islamiste rassembleur. Mais au cours d’une réunion tenue en février 1989, quelques jours avant le référendum constitutionnel, les présents, y compris Belhadj et Abassi Madani, ont voté pour la proclamation dès le lendemain de la naissance du FIS.

Toutes les tentatives ultérieures de trouver les moyens pour une action commune échoueront. Djaballah explique qu’il a refusé de rejoindre le nouveau parti car il savait inéluctable un affrontement avec Abassi Madani avec lequel il a une vision antagonique des moyens d’action.

« J’étais avec Abassi Madani dans la même cellule. Il était contre l’idée de l’organisation pour la prédication, il voulait l’organisation pour l’affrontement avec le pouvoir », témoigne-t-il.

Comment le nouveau parti a-t-il pu devenir une grande force politique avant de sombrer dans la violence et de disparaitre en 1992 ?

Abdallah Djaballah avance plusieurs facteurs. D’abord, dit-il, le peuple était prédisposé pour l’opposition et voulait une alternative, à cause de la politique répressive et l’échec économique et social du parti unique.

Ensuite, le courant islamiste en Algérie était le plus fort dans tout le monde arabe. Aussi, le FIS a été avantagé par le fait qu’il soit le premier parti islamiste officiellement proclamé.

Abdallah Djaballah ne manque pas de souligner l’apport des militants de son mouvement, auxquels il a lui-même donné le mot d’ordre de se porter candidats sur les listes du parti de Abassi-Belhadj aux municipales de juin 1990.

Après avoir remporté ce scrutin, le FIS arrive aussi premier au premier tour des législatives de décembre 1991. Après l’arrêt du processus électoral, il a appelé à la violence, ce qui lui vaudra d’être dissous par la justice en mars 1992.

TSA +