John Bolton revient à la charge concernant les thèses marocaines sur le Sahara occidental et démolit la propagande de Rabat sur le Front Polisario, en apportant un témoignage clé. Dans une interview au média espagnol oralectura.com, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis fait aussi de nouvelles révélations sur les visées expansionnistes du Maroc sur le territoire algérien.
La théorie expansionniste du « Sahara oriental », en référence à de vastes zones du sud-ouest algérien, était défendue dans les années 1950 par une partie de la classe politique marocaine, dont le parti Istiqlal. Elle est aujourd’hui reprise par des responsables et des médias marocains. John Bolton révèle que l’idée du « grand Maroc » est partagée au plus haut niveau de l’Etat marocain, du moins par le roi Hassan II dans les années 1990.
L’ancien conseiller à la sécurité nationale US rapporte un fait qui ne laisse guère de place au doute. La scène remonte à l’année 1997. John Bolton était en visite au Maroc avec James Baker, ancien secrétaire d’État qui sera nommé la même année Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.
« Il y avait une carte dans les appartements du roi. Normalement, les portes étaient fermées, mais elles étaient ouvertes et montraient le Maroc tel qu’ils le voyaient, c’est-à-dire environ la moitié de l’Algérie, le Sahara occidental et une grande partie du nord de la Mauritanie », témoigne John Bolton.
Interrogé sur les tentatives marocaines de coller au front Polisario des accointances avec l’Iran, le Hezbollah et même Al Qaïda, John Bolton a réitéré les dénégations qu’il a exprimées fin mai dernier dans le Washington Times.
La moitié de l’Algérie sur une carte du Maroc dans le bureau de Hassan II
Deux membres du Congrès, M. Wilson du Parti républicain et M. Panetta du Parti démocrate, ont lancé une pétition pour inscrire le Polisario sur la liste des groupes terroristes. « Je ne pense pas que cette résolution aboutisse. Je ne pense pas qu’elle bénéficie d’un soutien important, même si ce n’est pas un sujet familier à beaucoup de gens », a tranché John Bolton.
Celui-ci assure qu’il est allé à Tindouf à de nombreuses reprises et qu’ il n’y a vu « aucun signe de marxisme, de djihadisme, d’Iran ou de quoi que ce soit d’autre ».
Bolton n’y est pas seulement allé à Tindouf mais il a parlé à de nombreuses personnes du Polisario, du gouvernement espagnol, qui connaissent la situation au Sahara occidental. Et sa conclusion est sans équivoque : « Il ne s’agit que de propagande des Marocains et de leurs partisans, rien ne le prouve. »
Front Polisario : le précieux témoignage John Bolton
Poursuivant son argumentaire, il souligne que des ONG américaines travaillent dans les camps autour de Tindouf pour apporter leur soutien et leur aide humanitaire et, s’il y avait quoi que ce soit, « on aurait entendu parler de quelque chose ». « On ne peut pas continuer une mascarade comme celle-là pendant une longue période sans que la vérité éclate. Je trouve ça scandaleux, mais vous savez, je pense qu’ils (les Marocains, ndlr) sont désespérés à ce point », dit-il.
Pour Bolton, les Marocains « craignent le résultat d’un référendum et, à moins que quelqu’un ne fasse quelque chose, ils ne permettront jamais d’élections véritablement libres et équitables ».
Dans leur stratégie, ils jouent sur la reconnaissance de leurs thèses par les grandes puissances après « le malheureux exemple de (Donald) Trump (président américain) ». « Ils se contentent d’attendre, assis là, en espérant que de plus en plus de gens » reconnaissent leur plan d’autonomie, affirme John Bolton qui estime que le président Donald Trump n’avait pas à faire cette concession pour le Maroc qui aurait de toute façon conclu un accord de normalisation avec Israël sans la reconnaissance par Washington de sa souveraineté sur le Sahara occidental.
