Économie

La Banque d’Algérie met en œuvre une planche à billets déguisée

L’Algérie met le cap sur la relance de son économie, plombée par un déficit budgétaire colossal, la baisse des prix du pétrole et la crise sanitaire liée au Covid-19.

Signe que la situation économique préoccupe au plus somme de l’État, les priorités fixées ce mercredi par le président de la République Abdelmadjid Tebboune à son premier ministre Aïmen Benabderrahmane.

Le chef de l’État lui a clairement fixé deux priorités, si ce n’est pas une seule : l’économie et le social. « L’avenir, c’est l’économie et le social, et c’est lié aux finances », lui a-t-il dit.

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Pendant que Aïmen Benabderrahmane prenait possession de ses bureaux du palais du gouvernement, un règlement de la Banque d’Algérie était publié au Journal officiel. Le texte définit un programme spécial de l’économie qui entre donc en vigueur le jour de la nomination du successeur de Djerad. C’est d’ailleurs Aïmen Benabderrahmane qui a préparé et conçu le texte pour résorber une partie du colossal déficit du budget de l’État qui atteindre 3.311 milliards de DA à fin 2021, selon la LFC 2021.

La Banque d’Algérie a lancé en effet ce mercredi 30 juin officiellement un programme spécial de refinancement de l’économie nationale d’une durée d’une année.

D’une durée d’une année, ce programme spécial de refinancement doit débuter ce jeudi 1er juillet. Il consiste en des opérations de cession temporaire d’apport de liquidités effectuées à l’initiative de la Banque d’Algérie, explique le règlement.

Planche à billets déguisée

« Le montant plafond alloué dans le cadre du programme spécial de refinancement est de 2.100 milliards de dinars », stipule le règlement de la Banque d’Algérie signé par son gouverneur, Rosthom Fadli, précisant que la mise en œuvre de ce programme est à la charge du Comité des opérations de politique monétaire de la Banque d’Algérie (COPM).

« Les effets que la Banque d’Algérie accepte en garantie au titre d’opérations spéciales de refinancement, sont les obligations émises par le Trésor public, dans le cadre du rachat des crédits syndiqués », indique le règlement, ajoutant que les opérations spéciales de refinancement ont une fréquence mensuelle et interviennent selon un calendrier préétabli.

« Ces opérations sont annoncées chaque premier mardi du mois calendaire, elles sont exécutées le jour ouvrable suivant », stipule le règlement, précisant que « les soumissions sont d’un montant minimum d’un milliard de dinar ».

« Les titres donnés en garantie à la Banque d’Algérie  doivent  couvrir  aussi  bien  le  montant  de financement demandé que les intérêts dus », précise par ailleurs le règlement de la Banque d’Algérie, signalant en outre qu’ « à la demande des banques contreparties, la Banque  d’Algérie peut accepter le remboursement par anticipation d’une partie ou de la totalité de l’encours des montants empruntés ».

En attendant de vraies solutions et des réformes

De quoi s’agit-il ? Selon nos sources, il s’agit de la mise en œuvre d’une planche à billets déguisée. Après avoir enterré définitivement l’article 45 bis sur la Loi sur la monnaie et le crédit, relatif à la planche à billets, le gouvernement a décidé d’emprunter un autre chemin.

Pour financer le déficit budgétaire, le Trésor public va racheter les crédits des banques auprès des entreprises publiques, ce qui permettra aux banques de se refinancer auprès de la Banque d’Algérie, et ensuite de racheter des bons du Trésor pour éponger le déficit public.

Ce tour de passe-passe va permettre aux banques de disposer de liquidités et au Trésor d’éponger temporairement une partie du déficit budgétaire, sans pour autant résoudre le problème structurel de l’endettement de l’État. Car en rachetant les dettes des entreprises publiques auprès des banques, l’État va s’endetter sur le long terme.

Les problèmes du déficit du trésor vont persister sans les réformes économiques nécessaires au redémarrage et à la modernisation de l’économie notamment le système des subventions (carburants, eau, électricité, les céréales, etc), les retraites, le financement de l’habitat, les banques et l’administration.

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